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© Mutations : Didier Kamdem
- 08 Dec 2016 11:45:03
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CAMEROUN :: Bamenda : Peur sur la ville :: CAMEROON
Des vandales continuent d’y dicter leur loi, malgré le déploiement des hommes en tenue.
15h05. Le pas pressant, Pierre T., agent de l’état en service aux finances, décide de regagner son domicile à Bamenda. Alors qu’il a l’habitude d’y arriver entre 20h30- 21h, après avoir passé des moments de détente avec ses collègues. Hier mardi, 06 décembre 2016, il est d’autant plus engagé à retrouver sa petite famille que le climat a changé. Bamenda est plongée dans une insécurité totale, caractérisée davantage par des scènes d’arnaque, perpétrées par des vandales qui ont pris l’habitude, depuis les grèves enregistrées ces derniers temps, d’exiger une sorte de « péage » aux populations, pour traverser des barrières érigées dans quelques quartiers.
Une situation qui pousse des populations, jadis noctambules, à s’adapter à la nouvelle donne teintée de racket. « C’est devenu compliqué. Si vous ne rentrez pas tôt, ces gars vont vous spolier », rapporte Pierre T. avant d’indiquer que la semaine dernière, au moment où la grève battait son plein, il a déboursé 1000 FCFA pour se tirer d’affaire. Maintenant, il vaut mieux arriver plus tôt pour éviter de débourser encore un Kopeck.
«J’ai l’impression que la crise actuelle profite à certaines personnes, davantage des badauds qui se remplissent les poches », ajoute-t-il. Un témoignage parmi tant d’autres, qui montre à quel point une partie de Bamenda est entre les mains des vandales. Une ville où la violence a repris à nouveau, lundi dernier, surtout avec l’entrée en scène des syndicats de commerçants et des chauffeurs taxi qui appellent à une grève, afin d’exprimer leur solidarité aux exigences des enseignants et des avocats, auteurs des mouvements d’humeur qui secouent la ville, il y a quelques semaines.
Ce serait sans doute de lundi à mercredi, toutes les semaines, apprend-on. En application de ce mot d’ordre, lundi dernier, la plupart des marchés sont restés fermés. Il en est de même des taxis et autres cars de transport qui n’ont pas assez circulé dans une ville, devenue morte par la volonté des brigands. « Beaucoup de gens n’ouvrent pas ou ne circulent pas par peur. Parce qu’on ne sait jamais à quel moment on peut être attaqué », raconte une commerçante à Food market. Il faut donc être prudent en fermant.
Ce qui se voit dans différents lieux de commerce : marché central, Food market, Ntarinkon market, Nkwen market etc. si à Up station, quartier qui abrite des services militaires et administratifs la vie ne tourne pas au ralenti, ailleurs, dans la cuvette, des vandales tentent de contrôler le terrain : «Ce que j’ai vu lundi dernier n’est pas normal. Des gens ont arrêté de travailler, parce qu’ils ont eu peur de représailles de la part des badauds», témoigne une source.
Non sans décrire ce qui s’est produit par la suite : « Des gendarmes ont donc débarqué au lieu-dit City Chemist pour démonter des barricades posées. C’est alors qu’ils ont interpellé quatre conducteurs de moto », ajoute-t-elle. Dans le véhicule des gendarmes, on retrouve ce quatuor et des motos : « Quand les gendarmes arrivent à la légion de gendarmerie à Up Station, ils sont suivis d’une dizaine de conducteurs de moto ». Des ‘‘benskineurs’’ qui se concertent pour vouloir attaquer l’un des symboles de la puissance publique.
Il est presque 11h30 quand le commandant de la légion est au parfum du coup qui se prépare. Une offensive s’organise pour rattraper quatre de ces conducteurs de moto et six engins. Entretemps, l’école reste morte. Pas une seule silhouette dans une cour de récréation. À Bamenda, l’environnement a pris un coup, avec le gaz lacrymogène qui se répand presque partout : Round about, Travellers etc.
Puisque pour éviter d’essuyer des projectiles des vandales, des forces du maintien de l’ordre sont obligées de réagir en aspergeant la zone. Et pour se protéger, le prix du cache-nez a augmenté. Il est passé de 100 à 200 FCFA.
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