Présidentielle anticipée : ce sera en 2016
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Le parti au pouvoir soutient une modification de la constitution qui permettrait d’organiser un scrutin présidentiel au cours de cette année. C’est le principal objet du meeting du Rdpc organisé vendredi dernier à Monatélé dans le département de la Lekié. Les manœuvres se précisent.

C’est le centre touristique de Monatélé, chef-lieu du département de la Lekié – région du centre – qui a abrité ce que les organisateurs ont d’abord pudiquement appelé la « concertation de haut niveau de la Lekie […] relative à l’organisation d’une élection présidentielle au Cameroun ». Ici, Henri Eyebe Ayissi, le ministre de l’Agriculture et du développement rural, s’affaire au protocole, reçoit les invités à la rencontre, les installe et règles les derniers détails en personne.

L’assistance – des hauts fonctionnaires de l’administration publique à en juger par le nombre de rutilants véhicules immatriculés ‘CA’ qui encombrent le parking du centre - a encore à l’esprit la dispute publique, il y a quelques mois, entre ce dernier, et le secrétaire d’Etat Benoît Ndong Soumhet, au sujet de la préséance dans le Lékié. Les deux personnalités s’évitent d’ailleurs soigneusement au cours de ce meeting.

Ce qui ne va pas empêcher la tenue de la rencontre. Et après le discours de bienvenue du maire Tsala Messi, c’est Henri Eyebe Ayissi qui va prendre la parole. Dans une salle qui peine à faire le plein d’œuf, le ministre procède à la lecture de la « Déclaration de la Lekié » qui appelle le président Paul Biya à modifier la constitution pour l’organisation d’une élection anticipée en 2016. Le but de cette rencontre « concertation de haut niveau… ».

Dans un ce texte panégyrique, à la gloire des hauts faits du président Paul Biya, comme seuls savent l’écrire les militants du Rdpc, le parti au pouvoir, « la Lékié, unie et solidaire, se prononce en faveur de l’organisation éventuelle, dans l’intérêt national bien compris, d’une élection présidentielle anticipée au Cameroun ». Cet appel avait déjà été fait, il y a quelques jours, par des élites de la région du Nord-ouest, conduites par le ministre chargé de mission à la présidence de la République, Paul Atanga Nji. Seulement, « l’appel de la Lékié » va plus loin, en ce sens que non seulement il appelle à l’organisation d’un scrutin présidentiel anticipé en 2016, mais demande également au chef de l’Etat de modifier la constitution à l’effet d’ajuster le texte fondamental au désir cité supra. Cette révision constitutionnelle devra être faite « à l’initiative du président de la République, dans le respect des dispositions actuelles pertinentes de la constitution de la République du 18 janvier 1996, en ce qui concerne particulièrement la procédure applicable et prévue pour la modification de celle-ci ».

10 millions Fcfa

Bien entendu, ceux du parti Rdpc réunis à ce meeting, dans la phraséologie dithyrambique bien connue « des appels », soutiennent une candidature du président Biya à cette élection présidentielle anticipée, en soulignant au passage « son expérience inégalable de chef d’Etat au plan national et en raison de sa haute stature de sage africain au niveau international ».

Pour ce qui est des raisons d’écourter l’actuel septennat présidentiel du chef de l’Etat, dont l’échéance est fixée, selon la loi fin, 2018, les signataires de l’appel croient savoir très sérieusement qu’il y a urgence. La « déclaration » dresse un tableau qui laisse présager le chaos si le Cameroun n’anticipait pas la présidentielle. Voici ce que la « déclaration solennelle de la Lekié », redoute : « Considérant le souci primordial de conjurer le risque majeur voire le spectre inhibiteur de l’installation progressive, dans notre pays, au cours de la période 2016-2018, d’un climat d’attentisme, au niveau des opérateurs économiques et des investisseurs, tant nationaux qu’étrangers, risque incontestable et incommensurable qu’induit la perspective de la succession, en 2017-2018, de périodes préélectorales et de campagne électorales en vue du renouvellement des deux chambres du parlement de la République ».

Il n’y aurait alors qu’une présidentielle anticipée qui permettrait d’éviter le « phénomène d’attentisme observé, sous d’autres cieux, dans des circonstances similaires ». Et pour soutenir « l’effort de guerre », le meeting a été l’occasion d’annoncer la création d’un « Fonds spécial / Lekié pour la mobilisation départementale en vue de l’Election présidentielle de 2016 au Cameroun ». Fonds auquel le ministre Henri Eyebe Ayissi a promis de contribuer à hauteur de 10 millions Fcfa.

L’appel de la Lekié vient renforcer le mouvement engagé depuis peu par le pouvoir, et qui vise à susciter une modification de la constitution, et une élection présidentielle anticipée sur la base des désirs exprimés par le peuple. Les « appels ». Cependant, un député, membre du Comité central du Rdpc serine sous anonymat que le peuple ne sera pas saisi par référendum sur cette modification constitutionnelle, comme le suggère l’article 63 alinéa 4 de la constitution. Le texte s’y portant devrait descendre au parlement au cours de la prochaine session du Parlement explique-t-il, avant d’ajouter, que l’activisme actuel d’Elecam pour l’inscription sur les listes électorales vise à crédibiliser le corps électoral avant ce scrutin. La manipulation en marche.

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