Cameroun, Amadou Ali: « On m’a tué et déclaré mort plus de trois fois »
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Cameroun, Amadou Ali: « On m’a tué et déclaré mort plus de trois fois » :: CAMEROON

Amadou Ali, ancien ministre délégué à la présidence chargé des relations avec les Assemblées, sorti du gouvernement le 4 janvier dernier est connu pour sa réserve. Pour une fois, il a tenu à faire des clarifications sur certains sujets d’actualité. C’était le 9 février dernier à Mora en marge du meeting de remerciement pour la nomination d’Ibrahim Talba Malla comme ministre délégué à la présidence chargé des marchés publics. Il s’est exprimé à cœur ouvert sur son état de santé, les réseaux sociaux, l’incendie de sa maison et la tuerie des membres de sa famille par Boko Haram à Kolofata, l’enlèvement et la libération de son épouse et du maire de Kolofata par Boko Haram, le rôle trouble joué par la presse camerounaise, sa prétendue nationalité nigériane, Maurice Kamto… Une interview vérité.

Qu’est-ce qui explique votre présence pour le moins exceptionnelle à ce meeting de remerciement ?

Avant de répondre à votre question, je vais vous faire deux suggestions, parce que c’est quelque chose qui me tient personnellement à cœur. La première, c’est sur le plan personnel. Je n’ai jamais compris pourquoi la presse camerounaise n’a jamais cherché à rétablir la vérité sur ce qui s’est passé à Kolofata et sur ce qui se passe à Kolofata. Donc, je vous fais deux suggestions. La première chose, on dit que mon père qui est mort le 21 avril 2010 et enterré le lendemain le 22 avril en présence du gouverneur de Borno State qui est mon voisin et qui est un petit frère, puisqu’il est Kanuri comme moi. Il était venu et il a assisté à ça. La presse camerounaise a affirmé que mon père qui est nigérian a été enterré au Nigeria à Guidi, au Nigeria et le gouverneur est venu l’emporter pour aller l’enterrer au Nigeria. Je crois que vous avez suivi ça. Vous êtes à Kolofata, il faut donc aller chercher à savoir où est Guidi. C’est le quartier Gadamayo de l’autre côté du mayo qui est le vrai Kolofata originel et où se trouve le cimetière familial où toute ma famille, mon arrière-grand-père, mon grand-père, mon père et mes frères qui viennent d’être tués sont enterrés. C’est à coté, donc on peut vous conduire si vous le voulez pour que vous voyez le cimetière et où est Guidi. Guidi en Kanuri veut dire l’Est, donc c’est le quartier Est de Kolofata. Je voudrais que voyez et que vous le confirmez en tant que presse. C’est la première chose.
Lorsqu’il y a eu attaque de Kolofata, vous savez ce que votre presse a sorti comme insanité. La presse a déclaré que j’ai fait faire moi-même l’affaire, que je suis le chef et que j’ai fait cacher ma femme dans ma luxueuse villa de Maiduguri. Vous l’avez entendu ! Ma femme est originaire du Littoral. Je l’ai épousé il y a quand même 42 ans. Elle a subi le sort qui devait être le mien. On l’a libéré comme vous le savez grâce aux interventions du chef de l’Etat. Ma maison, elle est là. Vous n’avez même pas eu la curiosité de savoir ce qui s’est passé là-bas ? Je n’ai pas encore reconstruit, les débris sont là. C’est là que mon frère, mon beau-frère, un de mes employés et un compagnon de mon frère ont été tués et ont été brulés vif. Vous n’avez pas quand même eu la curiosité de savoir. Vous êtes venus à Kolofata et vous ne pouvez pas demander qu’est-ce qui s’est passé ? Donc, je voulais donc vous suggérer de vérifier ça par vous-mêmes en toute liberté.

Alors, c’était une importante parenthèse, pouvons-nous revenir à la question posée plus haut ?

Pour la question que vous me posiez, c’est simple. Je suis de Kolofata, le lamido-maire est aussi de Kolofata, c’est nous qu’on est venu chercher, c’est nous qui avons été victimes. Nous avons été libérés, nous avons dit à nos populations que ça ne regarde ni le régime ni le président qui s’est battu pour nous libérer. Nos populations, quoi qu’on dise, nous suivent, nous écoutent. Nous sommes venus voter ici. Le Dr Seini qui est le maire de la ville est venu voter ici, moi je suis venu voter ici. Mon épouse est inscrite sur la liste de Kolofata depuis 1992, elle a voté ici. Tous ceux qui avaient fui pour aller ailleurs, dès qu’ils ont appris que nous sommes là, sont venus et ont voté aussi. Donc la fidélité que nous avons est une fidélité qui est structurelle, ce n’est pas une affaire de conjoncture ni d’autre chose. Nous sommes fidèles au président Biya depuis qu’il est venu au pouvoir. Nous avons dit que nous l’accompagnons et le faisons, quel que soit le cas.

