Cameroun: Thierry Amougou "Cette présidentielle est  l’incarnation d’une politique de l’Autruche"
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Cameroun: Thierry Amougou "Cette présidentielle est l’incarnation d’une politique de l’Autruche" :: CAMEROON

Macro-économiste, spécialiste en développement, observateur de la scène sociopolitique camerounaise et internationale, Thierry Amougou est enseignant-chercheur à l'Université Catholique de Louvain la Neuve en Belgique. Dans cette interview accordée à la rédaction de camer.be, il donne son avis sur la présidentielle du 7 octobre prochain au Cameroun, le pouvoir en place et l'opposition camerounaise.

Monsieur Thierry Amougou, que pensez-vous de l’élection présidentielle au Cameroun ?

Merci de votre question et de l’occasion que vous m’offrez de partager mes opinions avec vos lecteurs. Je dirai d’entrée que l’élection présidentielle au Cameroun est une fake news au sens de contrefaçon d’une chose. Pour quelles raisons est-ce une fake news ? Parce qu’elle se fait à un seul tour, parce qu’Elecam, contrôlé par le pouvoir en place, l’organise mais n’en proclame pas les résultats, et parce qu’elle est considérée comme un fétiche par ses organisateurs qui pensent que la présidentielle a des vertus magiques capables de résoudre les problèmes de fond qui lézardent en ce moment la nation camerounaise et l’unité nationale. Si l’élection présidentielle au Cameroun reste sous cette forme elle sera toujours, même après Biya, moins un moment d’animation politique et de respiration de la vie politique du pays qu’un mécanisme de reconduite du régime en place. Elle se transforme ainsi en un simple rouage de renouvellement dans le temps de la machinerie dictatoriale en place depuis 1960. C’est un moment d’auto-qualification du régime sous couvert de l’onction populaire et démocratique dont le vote devrait être le véhicule.

En outre, cette élection présidentielle est d’autant plus une fake news au sens de contrefaçon qu’en guerre civile, notre pays et ceux qui le dirigent auraient dû consacrer tous leurs efforts à retrouver l’unité nationale car une élection ne peut avoir du sens et servir à quelque que chose que si ceux qui votent sont en accord sur un socle minimum. En organisant un scrutin présidentiel dans ces conditions, le conflit avant l’élection restera intact après une présidentielle qui, ayant eu lieu sans le Cameroun anglophone, va renforcer la critique suivant laquelle les Francophones décident en lieu et place des Anglophones. Cette présidentielle est donc l’incarnation d’une politique de l’Autruche car elle tait la guerre civile réelle qui sévit dans notre pays, mais exalte un évènement de surface. Le Cameroun dominant politiquement s’attache donc à un évènement de surface et détourne ses yeux du Cameroun réel, c’est-à-dire de ses structures profondes qui se disloquent et vacillent. À travers cette présidentielle, le Cameroun donne l’image de quelqu’un qui continue à mettre de la peinture sur les murs de sa maison alors que ses fondations s’écroulent.

« L’élection présidentielle camerounaise est une fake news au sens de contrefaçon et l’opposition camerounaise la plus bête du monde lorsqu’il faut jouer collectif »

Que pouvez-vous dire de l’opposition camerounaise au moment où la présidentielle approche à grands pas ?

L’opposition Camerounaise ? J’en pense plein de choses. De prime abord, je pense, alors qu’elle doit incarner l’espoir politique du Cameroun, qu’elle peut en être un danger supplémentaire pour plusieurs raisons.

En premier lieu, c’est une opposition qui, dans l’imaginaire populaire, se construit comme le paradis futur dans un conception duale du Cameroun faisant du régime actuel l’enfer passé et actuel. C’est une image qui correspond à la figure de style Axe du Mal/axe du Bien, l’opposition camerounaise étant l’axe du Bien et le régime en place l’axe du Mal. La preuve en est que lorsque le G20, groupe de partis d’opposition se rallie au RDPC, il est cloué au pilori par toute l’opposition car on estime que Maître Momo a rejoint l’enfer (le pouvoir en place) qui lutte contre le paradis (l’opposition). Mais, quand Célestin Djamen, transfuge du SDF, intègre le MRC, cela ne fait pas couler beaucoup d’encre car il est allé d’un lieu du Paradis (SDF) à un autre (MRC). Cet exemple montre, alors que Maitre Momo et Célestin Djamen font, politiquement parlant, exactement la même chose, que l’opposition camerounaise s’autoattribue, sans aucune preuve concrète, des qualités de bon côté de la vie politique camerounaise. Attitude très dangereuse parce que potentiellement capable d’installer les Camerounais et les Camerounaises dans une illusion, celle d’un Cameroun où il n’y aura plus d’inondations, de chômage, de détournements, d’accidents de circulation, de tribalisme, de crise économique, et encore moins le moindre problème une fois l’opposition au pouvoir. Cela est irréaliste car si le pays est aussi détruit telle que cette opposition le dit, alors le paradis ne peut apparaître dès qu’elle arrive au pouvoir. Même deux mandats successifs ne suffiront pas à remettre le pays sur de bons rails. L’opposition camerounaise a tout à prouver car dire que Biya a échoué et qu’on est contre lui et son régime n’est pas une preuve de compétence dans la direction d’un pays aussi complexe que le Cameroun. Le dire est la chose la plus facile et la plus banale après un règne aussi long et au crépuscule de sa splendeur.

