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© Correspondance De : Olivier Tchouaffe, PhD, Porte-parole Du CL2P
- 29 Oct 2017 13:39:12
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CAMEROUN :: Le griotisme Scientifique de Mr. Tchiroma :: CAMEROON
Dans un article de la journaliste Adeline Atangana dans le site d'information en lign Cameroon-info.net on peut notamment lire: “Selon Issa Tchiroma, International Crisis Group est une véritable officine de déstabilisation, à la solde des mouvements qui ne rêvent que d’installer le chaos dans notre pays”. Cameroon-info.net 27 Octobre 2017
Le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement du Cameroun, a tenu une conférence de presse mardi 24 octobre 2017 à Yaoundé pour faire “une mise au point du gouvernement suite au dernier rapport d’International Crisis Group sur la situation de crise dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest”.
En effet le dernier rapport de l'ONG International Crisis Group basé en Belgique, publié le 19 octobre 2017, était une sorte d’alerte en direction des partenaires internationaux du Cameroun et du président Paul Biya sur les mesures urgentes à prendre afin d’éviter une insurrection armée dans la crise anglophone que traverse les deux régions anglophones qui depuis un an.
Dans sa réaction, le porte-parole du gouvernement, s’attèle d’abord à démontrer que le dernier rapport d'International Crisis Group contient des contrevérités «d’une gravité telle que le Gouvernement ne pourrait rester silencieux, face à une agression aussi grave» a précisé M. Issa Tchiroma, avant de conclure en invitant les journalistes à une union sacrée pour sauver la paix au Cameroun.
«La guerre au 21ème siècle est d’abord et plus communicationnelle que militaire. C’est pour cette raison que j’invite toute la presse, tous les communicateurs, quel que soit leur outil de prédilection, à être des gardiens jaloux de ce que nous sommes, c'est-à-dire une très grande et une très belle nation, unie derrière son Chef (entendez Paul Biya), résolument décidé à faire de la presse à la fois un rempart contre toute agression et un adjuvant pour le développement de notre nation» a poursuivi Issa Tchiroma.
Intéressons-nous (enfin) au pedigree de celui qui parle!
Car il y a quelque chose de profondément ironique quand M. Tchiroma accuse l'International Crisis Group de « déstabilisation » et de « chaos », alors que l'administration à laquelle il appartient est très heureuse de laisser prospérer la rhétorique ethnofasciste, de tirer parti de la bigoterie, et d’en faire de véritables instruments politiques.
De plus, M. Tchiroma, en tant que griot scientifique, comprend parfaitement que la guerre (tant arguée et presque souhaitée par le régime en place) se gagne aussi dans les médias, plus que sur le champ de bataille de nos jours. Mais il continue néanmoins à vendre sa propre guerre contre la terreur tout en dépouillant les citoyens camerounais de leurs libertés civiles (d'information et de manifestation notamment) à cause, soutient-il, des «terroristes étrangers» qui détestent les formes de libertés inexistantes au Cameroun.
Plus étonnamment, alors que M. Tchiroma appelle les journalistes camerounais à «défendre la patrie», il viole lui-même les droits de ces mêmes journalistes en créant un climat d’intimidation et un contexte d'effets paralysants où ils ne peuvent plus faire leur travail sans avoir peur d’être jetés en prison comme Ahmed Abba (correspondant de RFI en langue haoussa condamné à 10 ans d'emprisonnement ferme pour non-dénonciation et blanchiment du produit d'un acte terroriste), et bien d'autres encore pour «actes antipatriotiques».
Mr. Tchiroma est de facto le champion de l'intimidation et des préjugés, mais continue à s’octroyer le (bon) droit exclusif de dire ce qui est possible et impossible pour faire des appels à la solidarité sociale et politique, alors même qu'il n'a absolument rien fait pour le mériter. Et c’est précisément là que réside la force idéologique du régime de Paul Biya. Celle-ci n’a en effet rien à voir avec le vrai ou le faux, elle s'en moque éperdument.
C'est pour ça que dans une tribune précédente le CL2P l’a définie comme du «Bullshit». Car ce que le régime de Biya veut avant tout faire passer, même de façon subliminale, c’est l’idée que les problèmes au Cameroun viennent ou proviennent de l’extérieur, et que les camerounais vivant au Cameroun sont dans un monde utopique presque paradisiaque, donc sans problème, sous la vigilance et la bonne parole du guide Paul Biya.
Cependant ce que M. Tchiroma, comme d'habitude, ne dira pas c’est que l'Etat Camerounais n’a jamais été le produit d’une utopie, mais a été problématique et tragique depuis sa création. Cet état de choses a atteint un niveau théologique lorsqu'on a introduit dans la sphère publique la distinction entre les convertis à l'État et les traîtres; alors que nous aurions tous être considérés comme des citoyens engagés dans un débat démocratique conventionnel. Il en résulte un État entaché de préjugés et de présupposés qui ne permettent pas un véritable travail démocratique en raison du manque atavique d'un écosystème politique avec des mécanismes adaptés de responsabilités et des voies ou moyens appropriés pouvant permettre aux Camerounais ordinaires de jouir librement de leurs droits.
Par conséquent, les journalistes qui veulent suivre M. Tchiroma risquent surtout de le décharger de toute responsabilité pour les dommages que son administration cause au pays. Identifier et dénoncer ces dommages est important pour la crédibilité des institutions camerounaises, qui sont en réalité plus désorganisées et improductives que Mr. Tchiroma le prétend.
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