OTAGES DE LAGDO : Les familles crient leur ras-le-bol
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L’affectation du sous-préfet a refroidi leurs ardeurs à l’audience du 6 avril dernier à Garoua, consacrée à l’audition des accusés.

L’audience consacrée à l’audition des accusés, dans l’affaire des otages de Lagdo, s’est ouverte le 6 avril dernier. Au total, ce sont 7 sur les 12 accusés qui ont été entendu devant les juges du tribunal militaire de Garoua. Comme à l’ouverture du procès, tous ont continué de nier en bloc les faits qui leur sont reprochés. Après la fin de l’audition des témoins de la partie civile, le tribunal s’est donc employer à écouter les versions des accusés et l’audience a été renvoyée au 3 mai 2016 pour la suite de l’audition des accusés.

Au cours de l’audience de ce 6 avril 2016, la vedette était incontestablement Daouda Issa, le sous-préfet de Lagdo, qui était pourtant absent. Il n’y en avait que pour lui dans les conversations des familles des otages de Lagdo qui, comme à l’accoutumée, constituent l’essentiel du public au cours des audiences consacrées à cette affaire. En fait, la veille de l’audience, le sous-préfet de Lagdo a été muté dans l’arrondissement de Batcham par un décret du président de la République. Acteur majeur de l’affaire des otages de Lagdo, il a déjà pourtant été entendu devant le tribunal militaire.

Selon Me Oumarou, avocat commis d’office pour la défense, sa présence n’est plus nécessaire au tribunal. Un avis que ne partagent pas du tout les familles des otages. «En fait, j’avoue que je ne comprends pas trop ce qui se passe ici à Garoua. L’enlèvement de nos parents a commencé avec ce type. Du jour au lendemain, on nous dit qu’il s’en va à l’Ouest, laissant derrière lui le problème. Même si aujourd’hui, il est établi qu’il n’y était pour rien dans cet incident, il reste qu’il était le sous-préfet de Lagdo au moment des faits, et surtout, c’est à cause de lui que nos parents ont été enlevés, si tant est qu’ils revenaient des obsèques de ses beauxparents.

La moindre des choses, c’était qu’il se batte pour obtenir leur libération. Tout ce qu’il a trouvé à nous dire jusqu’à présent, c’est que nous devons garder espoir ; il y travaille avec les autorités depuis plus d’un an déjà, avec zéro résultat. Et le voilà qui s’en va», fulmine le fils d’un des otages.

DISTRACTION

Pour les familles des otages, dont le nombre se  réduit au fil des audiences, le procès de Garoua est une distraction. En effet, selon les sources proches du tribunal, l’objectif du procès n’est pas de parvenir absolument à la libération des otages. Il s’agit pour le ministère public d’obtenir simplement la condamnation des hommes sur qui pèsent des soupçons de complicité d’enlèvement des otages de Lagdo. «Au début, nous avons cru que les révélations nous permettraient d’avancer sur la compréhension de cette affaire.

Plus l’audience avance, plus on a clairement l’impression que c’est de la distraction. Moi particulièrement, j’ai assisté à toutes les audiences jusqu’aujourd’hui, je n’ai rien vu ou compris de concret pouvant conduire à la résolution ou à la libération de nos parents. Le type sur qui nous comptions le plus s’en va à l’Ouest. Son remplaçant va arriver et on va nous ressasser des histoires du genre : il faut qu’il prenne le temps de s’imprégner du dossier et patati patata.

Franchement, on est fatigué, on veut même seulement savoir s’ils  vivent ; c’est insupportable. Pour des expatriés, on a vu toute la République au sommet se bouger. Pour nos parents, il y personne pour nous donner même des simples nouvelles», ajoute notre interlocuteur qui fond en larmes.

En rappel, cela fait plus d’un an que le maire de Lagdo, Mama Abakaï, et 15 de ses compagnons, tous des forces vives de la ville de Lagdo et militants du Rdpc, ont été enlevés près de Garoua-Boulaï. C’était précisément dans la nuit du 19 au 20 mars 2016, alors qu’ils revenaient tous des obsèques de la mère du sous-préfet, Daouda Issa.

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