En deuxième lieu, c’est une opposition qui me surprend par son avis à géométrie variable par rapport à la loi électorale. L’opposition camerounaise est unanime et d’accord avec le travail en amont d’Elecam lorsque cette structure étudie les dossiers de candidatures, qualifie et disqualifie des candidats. Mais elle n’est jamais d’accord avec résultats de la présidentielle proclamée par la Cour suprême. Alors d’une chose l’une, soit on est en désaccord avec la loi électorale et toute la loi électorale, soit on l’accepte mais aussi entièrement. On ne peut accepter qu’Elecam nous qualifie comme opposant et refuser la suite des évènements. C’est un positionnement schizophrénique.

En troisième lieu, c’est une opposition impure parce que frelatée à plusieurs niveaux. C’est par exemple le cas de plusieurs partis et leaders de l’opposition qui font partie de la majorité présidentielle depuis plusieurs années. Cette structure frelatée est aussi mise en lumière par le cas d’autres leaders qui ont travaillé pendant très longtemps avec le régime en place sans en aucun moment le critiquer sur des décisions qui, aujourd’hui plombent, l’opposition comme cette Constitution de 2008 qui consacre la possibilité d’un Président à vie. Même si son caractère frelaté politiquement n’est pas une curiosité ou une exception camerounaise, il faut noter que comme toute opposition, l’opposition camerounaise est comptable de l’état actuel du pays. Cela parce qu’elle participe au pouvoir depuis longtemps au sein de la majorité présidentielle, à travers certains de ses leaders actuels et à travers son manque de cohérence pouvant pousser le régime à changer. L’échec du régime camerounais actuel n’est pas seulement celle dudit régime, mais aussi celle de son opposition car une opposition qui réussit sa fonction d’opposition est aussi celle-là qui ne permet pas la possibilité d’un tel échec. C’est une opposition qui, sans attendre 36 ans, réussit, soit à corriger de façon méliorative le régime en place, soit à mettre fin au régime qu’elle combat politiquement. Celui qui n’est pas excellent dans la fonction d’opposition plus facile que celle de direction du pays peut difficilement être excellent lorsqu’il devient l’artisan du pouvoir et cesse d’être sa critique. J’espère grandement me tromper…

Pour finir, je suis aussi surpris par des arguments légers qu’utilisent certains leaders de cette opposition. C’est le cas de l’âge de Paul Biya pour exiger une alternance. C’est un faux argument en démocratie car celle-ci ne dit nulle part qu’un jeune, Cabral Libii par exemple ou un vieux, Paul Biya par exemple, ne peut accéder au poste de président via le vote. La démocratie dit même tout le contraire. Tant que la Constitution camerounaise ne met pas une limite d’âge rédhibitoire pour poser sa candidature à la présidence de la république, les vieux auront le droit de diriger le pays s’ils sont élus tout comme les jeunes en âge. Le travail à faire par l’opposition est donc d’imposer constitutionnellement cette limite d’âge et de limiter à deux au maximum le nombre de mandats à la tête de l’État.

Quel image avez-vous des leaders de cette opposition camerounaise ?

