Notre société n’arrive décidément pas à briser les chaines du complexe. Vis-àvis du blanc cette dépendance psychique atteint des proportions abyssales. Regardez nos filles, elles se blanchissent la peau et rêvent de princes charmants fortunés à la couleur claire. Regardez nos commerces : Auto école Française, London fashion, quincaillerie le « Benguiste ». La touche occidentale continue de faire mouche. Regardez nos écoles obligées de nouer des partenariats souvent fictifs avec des écoles européennes à deux sous juste pour se faire une cosmétique de compétence. Regardez nos télés, des journalistes miment et singent les blancs et engrangent des suffrages dans les chaumières : « il est bon le gars qui parle comme un blanc là », dit-on au quartier.

N’allez donc pas penser un seul instant que c’est la Fécafoot, précurseur s’il en est de ce torticolis mental, et qui a déjà convoyé plusieurs charters de coaches blancs dans notre pays qui oserait la révolution. Le nouveau président de l’instance faitière qui soigne les apparences pour polir un règne inauguré sous le signe de l’illégalité est loin de déroger à la tradition. Il a déjà commis en mission chez les blancs une demi-douzaine de cadres de la Fécafoot pour interviewer (à Paris bien sûr) quelques coaches blancs censés nous rapporter la science infuse. On ne parle plus trop de Le Roy mais d’autres sorciers blancs ont repris la main. Ça se joue désormais entre Rajevac (Serbie), Renard et Giresse (France).

Belinga ? Quel Belinga

Quid donc de notre Alexandre Belinga qui a brillamment qualifié l’équipe pour le troisième tour des éliminatoires de la Coupe du Monde de 2018 ?« Akah qu’il nous laisse ça », répond-t-on dans l’entourage de Tombi A Roko. Comme pour dire que l’ancien lutin du Tonnerre de Yaoundé a beau se tirer les méninges, il ne sera jamais capable de la clairvoyance et de l’ingéniosité hexagonale. Arthur De Gobineau n’a jamais eu autant raison. Et puisqu’il est soucieux de montrer qu’il n’est pas là pour jouer en catégorie inférieure avec des locaux mal lotis, Tombi a anticipé. Il a déjà recruté un préparateur physique suisse nommé Mathieu Dégrange pour s’occuper des Lionnes dans l’optique de la CAN féminine que le Cameroun accueille en Novembre de cette année.

Le ministre Ismaël Bidoung Mpkatt qui a eu à diriger l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS) a dû lui dire qu’il n y a toujours rien de bon de ce côté-là. Peut-on vraiment faire le procès de l’extraversion à nos deux dirigeants quand on sait que le rêve de prospérer en Europe est encore le référentiel ultime d’une société qui refuse de faire le deuil de la douloureuse servitude coloniale ? Faire venir des compétences ailleurs pour rechercher la performance est une exigence du monde postmoderne. Mais se condamner à se coucher à plat ventre devant des gens juste parce qu’ils sont de couleur blanche relève d’une ahurissante imbécilité.

Si Eto’o et Milla ont montré qu’ils pouvaient atteindre les cimes du football mondial alors il est stupide de croire que des Camerounais ne peuvent pas en 2016 entrainer la sélection nationale du pays dans cette même discipline. Plus que l’arrivée de quelque expertise externe c’est le recours systématique à l’autre pour des taches somme toute banales qui choque. Les plus pessimistes évoqueront une malédiction psychique, nous pensons pour notre part qu’une classe de Camerounais qui a démythifier le blanc pour l’avoir pratiqué et éprouvé est capable de changer la donne. A elle de prendre ses responsabilités pour imposer la révolution.