Paradoxe : Pourquoi les Camerounais ont soif et les pieds dans l'eau ?
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Paradoxe : Pourquoi les Camerounais ont soif et les pieds dans l'eau ? :: CAMEROON

Deuxième potentialité en hydroélectrique en Afrique, le Cameroun peine à donner à sa population une eau potable.

Quel que soit le bout par lequel on prend la question de l’accès à l’eau potable au Cameroun, le sujet illustre à souhait l’incapacité des pouvoirs publics à planifier le développement dans la durée. Tenez, en 2015, seuls 36% de ménages au Cameroun bénéficient d’un accès à l’eau potable. Le reste fait recours au système D et ses cortèges de maladies, source d’appauvrissement de la classe moyenne.

Le mal est tellement profond qu’il concerne non pas les laisser-pour compte installés dans les bleds, mais Yaoundé, la capitale politique n’est pas à l’abri. L’Assemblée nationale, une institution de souveraineté est régulièrement victime de coupure d’eau. Des questeurs sont souvent obligés de faire venir l’eau dans des bidons pour aller aux toilettes, eux qui ont des bureaux au sein de l’auguste institution.

Yaoundé, le siège des institutions de la République du Cameroun a besoin de 315 000 m3/jour pour ses deux millions d’habitants. Or, l’usine de traitement d’eau d’Akomnyada, adossée sur le Nyong, unique source d’alimentation en eau potable de la ville produit dans le meilleur des cas environ 100 000 m3/jour.

Conséquences, il existe un déficit de la production de l’ordre de 215 000 m3/jour. Les yaoundéens ont donc soif. Certains se ruent vers les points d’eaux dont certains situés non loin du palais de l’unité où travaille et dort le président de la République. Pour juguler cette crise, l’on a mis sur piedsun programme de rationnement qui consiste à priver tel quartier pendant un ou deux jours et alimenter tel autre. Sauf que ce plan est aussi mis à mal par l’instabilité de l’énergie électrique et la topographie de la ville de Yaoundé.

Selon des sources au ministère de Mines et de l’Energie, Camwater à mis sur pied un programme d’investissement. Il s’agit du projet de reconstruction de l’usine de la Mefou qui apportera entre 50 000 à 60 000 m3/jour, sur financement conjoint AFD/BEI ;le projet de renforcement de la capacité de traitement de l’usine d’Akomnyada (Mbalmayo) qui apportera 35 000 m3/jour supplémentaires, sur financement de la Banque Mondiale. Le projet devait aboutir en 2015. Rien n’y est fait. L’eau manque à Yaoundé.

« Face à cette situation, et surtout au comportement de plus en plus  inquiétant du cours du Nyong à Mbalmayo, dont le débit en période d’étiage ne permet pas toujours à l’usine de traitement de produire la quantité d’eau optimale, les pouvoirs publics se devaient de trouver une solution à cet épineux problème. D’où le projet d’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé et ses environs à partir du fleuve Sanaga (PAEPYS) dont la première phase produira 300 000 m3/ jour extensible à 400 000 m3/jour ». Le projet n'a pas encore changé le quotidien de Camerounais.

Mais le problème d'eau ne concerne pas que la ville de Yaoundé. C'est un problème auquel fait face l’ensemble de Camerounais. Dans le milieu rural, c’est encore plus prononcé. Le gouvernement a commencé à entreprendre des réformes. « Ces réformes visent à promouvoir  l‘accès de tous à l‘eau potable à l‘horizon 2025 en renforçant notamment les actions‘approvisionnement retenues dans le Programme " Hydraulique Rurale II ».

A en croire ses concepteurs , ce programme vise à rendre disponibles les services adéquats d‘assainissement, pour la protection et l‘évaluation de la qualité et de la quantité de l‘eau en considérant l‘intégrité de l‘écosystème naturel, la santé publique et la valorisation des ressources humaines et identifier des indicateurs objectifs et pertinents pour la programmation et la gestion intégrée des projets d‘eau potable et L‘accès à l‘eau potable et aux infrastructures d‘assainissement de base en milieu rural est limité. Il existe donc un réel besoin de : (i) réhabiliter les infrastructures existantes réalisées dans leur très grande majorité depuis plus de 20 ans ; réaliser des extensions des réseaux existants qui n‘ont pas suivi le rythme d‘expansion urbain et démographique, favoriser la réalisation des programmes de branchements à grande échelle ».

Par ce programme le gouvernement compte porter le taux d‘accès à l‘eau potable à 75 % en 2020.Certaines actions prioritaires sont à mettre en oeuvre à cette échéance, notamment la réalisation de 700 000 branchements en milieu urbain, 40 000 équivalents points d‘eau en milieu rural, 1 200 000 latrines, ainsi que la réhabilitation de 6 000 équivalents points d‘eau en milieu rural. C'est encore des  projets. Le peuple a pourtant soif.

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