Un haut cadre du PAD condamné à la perpétuité
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Le Tribunal criminel spécial a reconnu trois anciens employés du Port autonome de Douala pour avoir constitué un réseau qui leur a permis de soutirer 189 millions de francs de recettes.

La messe est dite pour trois anciens cadres du Port autonome de Douala (PAD). Le Tribunal criminel spécial (TCS) a condamné Joseph Mekongo, ancien caissier secondaire, M. Ava Ze, ex agent de saisie et Michel Tedom, informaticien, aux peines respectives de 12, 10 ans d’emprisonnement et la perpétuité. Ils sont déclarés coupables pour avoir mis sur pied un stratagème qui leur permettait de siphonner les recettes du PAD à travers la suppression des factures qui avaient fait l’objet d’un paiement entre janvier et novembre 2016. La manoeuvre a permis aux trois hommes d’engloutir un montant évalué à 189 million de francs. Camer.be. Ils sont condamnés à restituer solidairement l’argent distrait au trésor public. Ils doivent en outre verser au PAD la somme de 30 millions de francs au titre de la réparation des préjudices matériel et moral. Le paiement des frais de justice (dépens) d’un montant de 11,5 millions de francs est aussi mis à leur charge.

Cette sentence est tombée le 14 février dernier. Pour asseoir la culpabilité des mis en cause, le tribunal s’est fortement appuyé sur les résolutions du conseil de discipline du PAD où les trois hommes avaient été traduits après la découverte de leur forfait, et sur le rapport d’audit réalisé par le cabinet Afrodit effectué sur le système d’exploitation et informatique de l’entreprise publique. C’est cet audit informatique qui avait déshabillé la fraude décriée. Selon le tribunal, les listings du système informatique font ressortir toutes les données se rapportant à la facturation des marchandises du PAD, pendant la période querellée.

Le jugement indique que les trois hommes s’étaient repartis les tâches pour la réussite de leur forfait. De fait, c’est M. Ava Ze, agent de saisie, qui repérait les factures, M. Mekongo, caissier secondaire, se chargeait de mettre l’argent de côté après avoir encaissé le montant de la facture versé par un client. M. Tedom était quant à lui chargé de supprimer la facture dans le système informatique. M. Ava Ze faisait pareil en supprimant les factures doubles dans les archives physiques des paiements détournés qu’il conservait dans son bureau. «Le forfait se passait trois à quatre fois par mois».

Extrême naïveté

Traduits devant le conseil de discipline après la découverte de la supercherie, M. Ava Ze est passé aux aveux complets disant n’avoirt perçu qu’un somme environ 5 millions de francs. Pour sa part, M. Mekongo a reconnu n’avoir perçu qu’un butin qu’il a chiffré à 30 millions de francs. M. Tedom avait pris la poudre d’escampette. L'info claire et nette. En réponse à une lettre d’explication que lui a adressée sa hiérarchie, il a présenté ses excuses et imploré l’indulgence de son patron disant qu’il était incapable de dire ce qui l’a pris à commettre le forfait après 35 ans de service au PAD. Il a conclu sa missive en disant qu’il s’agit pour lui d’une «extrême naïveté» en tant qu’informaticien. En vidant son délibéré, le tribunal a estimé que les différents documents accablants constituent «un ensemble de données objectives qui ont permis de mettre en exergue le mécanisme de la fraude qui a permis aux accusés» de commettre le détournement décrié.

Avant de se prononcer sur la culpabilité ou non des mis en cause, le tribunal avait commencé par donner sa position sur trois exceptions de nullité de la procédure formulée par les avocats des accusés pendant leurs plaidoiries finales pour empêcher l’examen au fond du dossier de la procédure. La défense avait en effet estimé, qu’un audit informatique dont s’est essentiellement servi l’accusation, n’est en rien un audit comptable, ni financier. Et devrait par conséquent être écarté. Et de signaler que le PAD a instruit des enquêtes complémentaires liées à l’affaire examinée. Le tribunal a opposé que «les récriminations contre l’audit d’Afrodit sont dénuées de tout fondement», car, a relevé le tribunal, le PAD a un service d’audit interne qui peut requérir toute personne compétente pour l’aider dans son travail.

La défense avait également mis en doute les PV du conseil de discipline prétendant que les signatures des accusés apposés sur les documents avaient été imitées. Le tribunal a balayé cet argument d’un revers de la main en disant que les accusés n’ont pas rapporter la preuve de leurs allégations pendant le jugement. Et les a condamnés aux peines d’emprisonnement qu’on connait.

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