L’actualité est cristallisée sur l’arrestation de Maurice Kamto qui a été votre collaborateur au gouvernement, quel commentaire cela suscite-t-il de votre part ?

Et dans ce qui s’est passé et qui se passe actuellement au Cameroun, s’il y a quelque chose qui me choque profondément parce que je connais la personne qui fait que ça me choque, le Pr Kamto avec qui j’ai travaillé depuis plus de 10 ans. Il prétend que le Grand Nord a voté pour lui, il a fait venir les oiseaux ? C’est une insulte vis-à-vis de nous, ce n’est pas vis-à-vis du président Biya. C’est nous qu’il insulte. Et c’est moi particulièrement, qu’il connait, que j’ai apprécié et qui m’a apprécié aussi. Qu’il aille dire des choses comme ça pour des raisons politiques ! En tout cas, il parait que la politique mène à tout même jusqu’en enfer, parait-il. Donc, il peut donc comprendre pourquoi nous votons et nous allons continuer à voter pour le Rdpc parce que nous l’avons choisi. C’est notre parti, c’est d’abord le parti du Grand Nord et dans ce Grand Nord, c’est le parti de l’Extrême-Nord. L’Extrême-Nord a un électorat supérieur à un million d’électeurs. Si nous le voulons et si vraiment nous nous battons, nous pouvons avoir jusqu’à un million et demi d’électeurs parce que nous sommes 4 millions officiellement et nous savons que nous sommes probablement autour de 5 millions d’habitants. Nous allons continuer à voter, à être fidèle et nous aurons toujours cette fidélité. Pour ce qui est du Mayo-Sava, dans l’Extrême-Nord et dans le Grand Nord, le Mayo-Sava a une particularité. C’est le seul, l’unique département où depuis l’avènement du renouveau et de la démocratie, aucun parti d’opposition n’a pu avoir un seul siège électif, aucun, ni aux municipales ni aux législatives ni aux sénatoriales. Et nous sommes toujours parmi les trois ou quatre départements en tête de l’électorat du pays à voter en faveur du Rdpc. Cherchez et vous comprendrez pourquoi.

Quelle stratégie comptez-vous mettre en place pour accroitre le nombre d’électeurs ?

Il n’y a même pas de stratégie. Tous ceux qui remplissent les conditions, nous les invitons à s’inscrire sur les listes électorales. Et le seul problème que nous avons ici à vrai dire, compte tenu du niveau de scolarisation, c’est que l’obtention d’un acte de naissance ou d’une carte nationale d’identité est difficile. Parce qu’il faut, malheureusement pour des gens pauvres comme chez nous, une carte nationale d’identité coute 5 à 6 000 francs Cfa. Un acte de naissance, si on n’est pas inscrit dans les conditions prévues par la loi, cela veut dire dans les 45 jours ou dans les trois mois, il faut faire maintenant une procédure judiciaire qui consiste à faire un jugement supplétif d’acte de naissance. Ça freine mais nous allons encourager nos populations, ceux qui se sont découragés pour l’instant à faire cette bataille. Nous allons les encourager et nous allons les accompagner pour qu’ils puissent avoir leurs pièces et avoir la possibilité de s’inscrire. La matière première est là et pour vous dire un petit mot, nous n’avons pas besoin de chercher des électeurs du Nigeria pour venir voter ici. Parce que les gens le disent, on n’a pas besoin. Nous sommes nombreux ici.

Une certaine rumeur épiloguait sur votre état de santé préoccupant, comment vous sentez-vous actuellement ?

Il est vrai qu’à un certain moment, je ne me sentais pas bien. J’étais souffrant. Mon rythme cardiaque n’était pas bon mais maintenant ça va beaucoup mieux. Le Président de la république m’a demandé de me reposer un tout petit peu. Avant j’étais à 25 pulsations, c’était lent. Maintenant je suis légèrement au-dessus de 40 pulsations. Mais comme d’habitude on m’a tué et déclaré mort plus de trois fois. Mais je suis encore là bien vivant. Le chef de l’Etat m’a affecté un médecin permanent et ma femme est également médecin. Je crois que deux médecins sont largement suffisants pour bien se porter.

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