CHEFFERIES TRADITIONNELLES : Quand le Minatd démasque le tripatouillage des listes ...
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C’est un contrôle de ce ministère qui a permis de toiletter les listes de l’Extrême-Nord.

«Il y a eu un problème spécifique avec la région de l’Extrême-Nord. Le nombre de chefferies de certains départements (notamment celles de 3ème degré), indiqué dans les listes envoyées au niveau central, avait paru anormalement élevé. Une opération de vérification avait donc été demandée au gouverneur. Ce qui a eu pour effet de toiletter ces listes pour les rendre conformes à la réalité en supprimant les chefferies fictives, mais aussi d’en retarder le début du traitement par les services du ministère des Finances», explique un responsable du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd), proche du dossier. Il s’empresse d’ajouter : «Ce que l’on peut appeler ‘retard’ dans le paiement de cette allocation mensuelle ne s’observe pas seulement pour les chefs traditionnels de la région de l’Extrême-Nord. Il s’agit d’une situation générale».

Il est vrai que depuis plusieurs mois, les plaintes des chefs traditionnels viennent de toutes les régions du pays. C’est un premier qui se plaint de n’avoir pas reçu son «salaire» alors que ses collègues du même département reçoivent les leurs; c’est un autre qui, après sa prise en solde, ne comprend pas pourquoi il est subitement sevré de son «salaire». En juin 2014, le ministre en charge de l’Administration territoriale, René Sadi, avait d’ailleurs reconnu que seuls 20% des chefs traditionnels avaient jusque-là perçu le salaire mensuel institué par un décret présidentiel signé le 13 septembre 2013.

«Le processus a pris du retard dès l’entame, car les chefs traditionnels, eux-mêmes, ont pris du temps pour composer leurs dossiers et les déposer. Dans beaucoup de cas d’ailleurs, l’autorité administrative avait dû aider ceux d’entre eux, très nombreux, qui n’y parvenaient pas», explique notre source citée plus haut. «En même temps, nous avons conduit une opération de dénombrement des chefferies traditionnelles pour nous assurer que les noms que nous recevions correspondaient bien à des postes réels. Toutes ces opérations de contrôle et de vérification faites tant au niveau local qu’ici au niveau central, tous les dossiers ont été transmis au ministère des Finances (Minfi)», ajoute-t-il. Et lui de conclure que, c’est bien à ce niveau que ce trouve la source des retards dans les paiements : «A un moment donné, le comité qui avait été mis sur pied à cet effet et qui était présidé par le secrétaire général du Minfi se réunissait tous les mois pour évaluer le travail, finaliser les dossiers…

Mais depuis quelques temps, ce comité ne s’est plus réuni. Je dois avouer qu’il n’y a plus au Minfi, la même diligence qu’au début. Est-ce parce que l’attention et la pression de l’ensemble du pays au sujet de ce dossier sont retombées ?»

RAPPELS

Au ministère des Finances, cette supposition est très vite perçue comme une grave accusation. «Il ne s’agit pas de négligence de notre part! Le retard est bien parti du Minatd qui doit nous transmettre les dossiers!», s’insurge un haut responsable du Minfi. «Ce dossier fait partie de nos priorités. Le ministre suit de très près son évolution. Et lors des réunions de coordination du ministère, nous en débattons pour lever tous les obstacles. Il y a, vous vous en doutez bien, un travail de vérification à faire à plusieurs niveaux. Il y a par exemple, ceux des chefs traditionnels qui n’ont pas droit à cette allocation mensuelle pour des raisons indiquées par la réglementation, notamment ceux qui sont déjà pris en solde par l’Etat (ministres, fonctionnaires, députés…) qu’il faut mettre de côté. Puis, il y a un traitement pour la prise en solde d’un citoyen avec tout ce que cela comporte», explique une autre responsable qui ajoute : «Vous seriez les premiers à nous accuser de toutes sortes de choses si par exemple, les Finances payaient à un chef de 3ème degré, l’allocation d’un chef de 1er degré et vice-versa. Donc, nous prenons toutes les dispositions nécessaires pour l’application juste du décret du chef de l’Etat».

Cette responsable assure par ailleurs que tous les dossiers qui ont été transmis au Minfi sont bien en cours de traitement et que, comme l’avait déjà annoncé René Sadi en juin 2014, le décret présidentiel produisant des effets dès sa date de signature, des rappels sont prévus. Petit rappel : cette allocation mensuelle répartie comme indiqué dans le tableau ci-dessous, ainsi que l’avait déclaré le Premier ministre, chef du gouvernement, à l’Assemblée nationale lors de la présentation du programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour l’exercice 2015, coûte pas moins de 8,4 milliards Fcfa à l’Etat par an.

Chef. trad. Nbre de chef. Allocation mensuelle du chef
FICHE TECHNIQUE
1er degré 80-82 200 000 Fcfa
2ème degré 667 100 000 Fcfa
3ème degré Env 13 000 50 000 Fcfa

 

© L’Oeil du Sahel : SERGE D. BONTSEBE

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