COOPÉRATION : Ces hôpitaux que l’OMS aurait dû visiter
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Lors de la visite de la directrice régionale Afrique de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les autorités camerounaises ont esquivé les grandes formations sanitaires de Yaoundé et Douala où règnent la corruption, l'insalubrité et le peu de cas fait aux patients.

Dans le cadre de la visite de travail qu’elle a effectué au Cameroun du 20 au 23 février 2019, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Dr. Matshidiso Rebecca Moeti, a été reçue en audience par le ministre de la Santé publique en présence du secrétaire d’Etat à la Santé publique. Elle a ensuite effectué une visite à l’hôpital de district de Biyem Assi et une autre à la Fondation Chantal Biya de Yaoundé. A la fin de son séjour, elle a publiquement affirmé être « satisfaite du plateau technique des formations sanitaires au Cameroun… », ajoutant même : « Je salue les efforts et la politique de santé mise en place par le président Paul Biya ».

Si c’est bien l’impression que le Dr Matshidiso Rebecca Moeti a eu à la fin de sa visite au Cameroun, force est de constater qu’elle n’a rien vu de la réelle situation des hôpitaux camerounais, notamment ceux de la ville de Yaoundé. Le scénario a été bien rédigé, pour une visite sans faille. Les hôpitaux ont été bien choisis. Et le personnel aussi. Le portail de la diaspora camerounaise de Belgique. La directrice de l’OMS a vu des malades qui ont été bien accueillis, qui n’ont aucun problème pour payer leurs factures, des infirmiers qui se gardent de revendiquer leurs droits, etc. ils pourraient même avoir tous été briefés sur la conduite à tenir face au ministre et à son hôte de marque. Pour sauver les apparences et pour qu’à la fin de la visite, il y ait cette fameuse déclaration de satisfaction. Elle aurait pu aller au Centre hospitalier universitaire (CHU), ou le personnel soignant revendique plusieurs avantages légitimes et non perçus. Depuis près de dix ans, le climat social est perturbé dans nos formations sanitaires à cause des grèves.

Parce que les hôpitaux camerounais souffrent d’une mauvaise politique de prise en charge des malades et de motivation du personnel soignant. Que ce soit en 2012, 2013 et 2014, en 2016 ou en 2018, le climat social a été perturbé dans les formations sanitaires de Douala et Yaoundé par des mouvement de grève du personnel médico-sanitaire. Les revendications restent la plupart du temps inchangées : la prise en charge gratuite en cas de maladie du personnel de santé et leur famille nucléaire, le reclassement professionnel, la distribution discriminatoire des primes et quote-part. Le personnel médico sanitaire exige aussi l’application du décret présidentiel portant revalorisation du salaire des agents publics à 5%.

ENTRE AUTRES

Le ministre de la Santé publique aurait dû inviter les syndicalistes sur la table au cours de son échange avec la directrice de l’OMS pour l’Afrique. Au fil des ans, les discussions entre le ministère de la Santé publique, le ministère du Travail et de la Sécurité sociale et aussi le ministère de la fonction publique aboutissent à des levées préavis de grèves. Une sorte de situation permanente d’« entre deux guerres ». Même si le personnel au final se sent un peu comme « roulé » à chaque fois. Dr Matshidiso Rebecca Moeti pouvait également aller à l’hôpital central de Yaoundé où les femmes qui viennent d’accoucher sont parfois séquestrées avec leurs nourrissons, incapables de payer leurs factures. Elle pouvait aller à l’hôpital gynéco-obstétrique de Ngousso, où il faut déposer une caution avant d’être pris en charge, où les gardes malades dorment dans les couloirs sous le froid. Dans ces hôpitaux, la nuit, il faut se battre avec des moustiques et des rats. Et parfois les toilettes sont bouchées et hors d’usage. Sans compter les coupures d’eau et parfois le délestage.

Le pays croule sou le poids de l’absence de sécurité sociale et de la pauvreté, beaucoup de Camerounais ont régulièrement recours à la médecine indigène et aux plantes, nettement moins chère que la médecine occidentale. Souvent, le malade arrive lorsqu’il est trop tard, et l’hôpital refuse de soigner le patient s’il ne s’acquitte pas au préalable d’une somme conséquente. Le secteur de la santé souffre de la corruption, de la bureaucratie et de l’accaparement des ressources par le personnel. Les salaires sont jugés insuffisants et la plupart du temps, l’administration se fait avec une stabilité en dents de scie et les conditions de travail difficiles accentuent. Personne ne lui suggéré de faire un tour dans les localités, où les médecins sont abandonnés par leur administration ou ralentis par la lenteur administrative. Dans les villages où les médecins sont considérés comme des messies parce qu’ils utilisent leurs fonds personnels pour équiper les hôpitaux publics.

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