REPRESSION : Un gendarme écope de 30 mois de prison pour torture mortelle
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La victime du militaire était un conducteur de moto, qui avait été supplicié dans une cellule du Secrétariat d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie. Le tribunal militaire accorde de très larges circonstances atténuantes au tortionnaire. Le ministère de la Défense est condamné à verser 10 millions de francs de dommages et intérêts à la famille du défunt.

Malgré les larmes qu’il a laissé couler après le prononcé du verdict, Lazare Leroy Dang Mbah s’en sort plutôt bien devant le Tribunal militaire de Yaoundé (TMY). Maréchal de logis chef, il a écopé d’un emprisonnement de 30 mois. C’était le 20 septembre 2018. La juridiction l’a reconnu coupable des faits de coups mortels et de violation de consignes mis à sa charge par le ministère public pour avoir causé la mort de Moussa Moupain, un conducteur de moto âgé d’une trentaine d’années. Le drame est survenu à la suite d’actes de torture perpétrés sur le défunt dans les cellules du secrétariat d’État à la Défense (SED) en charge de la gendarmerie, où travaillait le mis en cause au moment des faits en mars 2016.

L’homme en tenue, qui encourait jusqu’à 20 ans d’emprisonnement, a bénéficié de très larges circonstances atténuantes de la part du tribunal pour sa qualité de «délinquant primaire». Il avait, en fait, plaidé coupable de toutes les infractions dès l’entame de son procès public, mais aussi à toutes les étapes de la procédure. En réparation du préjudice causé, le tribunal a déclaré le ministère de la Défense (Mindef) civilement responsable. Ce qui signifie que c’est l’État du Cameroun, à travers le Mindef, qui est pécuniairement condamné à verser à la famille du défunt, au titre des dommages-intérêts, la modique somme de 10 millions de francs décidée dans le jugement.

Mouiller au robinet

Après le verdict, on pouvait apercevoir M. Dang Mbah dans la cour de la juridiction, passant des appels, sans doute pour informer ses proches de sa sortie de prison imminente. En effet, écroué officiellement depuis le 1er juin 2016 à la prison militaire de Yaoundé, il devrait recouvrer sa liberté le 1er décembre 2018. À cette date, il aura purgé la totalité de sa peine de prison. L’affaire, qui a connu son dénouement devant le TMY, remonte à la nuit du 24 au 25 mars 2016. Selon l’acte d’accusation, dont Kalara s’est procuré copie, M. Dang Mbah, qui était à l’époque des faits en service au SED, prétend avoir trouvé trois individus dans des «positions suspectes» au quartier Obili, à Yaoundé. L'information claire et nette. Il n’a pu interpeller que le défunt et Valery Temfack, qu’il a alors conduits au SED. Entendu comme témoin pendant l’enquête judiciaire, un collègue du condamné au moment des faits a décrit dans quelles circonstances le drame monstrueux est arrivé. Selon le témoin, après avoir conduit le défunt et M. Temfack dans les cellules du SED, M. Dang Mbah n’a ouvert aucune enquête comme l’exige la loi. Au contraire. Pendant des heures, les deux jeunes hommes interpellés seront «molestés», puis «copieusement bastonnés».

«Il a placé ses victimes sous un robinet pour les mouiller en les rouant de coups», indique le témoin. Le bilan de la torture est sans appel. Finalement conduit en urgence à l’Hôpital central de Yaoundé, M. Moussa Moupain a succombé à ses blessures «suite aux coups qui lui ont été administrés par le mis en cause». Le rapport de l’autopsie médico-légale pratiquée sur les restes mortels par un médecin légiste conclu que «le décès a été causé par l’œdème aigu du poumon sur l’hémorragie intracrânienne survenue au cours de sévices corporels». M. Temfack s’est, de son côté, tiré avec «d’énormes blessures ». À toutes les phases des poursuites judiciaires engagées à son encontre, Lazare Dang Mbah a plaidé coupable en reconnaissant «avoir exercé les violences à l’encontre des victimes».

Selon les informations glanées par Kalara, le SED avait octroyé la somme de deux millions de francs aux parents de feu Moussa Moupain pour l’organisation des obsèques de leur fils mort des suites de torture dans ses services. Le geste du SED en faveur de la famille éplorée augurait déjà des représailles qui n’allaient pas tarder avec l’ouverture des poursuites disciplinaire et judiciaire à l’encontre de son élément à l’origine du drame.

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