Leur très grande variance de trajectoire empêche leur unité dans un projet transversale d’avenir. Il y a beaucoup de talent dans l’opposition camerounaise mais elle n’arrive pas à jouer collectif dans un moment historique où seul une dynamique collective peut être gagnante. Donc, si cette opposition a de grands talents individuels, elle fait montre de peu d’intelligence et de bêtises dans l’organisation et la dynamique collectives. Cette caractéristique rejoint la grande variance de trajectoire qui est la sienne lorsque je la compare à une population au sens statistique de ce terme. On y trouve des jeunes sans expériences, des vieux avec de l’expérience, des gens qui on travaillé longtemps avec le régime en place et des inconnus si on exclue l’opposition incluse dans la majorité présidentielle. Ce qui est manifeste lorsqu’on suit les péripéties du projet d’une candidature unique de l’opposition camerounaise est le fait que chaque opposant dit tendre le bras à l’autre mais ferme ses yeux et son point lorsque les autres lui tendent leurs mains. D’où un petit jeu politique à somme nulle car chacun veut rouler l’autre dans la farine et finalement ils se font touts rouler dans la farine par Paul Biya. Il faut donc se soumettre à l’évidence, le Cameroun a une opposition où les égos, les conflits interpersonnels et les compétences individuelles ont plus de poids que la volonté de construire une projet commun pour le Cameroun. Cela est inquiétant pour le Cameroun car c’est la preuve que ce qui compte pour chaque opposant n’est pas le Cameroun et les Camerounais mais uniquement lui par son souhait d’accéder au pouvoir. Cet état d’esprit peut donner lieu tant à ce que j’appelle le « Biyaïsme sans Biya » au sens d’un système et d’une logique au pouvoir qui se perpétuera après Biya, qu’à un réflexe antidémocratique. Ce dernier consiste à croire que c’est Cabral Libii qui doit être président parce qu’il est jeune et parle bien, que c’est Maurice Kamto qui doit être président du Cameroun parce qu’il est un grand intellectuel, que c’est Akeré Muna qui doit être président parce qu’il est de la société civile et a une expérience internationale ou que c’est Osih qui doit l’être parcequ’il est le plus riche alors que l’esprit démocratique promet à tous les Camerounais qui n’ont aucune de ces qualités qu’ils peuvent diriger leur pays. Chacun d’eux souffre d’un complexe du salvateur qui fait face au complexe d’éternité de Paul Biya. Biya et ses opposants rêvent donc tous d’être des dieux puisque seuls ceux-ci incarnent le complexe du salvateur et le complexe d’éternité.

Dans une élection à un seul tour, ceux qui se disent opposants, devraient, si c’est le Cameroun qui compte pour eux plus que leur carrière personnelle, avoir pour projet de faire gagner le Cameroun et non leur petite personne. Cela exigerait qu’ils rassemblent des Camerounais et des Camerounaises sur un projet commun pour le pays et non sur les personnes car une seule personne, quels que soient son talent et ses mérites, ne peut remettre ce pays debout. Le projet transversal et commun pour le pays dont je parle aurait pu avoir pour grande lignes les points suivants : un feuille de route pour régler la question anglophone ; un plan de lutte contre Boko Haram et de sécurisation de la frontière-Est du pays ; la constitutionnalisation d’une présidentielle à deux tours ; la constitutionalisation d’une fixation à deux au maximum du nombre de mandats à la tête de l’Etat ; la baisse de l’âge de la majorité à 18 ans ; un plan d’actions économiques ; la création d’une commission électorale indépendante, un plan d’assainissement de notre justice et la systématisation des évaluations indépendantes des administrations et des sociétés d’Etat etc. Ce qu’on voit ce sont des égoïsmes et des gens qui veulent regrouper les Camerounais sur eux, qui ne veulent pas sauver le Cameroun mais eux-mêmes. Le danger que court le pays dans ce cas est que l’opposant qui accédera à la tête du Cameroun sous les mauvaises lois actuelles ne les changent pas mais en profitent pour s’éterniser à son tour au pouvoir.

Cette opposition peut-elle gagner la présidentielle du 7 octobre prochain ?

La réponse simple ici consiste à dire que le régime en place va gagner parcequ’il va tricher. Sans nier de possibles tricheries, je préfère donner une réponse logique à la probable défaite de l’opposition camerounaise. Lorsqu’on se contente d’attribuer sa défaite aux fraudes de l’autre, on ne se regarde pas et on ne tient pas compte de ses propres faiblesses et erreurs dans le combat.

Si déjà chaque opposant pèse politiquement moins lourd que le parti au pouvoir, le poids politique de l’opposition camerounaise diminue encore plus en allant à la présidentielle en rangs dispersés. Aussi, logiquement et arithmétiquement, elle ne peut gagner. La probabilité qu’elle gagne n’est pas nulle mais très très faible face à un régime en place dont la probabilité de gagner est presque un évènement certain au sens statistique de ce terme. D’autres facteurs expliquent mon opinion. C’est le cas d’un cadrage et d’un maillage plus poussés du territoire camerounais par le parti au pouvoir et ses dignitaires. C’est aussi le fait que l’opposition camerounaise, du moins Akéré Muna, Kamto et Cabral Libii mènent plus une campagne médiatique que de terrain. Or, à mon humble avis, le buzz médiatique et la majorité populaire qui partage la critique du Renouveau National, n’équivaut pas à la majorité politique de cette opposition sur le terrain. Le régime a plus de chance de gagner parce que sa majorité politique sur le terrain camerounais, celle qui compte vraiment, est largement supérieure à celle de son opposition même si celle-ci a une majorité populaire plus grande : la majorité populaire de l’opposition n’est pas une majorité politique.

