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© Pour Camer.be : Enoh Meyomesse
- 18 Feb 2016 23:05:39
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Moussa Yaya célébré, Moussa Yaya ennemi juré des indépendantistes camerounais : l’autre face du personnage qu’il ne faudrait pas dissimuler. :: CAMEROON
A l’heure où la ville de Garoua célèbre la mémoire de Moussa Yaya Sarkifada, il est important de révéler la face cachée de ce personnage violemment anti-indépendantiste comme son ami et protégé Ahmadou Ahidjo. Ceci est fondamental pour la reconstitution de l’histoire de notre pays.
Dans l’opuscule intitulé « Premier stage de formation des responsables de l’Union Camerounaise » (Imprimerie Nationale, Yaoundé, 1961), Moussa Yaya Sarkifada, un des piliers du régime d’Ahmadou Ahidjo, évoque la mémoire de Ruben Um Nyobè, et fait étalage du discours haineux développé, par l’Union Camerounaise, à son endroit (pages 30, 31, 32) :
« … Ruben Um Nyobè, bien qu’en fuite, ne quitte pas le Cameroun. Il vit dans la forêt bassa, du côté d’Eséka (…) les terroristes tuent, incendient, pillent, violent. Les militaires font ce qu’ils peuvent pour anéantir l’adversaire et protéger les populations. Bien sûr, il y a des erreurs, des éclaboussures. Ici, il convient de noter que la plupart des victimes des « maquisards » bassa, étaient originaires de la Sanaga-Maritime et du Nyong & Kelle. On disait même que c’était des règlements de comptes entre Bassa (…). Vint septembre 1958. Surpris dans son repère en forêt bassa, Ruben Um Nyobè, secrétaire général de l’UPC, qui animait le C.N.O. (armée terroriste dite de libération nationale) essaie de fuir, mais tombe mort sous les balles des forces de l’ordre. Une page de l’histoire du Cameroun venait de se tourner : le maquis bassa avait perdu son chef, l’UPC était décapitée. Cependant, son action destructrice et antinationale continue à faire des ravages, à endeuiller le pays… »
Ce passage appelle quelques remarques. « Les terroristes tuent, incendient, pillent, violent ». Moussa Yaya Sarkifada, l’auteur de ces lignes, omet de révéler qui les « terroristes », ainsi qu’il désigne ceux grâce à qui il était devenu un grand homme politique après l’indépendance (vice-président à vie de l’Assemblée nationale), tuent, et pourquoi. Il ne peut le dire, car, en sa qualité de laquais des colonialistes français, il tait volontairement le fait que les « maquisards » ripostaient aux exactions de l’armée française au Cameroun, qui punissait l’UPC d’avoir introduit l’idée de réunification et d’indépendance dans la tête des Camerounais. La preuve en est que, plus loin il écrit : « les militaires font ce qu’ils peuvent », mais ne dit pas de quels militaires il s’agit. Le Cameroun, en tant que colonie, ne disposant pas encore d’armée, ces fameux « militaires », dont il parle, ne sont rien d’autre que ceux de l’armée coloniale française. Plus loin, il reconnaît les exactions de cette armée, mais les minimise : « Bien sûr il y a des erreurs, des éclaboussures… » Mais, il se rattrape bien vite, en réduisant la guerre d’indépendance en une série de règlements de comptes entre Bassa :
« …il convient de noter que la plupart des victimes des « maquisards » bassa, étaient originaires de la Sanaga-Maritime et du Nyong & Kelle. On disait même que c’était des règlements de comptes entre Bassa… »
Quelles sont les « éclaboussures », mot inoffensif de Moussa Yaya Sarkifada, de l’armée française au Cameroun ? Des centaines de villages rasés en pays bamiléké, tout un quartier incendié à Douala le dimanche 24 avril 1960 avec un bilan de près de 500 morts et de 3.000 personnes devenues sans abri, à en croire « La Presse du Cameroun », journal colonial détenu par des Français, au cours du fameux incendie du quartier Congo, et dont le donneur d’ordre reste à déterminer, car il est plus que probable que ce fut Ahidjo. Depuis des mois, il demandait aux combattants de la guerre d’indépendance de déposer les armes et de se joindre « au vaste chantier de la construction nationale » dans lequel étaient déjà engagés des millions de Camerounais. Ceux parmi eux qui l’ont benoîtement écouté et ont cru à la sincérité de ses propos, ont rejoint en majorité le quartier Congo à Douala. L’incendie de ce quartier, ceinturé par les troupes françaises et des « Nordistes » armés de lances et de flèches afin que personne ne s’échappe du brasier, apparaît ainsi comme un acte prémédité et destiné à liquider physiquement plusieurs opposants camerounais.
Autres « éclaboussures » : des centaines de têtes de Camerounais coupées et exposées à Douala, à Mbanga, à Njombé, à Penja, à Nkongsamba, à Melon, à Kekem, à Bafang, à Bafoussam, à Dschang, à Mbouda, par les « gentilles » « forces de l’ordre » qu’avait demandé à la France son ami Ahidjo le 25 décembre 1959 de ne pas retirer du Cameroun. Le 14 janvier 1960, il lui avait encore demandé d’en accroître même plutôt le nombre. Enfin, le 23 novembre 1960, il avait signé les accords militaires avec la France destinés à légaliser la guerre française au Cameroun et à sauver son régime rejeté par la population. Voici ce qu’avait déclaré le même Moussa Yaya le 7 septembre 1961 sur Moumié Félix :
« …le traître Moumié a endeuillé plusieurs familles camerounaises, nous en subissons encore les conséquences ; mais, par la logique des choses, lui-même a rejoint les cadavres des Camerounais qui lui devaient la mort.
Enfin, il ne faudrait guère passer sous silence la colère de Moussa Yaya lors de la « démission » du Président Ahidjo, dans laquelle il reprochait vivement à son ami d’avoir légué le pouvoir à un « gadamayo ». Cette prise de position de sa part, avait entraîné une grande brouille entre Ahidjo et lui, qui avait duré pratiquement jusqu’à la disparition du Président Ahidjo.
Photo: (c) Peter KUM
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