Paradoxe sur l'économie camerounaise : Rire ou pleurer
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Paradoxe sur l'économie camerounaise : Rire ou pleurer :: CAMEROON

Nous sommes en 1994,le Cameroun est en plein dans les ajustements structurels ,le pays vient de perdre sa souveraineté économique, désormais tout est orienté et dicté par des fonctionnaires internationaux travaillant pour garantir et produire les bénéfices sur le fond de pensions américains qu’ils ont en charge de gérer, le FMI .Les agents de la fonction publique camerounaise n’ont pas fini de se plaindre des salaires divisés par trois, que la guerre armée commence à Bakassi, ceci simultanément avec le phénomène des coupeurs de routes qui va endeuiller des centaines de familles .Entre Bakassi et les coupeurs de routes, ce sont des dizaines de milliards de FCFA de pertes que supporte l’économie nationale ,le pays va se retrouver embarqué dans l’initiative PPTE, pays pauvres et très endettés.

Le 28 Avril 2006, une joie contamine tout le personnel de l’immeuble Etoile, Inoni Ephraim, alors premier ministre vient de recevoir un fax signé par les responsables de la Banque mondiale (Bm) et du Fonds monétaire international (Fmi). Les deux institutions accordent le point d’achèvement de l’initiative PPTE au Cameroun. Le pays est enfin libre de ses choix économiques. Si les responsables camerounais jubilent la nouvelle comme un miracle qui changera les conditions de vies des camerounais, certaines personnalités sont sceptiques à l’instar de Babissakana du cabinet Prescriptor et Christian Penda Ekoka de BDS Cconsulting. Pour les deux experts en économie et finances, rien de concret ne va changer dans le quotidien des camerounais si la gouvernance n’est pas de rigueur, Christian Penda Ekoka ira plus loin lorsqu’il va s’attaquer à la gestion des fonds alloués dans le cadre de cette initiative ,le Cameroun était le seul pays à n’avoir pas pu utiliser les 200 Milliards de FCFA mis à sa disposition par les bailleurs de fonds pour les projets de lutte contre la pauvreté en 2000, raison pour laquelle tous les pays africains le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, Madagascar, la Mauritanie, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, le Ghana, le Mozambique, le Tanzanie et l’Ouganda verront le bout du tunnel avant le Cameroun .

Sorti de la tutelle des bailleurs de fonds, le Cameroun a mis sur pieds un Document Stratégique pour la croissance et l’emploi, DSCE ,la boussole de sa nouvelle politique économique et de développement.C’est ainsi qu’en 2012 le président Paul Biya va déclarer : »A partir de 2012, le Cameroun sera transformé en un immense chantier », le président Paul Biya veut hisser le Cameroun au même niveau que le Mexique et la Malaisie.Le président Biya croit en ses projets, il va y affecter d’énormes ressources financières dans un nouveau partenariat stratégique avec les pays émergents et la Chine .

Seuls les moyens financiers ne suffisent pas ,il faut des hommes capables de viabiliser ses projets.Nous sommes en 2017, on observe non seulement une dégradation continue des infrastructures existantes, les grands projets piétinent ,et la misère de cesse d’augmenter.

Pire encore, le Cameroun va retourner pour une seconde fois dans les griffes des bailleurs de fonds, le FMI pour un nouveau programme d’ajustement.Peut-on accuser les différentes guerres Boko Haram ,Seleka et la Crise dans les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest?

Sous consommation du crédit et endettement

En juin du mois dernier, le directeur de la Caisse autonome d’amortissement (CAA) fait une déclaration troublante et révoltante, il déclare que les soldes engagés non décaisse au 31 mai 2017, sont estimés à environ 7 milliards de Dollar .En claire, le Cameroun disposerait d’un crédit accordé de 7 milliards de dollar, que les fonctionnaires n’arrivent pas à décaisser selon ses propos. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

A titre d’exemples, vous sollicitez Afriland pour un prêt immobilier, elle vous positionne 100 millions à une condition, que vous présentez un permis de bâtir, un titre foncier, le contrat avec un architecte et parfois votre contribution.SI vous présentez les documents exigés, vous pouvez décaisser.

