William Sollo passe en jugement pour une affaire de 125 millions
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CAMEROUN :: William Sollo passe en jugement pour une affaire de 125 millions :: CAMEROON

L’ancien directeur général de la Cameroon Water’s Utilities Corporation est accusé d’avoir débloqué 125 millions de francs au profit d’une entreprise privée pour le paiement d’une prestation non effective. M. Sollo dit avoir autorisé le décaissement après l’avis favorable marqué sur le dossier par un proche collaborateur. Les autres affaires sont encore en instruction devant le Tribunal criminel spécial.

Le premier épisode du feuilleton

des poursuites judiciaires engagées contre Jean William Sollo, l’ancien directeur général (DG) de la Cameroon Water’s Utilities Corporation (Camwater), s’est ouvert devant le Tribunal criminel spécial (TCS). Détenu à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui depuis mars 2018, l’ancien DG a comparu le 30 août dernier aux côtés de trois coaccusés, tous libres. Il s’agit d’Hubert Augustin Abega Abega, directeur technique à la Camwater, Aloys Ndzie Ndzie, chef service financier et comptable à la direction régionale de Douala de la Camerounaise des Eaux (CDE), et Joseph Nono Kounatse, promoteur d’une entreprise dénommée Socabart Sarl.

En effet, M.M Sollo et Abega Abega sont renvoyés en jugement pour s’expliquer sur la complicité présumée d’une coaction de détournement de la somme de 125,8 millions de rancs reprochée aux deux autres accusés, qui doivent en plus s’expliquer sur les faits de blanchiment de capitaux supposé. camer.be. La première audience publique a duré une dizaine de minutes, le temps pour le ministère public et certains avocats de la défense de présenter au tribunal la liste de leurs témoins. L’ancien DG de la Camwater n’a pas rempli cette formalité, son collège d’avocats, constitué de cinq ténors du barreau, a dit qu’il avisera avant la prochaine d’audience programmée
le 24 octobre 2018.

Prestation rejetée

En attendant l’ouverture des débats publics dans ce procès, le rapport de l’enquête judiciaire (ordonnance de renvoi) du juge d’instruction, que Kalara a consulté, fait apparaître que les poursuites judiciaires engagées à l’encontre de l’ancien DG tirent leur source d’une dénonciation du directeur de l’Agence nationale des investigations financières (Anif) faite auprès du parquet général près le TCS le 21 août 2013 signalant un soupçon de détournement de fonds publics au préjudice de la Camwater. L'information claire et nette .La dénonciation faisait état de ce que Aloys Ndzie Ndzie, alors en service à la CDE, avait reçu plusieurs virements de fonds d’un montant total de 363,5 millions de francs dans son compte bancaire domicilié à la Bicec, entre 2012 et 2013. Et, après le dernier virement, il avait émis un chèque d’un montant de 55 millions de francs au profit de M. Nono Kounatse, le promoteur de Socabart Sarl.

Lors des enquêtes, M. Nono Kounatse a déclaré que son entreprise Socabart avait bénéficié d’un marché public passé de gré à gré par la Camwater le 14 août 2008. Ledit marché portait sur le projet de renforcement et l’amélioration de l’alimentation en eau potable de la ville de Douala et ses environs, phase 1. À la fin des travaux, il devait présenter un «rapport définitif consolidé», dont la validation était soumise à l’appréciation des experts de la Camwater. En janvier et juin 2009, il avait reçu de la Camwater le paiement de deux avances effectuées à son profit, soit 27 et 54 millions de francs respectivement.

L’homme d’affaires indique que l’exécution des travaux du Projet a été émaillée de quelques difficultés. Malgré cela, en novembre 2011, il avait transmis à Camwater un rapport définitif consolidé sur l’exécution des travaux en prenant en compte les observations opérées sur le premier document déposé un an plus tôt, qui avait été rejeté. Seulement, la Camwater était restée sans réaction. Après la nomination de Jean William Sollo à la tête de la Camwater en remplacement de M. Atangana Kouna, M. Nono Kounatse dit avoir entrepris des démarches qui ont abouti le 1er février 2013 au paiement de sa créance d’un montant de 125,8 millions de francs. Ce paiement est fait à travers le compte bancaire de M. Ndzie Ndzie, qui tirera à son profit un chèque de 55 millions de francs, le reste d’argent ayant été reçu en espèce.

Pour l’accusation, le paiement reçu est frauduleux parce que les travaux n’ont jamais été livrés, ni validés. Le parquet, organe chargé des poursuites, en veut pour preuve, entre autres, le témoignage de Felix Ngonpa, qui assurait au moment des faits les fonctions de directeur technique à la Camwater. Ce dernier se dit «surpris d’apprendre que la contrepartie financière de ce contrat [qui liait Camwater à Socabart, ndlr], a été entièrement satisfaite ». Pour lui, «les prestations de Socabart n’étaient pas satisfaisantes ». C’est pourquoi, à cause des carences constatées sur le chantier, M. Ngonpa affirme n’avoir pas «jugé utile de conclure un avenant au profit de Socabart», dont «les deux rapports définitifs consolidés ont été rejetés» pour de multiples griefs. Felix Ngonpa souligne que jusqu’en juillet 2012, date de sa promotion au poste de DG adjoint de la Camwater, le rapport définitif consolidé de Socabart était encore attendu.

Avis du collaborateur

M.M Sollo et Abega Abega sont sur le banc des accusés pour avoir joué un rôle décisif dans le déblocage des fonds querellés. Ils se rejettent la responsabilité dans le supposé forfait. De fait, pour démontrer son innocence, M. Sollo reconnait avoir autorisé le paiement de la créance de Socabart «conformément à l’avis de son collaborateur, Hubert Augustin Abega Abega, le directeur technique, qui a confirmé l’effectivité de la prestation de cette société, déjà bénéficiaire de plusieurs décomptes de paiement par son prédécesseur». M. Abega Abega affirme, à son tour, qu’en exécution des instructions de sa hiérarchie, «il a préparé une note favorable à l’apurement du reliquat de la contrepartie de Socabart au vue de ses rapports définitifs». Et c’est M. Sollo, le DG, précise-t-il, qui a demandé que le dossier soit transmis au directeur des affaires financières (DAF) de Camwater pour paiement.

Le ping pong entre les deux anciens collaborateurs n’a pas convaincu le juge d’instruction, qui estime d’ailleurs que «les dénégations manquent de pertinence », et les a renvoyés en jugement pour qu’ils s’expliquent mieux devant la barre. Sans manquer de mentionner que l’un a donné son avis favorable, l’autre a autorisé le déblocage des fonds «détournés». M. Aloys Ndzie Ndzie ne nie pas, pour sa part, avoir joué le «rôle de mandataire» de différentes entreprises pour faire virer le paiement de leurs créances dans son compte bancaire. Mais, souligne-t-il, «sans attendre une quelconque rétribution». Or, dans les conclusions de l’acte d’accusation, on peut lire qu’il affirme avoir reçu de M. Nono Kounatse 1 million de francs, en guise de récompense. Le juge d’instruction l’a renvoyé devant la barre en soulignant qu’un fonctionnaire ne doit pas mettre à contribution son compte bancaire dans les transactions conclues entre les prestataires et l’État. On attendra l’ouverture des débats publics pour en savoir davantage.

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