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© Quotidien Mutations : Lucien Bodo
- 16 Aug 2018 09:17:57
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CAMEROUN :: EXACTIONS AU FRONT : Le grand mensonge :: CAMEROON
Après s’être embourbé dans le déni, le Mincom annonce que sept soldats camerounais soupçonnés d’avoir abattu des civils sont aux arrêts.
Tout se passe comme s’il s’agissait d’un spectacle comique géant. Et le Cameroun serait la scène sur laquelle se produisent des comédiens qui brillent par leur maladresse. Pour preuve, le 10 août dernier, au 20h30 de la Crtv-télé, la présentatrice du journal lit un communiqué pour le moins inattendu. Signé du ministre de la Communication (Mincom) Issa Tchiroma Bakary, le document informe de ce qu’« à la suite de la publication d’une vidéo mettant en scène des exactions inacceptables perpétrées par des hommes armés contre des femmes et des enfants, le chef de l’Etat a ordonné l’ouverture d’une enquête pour élucider cette affaire et en établir les responsabilités éventuelles ».
En poursuivant la lecture de ce communiqué, l’on découvre que les investigations menées ont conduit à l’arrestation de sept militaires: « Lieutenant de vaisseau Fobassou Etienne, Sergent Bityala Cyriaque Hilaire, Caporal Godwe Mana Didier Jeannot, Caporal Tsanga, Soldat de 2è classe Donossou Barnabas, Soldat de 2è classe Manassa Jacobaï Jonathan, Soldat de 1ère classe Ntieche Fewou Ghislain ». Par ailleurs, apprend-on, « les intéressés ont été mis à la disposition de la Justice et feront l’objet d’un procès équitable ». Depuis la publication de ce communiqué largement partagé sur les réseaux sociaux, le Mincom essuie le courroux et les railleries d’une bonne partie de l’opinion. Le mot « menteur » est utilisé à plusieurs reprises par les internautes pour désigner Issa Tchiroma Bakary. D’autres exigent sa démission.
Fake news
Pour comprendre cette colère qui gronde, il faut remonter au 20 juillet dernier. Ce jour-là, le porte-parole du gouvernement donne une conférence de presse à propos d’une vidéo insoutenable mettant en scène l’exécution de deux femmes et de leur progéniture. Les hommes à l’origine de ces exactions sont identifiés par Amnesty International comme étant des soldats de l’armée camerounaise en opération dans la région de l’Extrême-Nord, dans le cadre de la guerre contre Boko-Haram. L’Organisation non-gouvernementale internationale réclame une enquête afin de trouver les coupables et les punir. Le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale va dans le même sens en qualifiant cet acte d’« inacceptable ».
Malgré tous les éléments techniques qui incriminent l’armée camerounaise, Issa Tchiroma Bakary, face à des journalistes médusés, préfère parler de « fake news », « conspiration manifeste », « manoeuvre de désinformation grossière » et d’« horrible trucage » avec des « voix-offs approximativement apposées sur des séquences visuelles ». L'information claire et nette. Le Mincom, en expert de circonstance, s’adonne à un véritable cours magistral sur la manipulation des images. Ce dernier remet en cause les armes utilisées par les soldats, la tenue arborée, les insignes sur l’uniforme, ainsi que le paysage. Sur ce dernier point, des patriotes de la dernière heure rejoignent le ministre et attribuent même cette scène au Mali, pays qui regorge de paysages semblables à ceux visibles sur la vidéo incriminée. Le gouvernement malien va plus tard réfuter ces allégations dans un communiqué officiel.
Par cette sortie que nul n’attendait, Issa Tchiroma Bakary se dédie. Ceci au moment où une vidéo semblable en consultation libre sur les réseaux sociaux est attribuée à l’armée camerounaise. Celle-ci met en scène l’exécution d’au moins une douzaine de personnes non-armées et allongées à même le sol. Selon France 24 qui a analysé l’élément, ces images tournées à Achigachia, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, datent de janvier 2015. Elles auraient été prises alors que des soldats camerounais en opération venaient de reprendre ce village aux mains des terroristes de Boko Haram. Amnesty International a déjà réagi à cette nouvelle vidéo. Si une enquête est ouverte comme le laisse penser le communiqué du ministre de la Communication
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