Les bailleurs de fond définissent les volumes d’investissements par régions sur une période donnée. Par rapport aux sollicitations du Cameroun, elle peut décider de sélectionner un certain nombre de projets sur lesquels investir, sauf que pour les décaisser, il y’a des exigences, notamment que le projet soit bien monté, etc…voilà a quels niveaux les administrateurs camerounais sont bloqués selon les explications du directeur de la CAA , »incapacité dans le montage des projets et reconnaissances des techniques de décaissements »

Vers la fin du mois d’Octobre, la Banque Africaine de développement a donné jusqu’ à la fin du mois de Février au gouvernement camerounais pour utiliser un crédit mis à sa disposition depuis 2009, un montant alloué à l’assainissement d’eau dans les villes du Cameroun. » comment les camerounais peuvent mourir de cholera, manquer de l’eau potable alors qu’il y a des milliards alloues pour ses projets ? » s’interroge un conducteur de moto au Quartier Biyem Assi de Yaoundé qui dit n’avoir jamais vu une goutte d’eau couler dans son secteur, au lieu dit Nsimeyong.

Tous les ans, le Cameroun va enregistrer des excédents budgétaires à cause de la sous consommation des sommes alloués à des projets dans le cadre des BIP.Ce qui signifie que dans le budget , il est parfois prévu la construction d’une école dans un village xxx, malgré la disponibilité des fonds, les populations resteront en attente pendant des années parce que les fonctionnaires ne veulent pas suivre ce projet, plus intéressés aux budgets de consommations, séminaires, colloques, missions , etc…Alors que le pays organise tout le temps les conférences nationales et internationales à coups des milliards sur les investissements, les IDE,investissements direct à l’étranger qui sont des investissement privés ne cessent de chuter, on parle d’une baisse de 15 % dans la CEMAC.

Le 31 Décembre 2013 dans son discours à la nation, le président Paul Biya va remonté contre l’attitude des fonctionnaires et agents de l’état, va sortir de sa réserve : ‘’ L’heure est aujourd’hui aux débats sérieux et objectifs sur les problèmes qui tiennent les Camerounais à cœur. Ces problèmes sont, vous le savez : le pouvoir d’achat, l’emploi, les conditions de vie….Mais d’où vient-il donc que l’action de l’Etat, dans certains secteurs de notre économie, paraisse parfois manquer de cohérence et de lisibilité ? Pourquoi, dans bien des cas, les délais de prise de décision constituent-ils encore des goulots d’étranglement dans la mise en œuvre des projets ? Comment expliquer qu’aucune région de notre territoire ne puisse afficher un taux d’exécution du budget d’investissement public supérieur à 50 % ? Enfin, il est permis de s’interroger sur l’utilité de certaines commissions de suivi de projets, qui ne débouchent sur aucune décision. Ce dont nous avons besoin pour les prochaines années, c’est d’un véritable plan d’urgence. Avec le DSCE, nous avons le tableau de bord. Il nous faut maintenant agir…Serions-nous incapables de faire ce que d’autres pays comparables au nôtre ont fait ou sont en train de faire ? Je ne le crois pas. Nous avons des hommes, des femmes et des jeunes talentueux, ingénieux, bien formés et entreprenants, capables de relever ces défis. Nous avons des ressources naturelles, abondantes et variées. Nous avons des institutions, modernes et démocratiques. Notre pays connaît la paix et la stabilité. Alors que nous manque-t-il ?’’

‘’Savez-vous que l’argent du deuxième pont sur le Wouri était disponible depuis plus de dix ans ? S’interroge un économiste camerounais qui remet en cause tout le système de gouvernance ,il va poursuive son interrogation sur :

‘’Que dit le premier ministre lorsqu’il constate que les milliards sont disponibles pour le Cameroun et que les camerounais meurent de faim ? Que disent les députés de la république, opposition et partis au pouvoir lorsque les camerounais meurent de choleras alors que les milliards sont disponibles chez les bailleurs de fonds. Comment peuvent-il rester silencieux lorsque le Cameroun se retrouve obligé de rentrer dans l’ajustement alors que les disponibilités financières sont réelles ?’’

La Banque africaine de développement vient d’accorder un prêt au Cameroun, un crédit déroulé sur une période de 4 ans évalué à hauteur de 2 .8 milliards de dollars .Cet argent viendra ans doute s’amasser sur ce qui est déjà disponible et dont les dirigeant n’en savent quoi faire,( des fonctionnaires qui ne savent ni monter les projets, ni les techniques pour décaisser les fonds auprès des partenaires financiers) .

En 2010 le Cameroun a lancé un emprunt obligataire pour une montant de 200 milliards de FCFA, selon le conseiller à la présidence Christian Penda Ekoka, pour ce type d’emprunt, les intérêts sont payés le lendemain de l’émissions, c’est une fois l’argent disponible qu’il fallait courir après les projets puisque ceux qui avaient été présentés n’étaient pas prêts.Une bonne partie sera à la hâte affectée à Camair-co et bien d’autres projets sans véritables impacts sur le social.

