Chantal Biya : A l’hameçon des pêcheurs en eaux troubles
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Le nom de l’épouse du chef de l’Etat, dont la passion pour l’humanitaire est incontestable, est mis à contribution pour des desseins inavoués.

Il est difficile au Cameroun qu’il se passe une journée sans qu’on entende sur les antennes des radios et télévisions, ou qu’on ne lise dans les journaux, le nom de l’épouse du chef de l’état. Chantal Biya est omniprésente dans l’actualité, non seulement à cause de son statut, mais aussi parce qu’elle est citée dans toutes les chansons, citée dans tous les discours et placardées sur toutes les affiches. Marraines à gauche et bienfaitrice à droite, on fini par penser que si elle n’arrache pas la vedette à son président de mari, elle partage tout au moins la popularité avec lui.

Même si ce n’est pas forcément dans le même sens. Au point où des universitaires ont trouvé un caractère scientifique à son œuvre sociale en lui octroyant trois jours d’un colloque. Un jour de plus que celui de «investir au Cameroun» organisé par le président de la République en mai dernier. Le louvoiement, le clientélisme et même l’affairisme semblent avoir fait leur lit autour du nom de la fille de Rosette Ndongo Mengolo, de regrettée mémoire. L’ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco est tellement sollicitée par ses compatriotes qu’on est en droit de se demander si toutes cette activité sied aux épaules d’une ossature juste vielle de 46 ans.

Nous sommes le 23 avril 1994. Via la chaîne publique de radiodiffusion, les Camerounais apprennent que leur président de la République vient de convoler en secondes noces. L’heureuse élue s’appelle Chantal Pulchérie Vigouroux, désormais Chantal Biya. Si ses camarades de classe et autres amis d’enfance ne se retrouvent pas dans cette nouvelle identité, il n’en demeure pas moins qu’à partir de cet instant, quelque chose va changer dans les rapports sociaux entre le pouvoir et le peuple.

L’enthousiasme, l’apparente  innocence et le sens du relationnel de la nouvelle épouse du président bousculent quelque peu les règles du protocole et fait jaser dans les chaumières. Chantal Biya est là et impose sa marque. Autour d’elle vont aussitôt commencer à naître des initiatives de tous ordres dont la sincérité et le caractère philanthrope des auteurs et acteurs n’a d’égal que la convoitise que suscite la nouvelle position de la petite écolière de Dimako. Petite bourgade de l’est Cameroun, célèbre par l’activité forestière qui y était prospère dans les années 80.

Absences

L’originaire de la Haute Sanaga, département du Centre Cameroun, qui a gagné des concours de beauté dans sa tendre jeunesse, se retrouve ainsi citée comme marraine de plusieurs associations qui fleurissent autour d’elle. Jeunesse active pour Chantal Biya (Jachabi), les homonymes du couple présidentiel, et autres. Des œuvres plus moins formelles autour de la légitimation de l’action sociale de la première dame naissent à leur tour. Le Centre international de recherche Chantal Biya (Circb), la Fondation du même nom, le Cercle des amis du Cameroun, etc. le sport n’est pas en reste et le tour cycliste dédié à la «dame de cœur» voit le jour.

Petit à petit la première dame s’impose au paysage et ses absences suscitent moult commentaires. Entre fugue et vacances, chacun y va de son petit mot sur les absences de la First Lady. Son absence à la dernière célébration de la fête de l’unité nationale au boulevard du 20 mai, ainsi que les allers et retours de son époux pour des brefs séjours en Europe, vont raviver les imaginations des uns et des autres.

Une liste d’exigences préalables à son retour sera même publiée dans certains journaux se disant «au fait» de la moindre scène de ménage au Palais. Tant il est vrai qu’on lui prête une certaine influence dans l’exercice du pouvoir discrétionnaire de son époux. La fondatrice des synergies africaines a tout au moins le mérite de la tenue du pari sur sa capacité à s’imposer au milieu de cette armada de têtes bien faites et bien pleines. Tenant malgré tout à rester une épouse et une mère ordinaire.

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