DECONSTRUCTION : Le Minfi conspué dans l’affaire Jean William Sollo
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La défense estime que le ministère des Finances ne peut réclamer réparation dans une affaire où il n’a subi «aucun dommage», notamment le supposé détournement imputé à l’ancien directeur général de la Cameroon Water Utilities Corporation.

Jean William Sollo plaide non coupable de la complicité du détournement présumé de la somme de 156 millions de francs. C’est l’un des montants qu’on lui impute au Tribunal criminel spécial (TCS). Le ministère public, qui porte l’accusation, soutient qu’il a contribué à la réalisation dudit forfait à l’époque où il occupait encore la fonction de directeur général (DG) à la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater). L’affaire se rapporte à un paiement effectué à la Camwater au profit de l’entreprise LMS, pour un marché de fournitures de biens jugé fictif. L’ancien DG de la Camwater n’est pas seul sur le banc des accusés. Ses compagnons d’infortune, Dieudonné Mah, l’ex directeur des affaires financières de la Camwater, et Eugène Essomba, promoteur de l’entreprise LMS ont, eux aussi, plaidé non coupables.

C’était le 22 novembre dernier. Audience au cours de laquelle le tribunal a procédé à l’identification formelle des accusés, puis leur a présenté les charges qui les accablent devant le TCS. L’audience reprend le 8 janvier 2019 pour l’ouverture des débats avec l’audition de l’unique témoin de l’accusation. Quand l’audience démarre, la collaboratrice de Me Ehongo Justin va présenter au tribunal une lettre de constitution signalant que son parrain est constitué par l’État du Cameroun pour défendre les intérêts du ministère des Finances (Minfi) dans la procédure. Ce dernier partagera désormais le banc de la partie civile avec trois autres célèbres cabinets d’avocats constitués par la Camwater, pour la défense des intérêts de l’entreprise publique.

L’annonce a suffi à occasionner une mini querelle entre la défense et l’accusation. En effet, Me Essomba Tsoungui, l’un des avocats de M. Sollo, va émettre «des réserves» quant à la constitution du ministère des Finances dans la procédure comme partie civile. Il souligne que la Camwater est une entreprise publique jouissant d’une autonomie financière et de représentation judiciaire, entre autres. Et d’ajouter que le supposé forfait au centre du procès public intenté à son client s’est «prétendument» réalisé à la Camwater qui, de ce fait, pourrait avoir subi un préjudice. «À quel titre intervient le Minfi dans cette affaire ?», s’est-il interrogé.

En réaction, le ministère public va lui opposer que «l’État du Cameroun, dans ses multiples démembrements, est propriétaire de tout ce qui est sa propriété ». Et les fonds au centre de l’affaire sont «des deniers publics que tout démembrement de l’État peut défendre et revendiquer». La collaboratrice de Me Ehongo va lui emboîter le pas en soutenant à son tour que la constitution de sa cliente, le Minfi, comme partie civile dans l’affaire résulte simplement du fait que «le capital de la Camwater est entièrement détenu par l’État du Cameroun».

Le tribunal a coupé court en disant qu’à cette phase de la procédure, il est prématuré de se prononcer sur la véritable présumée victime de l’affaire. Toutefois, il y a lieu de s’interroger sur le choix de «l’État» de constituer quatre «grands» cabinets d’avocats pour une affaire de 156 millions de francs. L'info claire et nette. La liste n’est peut-être pas close. Sauf si certains dossiers de «l’Opération épervier» ne sont qu’un prétexte pour transformer l’État en une vache à traire visant à engraisser quelques copains. Notons que Jean William Sollo est détenu à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui depuis le mois de mars 2018.

Outre l’affaire évoquée plus haut, il passe en jugement pour une autre affaire de détournement présumé de la somme 125 millions de francs réalisée à la Camwater à travers le paiement d’une prestation de service déclarée non-livrée. À en croire certaines indiscrétions, le dossier qui le concerne avec Basile Atangana Kouna, son prédécesseur à la Camwater, est en instruction judiciaire au TCS.

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