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© Correspondance : Enoh Meyomesse
- 09 Sep 2016 14:56:13
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Cameroun: La logique de la fraude électorale en Afrique subsaharienne :: AFRICA
« En Afrique, un chef d’Etat ne perd pas les élections » : telle est la logique qui habite les régimes politiques africains. Leurs défenseurs poussent d’avantage leur raisonnement : « …imagine-t-on un chef humilié ? Il est un personnage sacré ». Naturellement, un parallèle est rapidement établi avec l’Europe. « Les rois, en Europe, sont inamovibles ; pourquoi voulez-vous qu’il n’en soit pas de même pour un président de la République en Afrique où les pays se construisent encore ? »
D’autres défenseurs du régime affirment que la longévité au pouvoir, c’est-à-dire la stabilité politique (ils font sciemment l’amalgame entre longévité et stabilité) d’un chef d’Etat en Afrique est gage de progrès pour le pays. « Les pays occidentaux peuvent se permettre de changer de présidents fréquemment, ils sont déjà développés, nous, nous ne le sommes pas encore » entend-t-on également dans la bouche des propagandistes de chaque régime. Tout ceci aboutit à un fait, la fraude électorale, au bénéfice du président de la République, doit être pratiquée pour le bien du pays. En conséquence, les gens fraudent aux élections la conscience totalement tranquille. Telle est la justification de la fraude électorale en général. Mais, il y existe d’autres justifications de la fraude électorale au Cameroun.
Nous fraudons pour le bien de la Communauté ethnique.
De nombreuses personnes pratiquent la fraude électorale pour le compte, affirment-elles, de la communauté ethnique à laquelle elles appartiennent. Elles estiment en effet que, les élections sont l’occasion pour le président de la République de découvrir les régions qui lui sont hostiles tout comme celles qui ne le sont pas. Si jamais une région venait à être classée dans la catégorie « hostile », celle-ci ne bénéficiera, pendant toute la durée du mandat, d’investissements de l’Etat. Elle sera marginalisée. En conséquence, il faut tout faire pour barrer la route, dans la région, à cette mauvaise graine qu’est l’opposition. Voter pour elle n’apporte rien. Au contraire, plutôt des ennuis.
Pour cette raison fondamentale, les « élites » d’un département, d’un arrondissement, d’une région, préparent méticuleusement la fraude à chaque scrutin. Il ne faudrait pas que leur région, département ou arrondissement soit marginalisé, montré du doigt comme étant opposé au président de la République.
On s’explique par cette logique les récriminations rocambolesques et extravagantes qui surgissent de partout, au Cameroun, après chaque scrutin : « …telle région a accordé moins de voix que nous au président de la République ou à son parti politique, mais tel poste important lui est revenu ; c’est injuste.. »
Les fameuses « élites » africaines sont ainsi passées maîtres dans le tribalisme. Elles estiment qu’un poste important dans l’administration publique ou une entrée au gouvernement est un cadeau à la tribu. En conséquence, si la tribu désire en acquérir d’avantage, il faudrait que ses résultats électoraux, en faveur du président de la République, soient « irréprochables ». Ces personnes en arrivent ainsi à rivaliser en fraude électorale au nom des voix à apporter au président de la République pour pouvoir ramener des postes importants à la région, à l’arrondissement, au département. On s’explique également ainsi le fait qu’elles constituent le plus grand ennemi de la démocratie et des partis politiques de l’opposition à travers le territoire.
La fraude par gratitude envers le chef de l’Etat.
Une autre justification de la fraude électorale est basée sur la « gratitude à au chef de l’Etat ». Gratitude au nom d’une nomination ou d’in investissement de l’Etat dans la région.
La perversion de la politique en Afrique a fait que les nominations soient, avant tout, dans l’esprit de la population, et très probablement dans celui des présidents africains des « cadeaux » de ce dernier aux régions, aux départements, aux arrondissements, ainsi que nous venons de l’évoquer plus haut. En conséquence, les « élites », tout comme du reste la population, s’estiment être dans l’obligation de les « remercier » pour quelle que sordide nomination que ce soit, en se livrant à la fraude électorale. Elles doivent, à cet effet, coûte que coûte réaliser des scores proches de 100% en sa faveur ou de son parti politique.
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