Une autre chose qui peut expliquer la défaite fort probable de cette opposition est le fait que plusieurs opposants pratiquent ce que j’appelle une politique buissonnière parce qu’ils disparaissent de la circulation en dehors des scrutins et ne réapparaissent que lorsque ceux-ci approchent. Avec une telle stratégie, il n’ y a pas une pensée et un projet pour le Cameroun au-delà de l’élection présidentielle. Les projet sont calibrés pour celle-ci et non pour refonder un pays dans le temps long.

Mais comme la politique n’est pas qu’une affaire d’arithmétique et de logique statistique, une victoire de l’opposition camerounaise n’est pas une éventualité impossible mais exceptionnelle. On peut cependant se poser la question de savoir si cette opposition croit elle-même à sa victoire. Ndam Ndjoya par exemple pense que personne ne peut gagner dans l’opposition face à Biya et déclare qu’il se présente à la présidentielle pour prendre une somme d’argent qui permettra à son parti de ne pas disparaitre de la scène politique nationale.

Pour finir, puisque je considère la présidentielle camerounaise comme une fake news, je pense que ceux qui la gagnerons sont ceux qui l’organisent comme fake news et le système qui sous-tend tout cela. Lorsque des contrefaçons existent sur le marché, ce sont les contrefaiseurs qui gagnent par rapport à la marque authentique. C’est pour cela que c’est le Cameroun artificiel qui gagne lorsque la fake news qu’est cette présidentielle s’organise et que c’est le Cameroun réel, celui de la vie concrète de Camerounais et des Camerounaises, qui perd sur toute la ligne car rien ne changera pour lui.

Que pouvez-vous dire du tribalisme qui s’invite dans cette présidentielle depuis quelques jours ?

Nous devons d’abord être d’accord sur ce que nous entendons par tribu. Lorsque le feu Charles Ateba Eyene parlait du « pays organisateur », il entendait par-là la tribu d’origine de l’actuel président camerounais. En parlant de « paradoxe du pays organisateur », il déplorait le fait que les territoires de vie de cette tribu connaissaient un sous-développement issu du fait que leurs élites ont tout pris pour elles et utilisent les populations de cette zones juste comme escabeaux pour leur ascension politique individuelle. Ateba Eyene fait ici un lecture positive du système camerounais suivant lequel les ressortissants d’une tribu promus à des postes de responsabilité doivent en retour assurer le développement de leur région d’origine. Mieux, il pointe la réalité suivant laquelle cela ne fonctionne pas pour le Sud à cause d’une élite prévaricatrice, individualiste et égoïste. Ici, la tribu est un groupe très large de plusieurs clans, sous-groupes et familles. Cela fait du tribal et du tribalisme des choses qui peuvent exister à l’intérieur même de cette supposée tribu générique.

Mais, au Cameroun la tribu est plus large si on s’inscrit dans cette lecture positive de son système. Elle peut être constituée de l’équipe actuellement au pouvoir. Dès lors, la tribu devient à la fois les Bulu, les Anglophones, les Bamiléké, les Nordistes, les Douala et toutes les tribus qui se trouvent dans l’équipe dirigeante du pays depuis 1960. Le tribal et le tribalisme changent encore d’entendement. Ils deviennent un système et sa pratique au pouvoir et du pouvoir. Un pouvoir qui traite de façon inégale les Camerounais selon qu’ils sont dans leurs cercles ou en dehors de ceux-ci. Subissent dans ce cas le tribalisme du système tous les Camerounais exclus de celui-ci.

Pour le moment, le Cameroun n’arrive pas encore à inventer et à opérationnaliser une modalité détribalisée d’autogouvernance, l’autre nom d’une démocratie. C’est le reflexe primordialiste des origines qui l’emporte sur la modernité du statut de citoyen camerounais. Le projet à inventer pour le pays est celui qui ferait une analyse normative du « pays organisateur » en l’entendant comme un projet du vivre ensemble où « le pays organisateur » n’est plus une tribu ou un système au pouvoir mais tout le Cameroun et tous les Camerounais. Cela ne peut se faite qu’en s’inscrivant résolument dans l’effort de construction d’une société démocratique au sens d’une société qui tend toujours plus vers une société des égaux en droits et en devoirs. Notre tribu, dans ce cas, devient la nation camerounaise et notre objectif son bien-être dans son ensemble. Tant que nous y sommes pas encore nous allons continuer à voter pour les tribus et non pour le bien-être de notre pays. La route reste encore longue et il n’est pas certain que le pays y arrive dans les prochaines années car on ne devient pas convaincu de sa citoyenneté et de sa nationalité comme un arbre devient un arbre mais grâce à un travail permanent de construction de la nation et du citoyen. C’est un travail difficile mais qu’il faut faire avec détermination car, historiquement, la démocratie a été tribale et sectaire parce que limitée initialement aux semblables y compris dans la Grèce antique.

Pour le moment, l’élection présidentielle camerounaise est une fake news au sens de contrefaçon et l’opposition camerounaise la plus bête du monde lorsqu’il faut jouer collectif.

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