Deux trafiquants de produits fauniques ont été condamnés à trois mois d'emprisonnement fermes chacun par le Tribunal de Première Instance de Titbati. Les deux hommes, Ndjoheu Jean Marie et Nwana Doh Felix avaient été arrêté à Ngaoundal le 30 août 2016 avec plus de 100 kg d'écailles de pangolins géants qu'ils tentaient de vendre. Ils ont été condamnés à payer des amendes et des dommages-intérêts d’un montant de plus de 8 millions de francs CFA.

L'opération et le suivi juridique de l’affaire, s'inscrivent dans le cadre du programme d'application effective de la loi sur la faune lancée en 2003 par le ministère des Forêts et de la Faune pour traquer et poursuivre les infracteurs à la loi faunique.

Beaucoup avait attendu avec impatience l'issue de ce procès dont l'un des trafiquants jouissait d'une grande popularité dans la ville de Tibati. Nwana Doh Felix, connu sous le pseudonyme d' Eto'o, était bien connu de nombreux fonctionnaires en charge de l'application de la loi, notamment les magistrats et des autorités administratives, et l’on craignait qu'il ne puisse y avoir des interventions à cause de ces nombreuses connexions. Le juge chargé de l'affaire, l'a entrevu autrement et a décidé d'infliger une peine de prison au célèbre Eto'o.

Il a ainsi saisi l'occasion pour transmettre un message fort contre les trafiquants des produits de la faune dans une zone bien connue pour les activités de trafic. La ville est proche du parc national du Mbam Djerem qui a été créé en 2000 pour protéger les différentes espèces sauvages et leur habitat. Tibati sert de base au trafic en raison de sa proximité avec ce parc et les activités de trafic de la faune se prolongent jusque dans les centres commerciaux de Yaoundé et de Bertoua.

L'opération qui a conduit à l'arrestation a été réalisée avec l'assistance technique d'une ONG internationale dénommée LAGA et l'équipe d'arrestation comprenait des éléments de la brigade territoriale de gendarmerie de Ngaoundal. Lorsque les informations sur l'arrestation ont été reçues par le Sous-Préfet de Ngaoundal, il s’était immédiatement rendu à la brigade territoriale de la gendarmerie où il s’est brièvement entretenu avec le chef de cette unité et avait promis son soutien pour les poursuites judiciaires contre ces trafiquants.

Des sources proches de l'affaire révèlent que le principal trafiquant avait transporté les écailles de pangolins de Tibati où il réside pour Ngaoundal où il avait l'intention de conclure la transaction et peu avant son arrestation, il a loué un véhicule qui a transporté la balance et s'est stationné devant un bar où le conducteur et son assistant y ont chargé les écailles qui étaient dissimulées dans des sacs de riz. Ils ont été interpellés avant d'avoir achevé leur transaction.

Les écailles de pangolins sont rapidement devenues une marchandise de choix pour les trafiquants de la faune qui ont les compétences organisationnelles nécessaires et la logistique pour la manutention, car ils sont volumineux. Les rapports en ligne révèlent que plus de 4 tonnes d'écailles de pangolins expédiées du Cameroun ont été saisies à Hong Kong au cours de cette année. L'augmentation de l'ampleur du commerce oblige certains conservateurs à réclamer la destruction des stocks d’écailles saisis. C'est le cas des stocks d'ivoire qui ont été détruits par plusieurs pays, fatigués de voir la population d'éléphants déclinée du fait de l’abattage pour leur ivoire.