Finances publiques : La facture salée des évacuations sanitaires
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La rubrique «voyage» de la balance des services est déficitaire pour tous les pays de la Cemac. Outre les études, missions et vacances à l’étranger, les évacuations sanitaires sont aussi parmi les causes de cette situation qui réduit le stock des devises de la sous-région et limite la capacité d’importation des Etat.

La pratique est courante mais les statistiques sont inaccessibles pour le grand public. Il est difficile au Cameroun, comme dans les autres pays de la Cemac, de connaitre combien de personnes bénéficient exactement d’évacuations sanitaires à l’étrangers. Dans cette cachoterie, le Gabon fait exception en jouant la carte de la transparence. Ainsi, dans son volet évacuation sanitaire, la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (Cnamgs) a envoyé se faire soigner à l’étranger 1488 patients en cinq années d’exercice, pour une enveloppe de 13,977 milliards de FCFA. En 2012, la Cnamgs avait effectué 246 évacuations sanitaires à  l’étranger pour un coût de 2,534 milliards de FCFA, contre 158 évacuations sanitaires pour un montant global de 1,7 milliards de FCFA en 2011.

Au Cameroun, les chiffres les plus récents datent de plus de dix ans. En 2008, la direction de l’organisation des soins et de la technologie sanitaire du ministère de la Santé évaluait le nombre d’évacuations sanitaires du Cameroun à une soixantaine de cas pour un coût avoisinant plus d’un demi-milliard de FCFA selon ses estimations. Un chiffre qui a bien évolué aujourd’hui. Dans le rapport «Politique d’accueil des patients non-résidents» publié en juillet 2015, la Commission médicale d’établissement de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (Aphp), un réseau d’hôpitaux français indique que rien qu’en 2014, le Cameroun a fait interner 213 patients dans les hôpitaux français contre 160 en 2010; précisant qu’il s’agit «pour l’essentiel d’évacuations sanitaires».

Le montant de ces opérations n’est pas connu mais le coût doit être conséquent car une évacuation sanitaire par Europ Assistance par exemple coûte 20 à 40 millions de FCFA au contribuable camerounais. A cette dépense, il faut rajouter les frais de mission du malade, du médecin ainsi que de l’accompagnateur, ambulance au départ et à l’arrivée, hospitalisation à Paris pendant plus d’une quinzaine de jours, examens et contrôles externes qui vont suivre pendant une durée plus ou moins. Pour le cas de la France par exemple, le nombre croissant d’évacuations sanitaires induit une charge financière telle que les pays accumulent des dettes.

Ainsi, le Cameroun était quatrième parmi les mauvais payeurs africains avec une dette de xxx, derrière l’Algérie (19 milliards FCFA pour 2439 patients en 2014), le Maroc (7 milliards), la Tunisie (2 milliards). Avec 267 patients expédiés en hexagone en 2014 contre 220 en 2010, le Gabon s’est retrouvé avec 1 862 574,19 euros soit 1,221 milliard de FCFA de dette auprès du réseau Aphp. De son côté, le Congo affichait une ardoise de 1 217 508,83 euros soit 798,195 millions de FCFA. Les  chiffres démontrent ainsi que les besoins sont sans cesse croissants alors qu’avec la conjoncture économique actuelle, les moyens de financement, eux, tendent à s’épuiser. Pour preuve, presque chaque pays prévoit l'élimination progressive des évacuations sanitaires à l'étranger.

D’une manière générale, les évacuations sanitaires mettent à rude épreuve les Finances publiques des Etats de la sous-région. Le rapport annuel 2015 de la zone franc publié par la Banque de France début octobre 2016 montre les pays de la Cemac affichent tous un solde déficitaire de la balance des services (différence entre les services consommés à l’étranger comme les voyages, les études, évacuations sanitaires, etc. et les services que les étrangers consommes dans les différents pays de la région).

Ainsi, «le déficit de la balance des services s’est légèrement creusé, passant de 5277,9 milliards de FCFA (–10,8 % du PIB) en 2014 à 5376,5 milliards de FCFA (–12,4% du PIB) en 2015», note le rapport. D’une manière spécifique, le document révèle que le déficit de la balance des services du Cameroun, s’est accentué de 87,5 milliards de FCFA sur un an, atteignant désormais 2,4% du PIB, du fait d’une hausse des principales importations de services; en Centrafrique, le déficit de la balance des services a été de 59 milliards de FCFA (6,5% du PIB) en 2015; 1432,2 milliards de FCFA au Congo (+18,4%), 875,3 milliards de FCFA au Gabon; 1174,58 milliards FCFA (23% du PIB) en Guinée Equatoriale; 1416,5 milliards (18% du PIB) au Tchad.

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