Il y a Monique Koumateké dans un état où je ne pourrais jamais la rejoindre parce qu'elle est telle avec son histoire et aujourd'hui elle est tellement abîmée, elle est morte en emportant avec elle deux enfants pas si innocents que cela car dès leur conception ils avaient déjà perdu la chance de naître ici au Cameroun.

Oui, ils n'avaient aucune chance dans tous les sens du terme - dans un songe, dans une pensée, dans un amour ou dans une détresse autre que celle qu'ils ont vécu. Maintenant nous nous sommes engagés dans un combat et j'ai peur qu'il devienne un folklore de photos, des images pittoresques et loufoques, une façon pour la médiocratie de nous désorienter même malgré nous. La page est tournée avant même que les trois êtres ne soient semés en terre. Pourtant il est certain que nous avons éprouvé quelque chose qui est allé de ces trois êtres à nous et de nous à eux, c'est ce que j'appelle le socle commun de souffrance pour que naisse l'humaine condition.

Nous appartenons à la même humanité qui est trahie, nous sommes faits de la même matière, matière perdue, exposée, faible mais aussi lumineuse et irradiante, alors ne laissons pas tomber ne perdons pas ce combat pour une santé pour tous, pour une dignité pour tous dans notre pays.