LA DOT AU CAMEROUN : L’argent prend le pas sur la symbolique
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LA DOT AU CAMEROUN : L’argent prend le pas sur la symbolique :: CAMEROON

Jadis considérée comme une simple formalité, une simple étape vers le mariage, traditionnel ou légal, entre deux personnes consentantes, la dot est devenue, malgré les interdictions de la loi à ce sujet, une condition sine qua non pour l’officialisation d’une relation.

Basaa et Eton, des voisins qui tournent le dos à la tradition

« Chez les Eton, tribu majoritaire du département de la Lékié dans la Région du Centre, la dot est souvent caractérisée par une longue liste d’articles à acheter », nous apprend Gustave N., « une victime » de cette nouvelle pratique. « L’achat de tous ces biens est la preuve de l’amour que vous portez à votre future épouse », poursuit notre interlocuteur. Pour la confectionner, l’on regroupe les membres de la famille par génération et par lien de parenté avec la fiancée.

Ainsi, l’on se retrouve avec une liste de « demandes intégrées » des frères, sœurs, cousins et cousines, des tantes et oncles paternels, idem pour le côté maternel tout autant qu’on procède de la même manière pour les grands-parents. Camer.be . Au-delà des différentes aspirations, l’on soupçonne la famille de la fille de soumettre le fiancé au remboursement de toutes les dépenses engagées pour l’éducation de sa dulcinée.

« A notre époque, indique Eugénie Mvongo, mère d’une famille de quatre garçons et une fille, lorsqu’une femme accouchait d’une fille, on disait qu’elle est riche ; pas parce qu’elle sera vendue mais parce que sa dot servira à ses frères une fois qu’ils chercheraient à se marier à leur tour. Et ce n’était pas une histoire de millions de FCFA comme aujourd’hui. Juste une ou deux chèvres suffisaient pour prendre femme. »

Cependant, les dérives observées ne sont pas le propre des seuls ressortissants de la tribu Eton comme le dit si bien Mamert Jacques Menyie, un parent issu de la Lékié : « Ce ne sont pas tous les Eton qui commercialisent leurs filles ». « Toutes les autres, à quelques exceptions près, opposent au futur marié des exigences matérielles et financières énormes », explique Alain Mbarga, originaire de la Région du Sud. L’information claire et nette. Il se souvient que pour épouser sa fiancée Basaa, il a dû trimer. Et se soumettre aux volontés de ses beaux-parents. Première étape, les préliminaires au cours desquels « une enquête généalogique » est menée pour déterminer qu’il n’existe aucun lien de parenté entre les deux futurs mariés au moins jusqu’à la 5ème génération. « C’est également au cours de cette étape qu’une liste est remise au prétendant », explique un autre ancien, Se Zénon.

La prochaine étape est la demande de la main de sa fiancée. Pour cela, il prépare « une bouteille de whisky Rhum de Saint James soutenue par une enveloppe de 50 000 FCFA au minimum, une damejeanne de 20 litres de vin rouge, un sac de cola, du vin de palme. Il apprête ensuite de l’argent pour envoyer chercher la fiancée et ses géniteurs qui sont absents au début de la cérémonie. Pour chacun, il peut débourser au minimum 2 000 FCFA. Au cas où le garçon et la fille ont vécu en concubinage, il confesse son acte et en paie une amende », révèle Léopold David Lissouck. C’est à ce moment que l’alliance traditionnelle est scellée.

Comme chez les Eton, dont les Bassa sont par ailleurs voisins, cette liste est le fruit de la cogitation de tout le clan de la fille. « L’habillement pour les géniteurs, du riz, de la pistache, des arachides, du tabac, des pipes ou des cartouches de cigarettes, des allumettes, un ou deux porcs, une à deux chèvres, de la morue, des oignons, des tomates pour les oncles, les tantes et les jeunes. On y ajoute du matériel agricole et de cuisine comme les machettes, les limes, des marmites, des couteaux. Et d’autres choses modernes telles le vin rouge, les bouteilles de whisky, la bière, les pagnes wax. Enfin, Un montant symbolisant la dot en espèce », ajoute le patriarche Léopold David Lissouck.

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