On ne prête qu’aux riches, FAUX

Les prêts de ces institutions sont des prêts souverains avec la garantie de l’état, puis-qu’aucun état n’est en faillite, ces institutions ont tous les moyens pour mettre la pression sur les pays afin de récupérer leur argent’’ si vous ne pouvez pas rembourser on vous demande d’augmenter les impôts ou de diviser par trois les salaires des fonctionnaires, ou encore on arrache vos matières premières’’ explique le Conseiller Technique Christian Penda Ekoka.

Toutes ses institution déversent des milliards au profil du Cameroun dans un climat ou l’attractivité des affaire est décriées par ces mêmes bailleurs de fonds, 166 me rang dans le classement Doing Business sur attractivité dans les affaires. Ceci contrairement aux investissements direct à l’étranger qui ont chuté de 15 % en Afrique centrale pour l’année 2016 ;

Détournements

‘’Le Cameroun n’est pas pauvre parce qu’il y a pas d’argent, mais à cause de la mal gouvernance’’

En Juin dernier, la cour des compte révèle l’existence d’un vaste réseau de détournement d’argent dans le budget de l’état ,25 milliards de FCFA distrait chaque années par les responsables administratifs, ceci sans oublier les pertes liés à la corruption et autres dépenses pharaoniques des autorités.

Gestion foireuse des projets

En septembre 2013, le gouvernement remet un chèque de 442 millions de francs Fcfa pour le lancement de l’agropole sur le riz de Galim, une initiative de Desiré Kepseu pour un coût total d’1,2 milliards de FCFA. Le 20 Aout 2015, le quotidien gouvernemental reconnaitra que ce projet a été un fiasco, ayant englouti des centaines de millions du contribuable camerounais, il était question de la mise sur pieds d’une usine de transformation du riz extrait des champs. Nous sommes en 2017, pas l’ombre d’une usine. Rapproché, le promoteur laisse entendre que le projet n’avance pas faute de financement, malgré la contribution du gouvernement, les autres partenaires n’ont pas pu mobiliser leurs parts.

Le même scenario se reproduit dans la localité de Nlowe, dans le Mungo, le gouvernement camerounais a débloqué 562 Millions de FCFA pour le lancement de l’Agropole sur l’ananas dans la localité, un programme d’un montant de 1,9 milliards de FCFA. Bientôt 2018, les agriculteurs attentent toujours l’usine qui tarde à venir, c’est le même langage chez le promoteur, toujours à la recherche des fonds.

‘’Que se passera-t-il si ses promoteur ne parviennent pas à mobiliser les fonds nécessaires alors qu’ils ont reçu le financement de l’état ?’’ , s’interroge Christian Penda Ekoka, Conseiller technique à la présidence de la république qui ne comprend pas ce mode financement dans lequel l’état décide d’injecter des grosses sommes d’argent pour des projets sans au préalable évaluer les capacités des promoteurs, ce qui l’amène à penser à un système de retro commissions.

‘’ Il y’a l’usine de transformation de manioc de Sangmélima ou l’on a injecté plus de 100 millions, l’usine des tracteurs d’Ebolawa plus de 300 millions, l’usine de découpage des poulets de Bafang 400 millions et bien d’autres, qui sont des projets dans lesquels l’état a injecte d’énormes sommes d’argents sans résultats positifs, quel sera héritage des actes de certains fonctionnaires pour des futures générations ?’’ explique le CT qui pense que certains administrateurs publics par égoïsme présentent n’importe quel projet au chef de l’État qui tombe dans le piège de la confiance qu’il a en ses collaborateurs.

‘’Tant que la décision sera inspirée par des fonctionnaires ignorants, corrompus ou faibles, sous la pression des politiciens en mal de positionnement, le Cameroun n’avancera jamais ! J’ai travaillé pendant 32 ans au MINEPAT. Sur 100 projets adoptés, il n’y a pas 5 qui s’accompagnent d’une étude sérieuse ! Y compris des projets aussi importants que la SCAN, l’usine de tracteurs, ou l’usine de manioc de Sangmélima ! Et si vous demandez ces études, vous devenez un ennemi du Cameroun aux yeux même de votre hiérarchie ! Comment voulez-vous qu’un tel système fonctionne ?’’ conclut l’économiste Dieudonné Essomba

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