Droit d’auteurs : des artistes musiciens dans la rue le 19 septembre
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Ils entendent observer une grève de la faim devant les services du Premier ministre, les ambassades de France et des Etats-Unis.
 
Ça bouillonne dans les milieux des artistes musiciens depuis quelques jours. Dans l'incapacité d'assurer comme tous les parents, une rentrée de classe digne de ce nom à leurs progénitures, les créateurs des œuvres musicales, ont décidé de faire entendre leur voix. Selon des informations parvenues à notre rédaction, regroupés au sein du Rassemblement démocratique des organisations de musiciens (est-ce un signal pour le Rdpc?), ces derniers auraient adressé plusieurs correspondances à diverses administrations et représentations diplomatiques dont celle de la France et des Etats-Unis, pour annoncer leur mécontentement mais surtout, la décision consensuelle d’observer une grève de la faim le 19 septembre.

De nombreux tracts à travers lesquels les artistes musiciens justifient leur mouvement d’humeur, inondent le pays  depuis la fin de la semaine dernière.  

Les correspondances adressées aux missions diplomatiques sus-évoquées et dont La Météo a eu connaissance, circulent également sous le boisseau. On peut y lire : «Les actions du Premier ministre nous conduisent à la mort.Aussi, dans l'incapacité de nous faire rétablir dans nos droits, avons-nous l'honneur de vous faire tenir la présente correspondance, pour vous informer de notre décision de manifester le 19 septembre 2015 devant votre ambassade et vous permettre d'amener votre pays et la communauté internationale, à peser pour faire appliquer le droit au Cameroun».

Selon toute vraisemblance, ces acteurs de premier ordre de la culture camerounaise accusent Philemon Yang et Louis Paul Motazé, respectivement Premier ministre (Pm) et secrétaire général des services du Premier ministre (Sg/pm), d’être à l’origine de leur paupérisation. Car, pour en arriver là, il est important de rappeler que depuis des mois, le feu couve entre les musiciens et la primature. En effet, dans les milieux de l’art musical, l’on s’accorde à dire que l’immixtion  du Pm et de son Sg dans le contrôle et la gestion de la manne du droit d'auteur, s'est faite en violation des droits reconnus aux musiciens. Les artistes musiciens n’arrivent toujours pas à comprendre pourquoi la justice, saisie depuis trois mois en vue d’invalider la décision du Premier ministre retirant l’agrément à la Société camerounaise civile de musique (Socacim) ne se prononce pas clairement.

Sur l'ensemble des procédures engagées par les artistes, le président de la Chambre administrative de la Cour suprême Alexandre Anaba Mbo, (en vacances en France selon la rumeur) au lieu de délibérer sur le sursis à exécution du décret du premier ministre, a préféré se déclarer incompétent sur le référé. Ceci, murmure-t-on dans certains cercles de la capitale camerounaise, pour sauver la face du Premier ministre, mis à mal par les décisions de la session de vacation de la Chambre administrative de la Cour suprême du 29 juillet. Toujours dans leur courroux, ceci pour démontrer la complicité de la justice, ils citent le magistrat Mahouvé, nommé à la tête du comité de suivi créé par Philemon Yang.  C’est donc face à l'incapacité pour eux d'obtenir réparation par une justice qu’ils estiment aux ordres, que les musiciens se retournent vers l’occident. Ils espèrent que la communauté internationale ne se fera pas complice des violations des droits de l'homme et surtout des artistes. Son implication pourrait amener le régime en place à promouvoir un environnement qui puisse permettre aux créateurs des œuvres de l’esprit de vivre du fruit de leur travail.
 
Les musiciens en rangs serrés
 
En dehors de la lettre officielle relative à la grève de la faim annoncée, dans un deuxième courrier, les artistes musiciens accusent le ministre Grégoire Owona de collusion avec la mafia de la primature. Ce dernier, selon eux, en violation de la convention internationale sur les libertés syndicales, ratifiée par le Cameroun le 7 juin 1960, a suspendu le Syndicat camerounais des musiciens, sur instruction du Premier ministre. Dans la même correspondance, le Rassemblement démocratique des organisations de musiciens (Rdom) fait cas de la procédure judiciaire initiée contre Sam Mbendé, ancien président du Conseil d’administration de l'ex Cameroun Music Corporation (Cmc).Le courrier est accompagné, apprend-on, du rapport d'audition de Sam Mbendé par le Tribunal criminel spécial.Lequel, selon le juge d'instruction Njoh Francis, conclu sur le besoin de l'ancien Pca de clarifier le détournement de la somme de 450 millions Fcfa et d'un déficit de 600 millions Fcfa environ. Logiquement, les musiciens ne comprennent pas pourquoi Philemon Yang et Louis Paul Motazé, dans leur supposée action d'assainissement, ont décidé de nommer au sein du comité Mahouvé, Sam Mbendé et ses complices, pourtant englués dans les mailles de la justice.

Pour ne pas faire baisser la tension, et pousser les musiciens à l'action, il y a les déclarations de l'homme d'affaires, Raymond Tchengang, qui à travers les radios, depuis quelques semaines, dénoncent les trafics orchestrés dans les services du Premier ministre. L’homme d’affaires appelle les présidents des autres organisations syndicales et associations des musiciens au regroupement pour sauver le droit d'auteur. Les choses n'ont pas tardé, les réunions se sont multipliées et commencent à produire leurs premiers effets. «Les dangers de cette menace des artistes n'est pas à négliger dans un environnement de grande pauvreté où les uns et les autres ruminent des rancœurs vis-à-vis du régime au moment. Il suffirait d'une simple étincelle, pour que le pays s'embrase. Une seule perte en vie humaine parmi les artistes dans ce guéguerre peut créer une situation difficile à maîtriser», témoigne un acteur de la société civile. Il poursuit : «Il nous parait donc important, au stade où nous sommes, que les administrations interpellées fassent montre de responsabilité et rétablissent l’ordre dans la maison, conformément à la loi et aux aspirations des musiciens. Il faut œuvrer pour le bien des musiciens et faire taire les querelles de clochers qui alimentent les réseaux sociaux ».

© La Météo : Nadine Bella

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