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© Le Jour : Jules Romuald Nkonlak
- 08 Apr 2016 01:13:23
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CAMEROUN :: Recul : Les libertés confisquées de 1990 :: CAMEROON
Comment le pouvoir a récupéré les concessions qu’il a faites à ses opposants suite à la pression de la rue et de l’extérieur.
Le 19 février 1990, Me Yondo Black Mandengue, avocat, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Cameroun et d’autres personnes sont arrêtés. Leur interpellation intervient après celle d’autres personnes qui étaient accusés d’avoir participé à des réunions. Dans l’opinion, il se répand rapidement l’idée selon laquelle Yondo Black et les autres ont été arrêtés pour avoir voulu créer un parti politique.
Chez l’ancien bâtonnier, un document intitulé «Coordination Nationale pour la démocratie et le multipartisme » avait été retrouvé. Le régime, dans un communiqué publié le 13 mars 1990 se défend d’avoir arrêté yondo Black et les autres (Anicet Ekané, Henriette Ekwe, Vincent Feko, Francis Kwa Moutomé, etc.) pour avoir tenté de créer un parti politique. Ils sont plutôt accusés d’avoir violé les dispositions de l’ordonnance 62-OF- 18 du 12 mars 1962 réprimant la subversion. L’indignation grandit. Des protestations surgissent de toutes parts. A l’ouverture du procès que l’on désignera comme « l’affaire Yondo Black », près de 200 avocats sont présents pour dire leur indignation.
Le 27 mars 1990, lors d’une session extraordinaire du barreau à Douala, le bâtonnier Bernard Muna a clairement posé la question des entraves aux libertés publiques au Cameroun. « Supposons que les dix détenus aient effectivement organisé des réunions clandestines, aient distribué des tracts critiquant le gouvernement, la question que l’on doit alors se poser est de savoir pourquoi ils ont dû tenir leurs réunions de manière clandestine et dû critiquer le gouvernement avec des tracts anonymes alors que le droit de tenir des réunions et de former des associations est garanti par notre constitution, ainsi que par la charte africaine…La réponse à cette question est simple : au Cameroun, au cours des 25 dernières années, les citoyens qui ont osé exercer leurs droits ont été arrêtés, torturés et emprisonnés », a-t-il déclaré.
Au fil des semaines, les pressions aussi bien de la rue que de puissances extérieures se sont exercées sur le pouvoir de Yaoundé. Le 26 mai 1990 à Bamenda, le Social Democratic Front (Sdf) de John Fru Ndi organise une marche à l’occasion du lancement du parti. Celle-ci est violemment réprimée par la police. Bilan : six morts. La rue continue de gronder et les pressions s’intensifient. Même à l’intérieur du Rdpc, le parti au pouvoir, on ne regarde plus forcément dans la même direction. Il y a certes ces marches qui disent non au « multipartisme précipité », mais il y a aussi d’autres sons de cloche.
Session des libertés
Le 9 juin 1990, John Ngu Foncha démissionne de son poste de premier vice-président du bureau politique du parti. La pression devient si forte que le 28 juin, lors d’un congrès du Rdpc, Paul Biya annonce aux militants de son parti la possibilité d’une concurrence. Il déclare notamment : « Le Rdpc doit se préparer désormais à une concurrence éventuelle ». Et les choses vont aller très vite.
La fameuse ordonnance de 1962 portant répression de la subversion est abrogée en novembre par l’Assemblée nationale. Quelques jours plus tard, cette même Assemblée nationale se réunit dans le cadre d’une session spéciale baptisée « session des libertés ».
Le 19 décembre 1990 en effet, l’Assemblée nationale du Cameroun a adopté un certain nombre de textes, notamment les lois portant création des partis politiques, fixant régime des réunions et manifestations publiques, portant sur le maintien de l’ordre, relative à la communication sociale, ou encore portant sur la liberté d’association… Une véritable révolution quand on regarde ce qui existait avant.
Le multipartisme est arrivé. La constitution de 1996 l’a intégré. Pourtant, plus de 20 ans après, les faits font penser qu’il y a eu un véritable recul dans l’expression des libertés publiques au Cameroun.
En réalité, on constate que le pouvoir en place a été contraint (par les grondements de la rue et les revendications de leaders de l’opposition naissante) de tenter les avancées qui ont abouti aux lois de décembre 1990. Pour Bernard-Raymond Guimdo, « ce changement est le fruit à la fois de pressions internes et externes » (Repenser et reconstruire l’opposition camerounaise, Ed. du Terroirs, 2014).
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