Cameroun:Trente ans pour le RDPC ? J’hallucine !
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Après trente ans de règne, le RDPC aiguise toujours les appétits tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur ; il suscite des envies et nourrit les envieux, il s’érige même en donneur de leçons... Une politique digne du RDPC cesserait de diviser les Camerounais, d’appauvrir les citoyens, de confondre parti politique et Etat-Nation, mais protégerait l’ensemble du peuple camerounais pour pouvoir souverainement préserver ses intérêts et engendrer un avenir pour tous.

L’actualité politique a été dominée par l’absence du président de la République du pays avec des expressions qui sont passées dans le langage de tous les jours des citoyens camerounais et de tous ceux qui se considèrent comme tels. Je n’ai pas été tenté de leur apporter ma part de commentaires, - beaucoup s’en sont donnés à cœur joie - lorsque mon attention a été attirée par un autre évènement, fort peu remarqué malgré la conférence de presse du ministre Jacques Fame Ndongo avec à ses côtés un portrait du chef de l’Etat : (c’est la photo qui a fait le tour des journaux et des réseaux sociaux) : le RDPC fête son trentième anniversaire ! Je suis obligé de souligner cet anniversaire. Le supplice que ce parti fait endurer au peuple camerounais est pour moi, comme pour beaucoup de mes concitoyens, une hantise.

Que pouvons-nous dire d’autre pour démontrer l’échec de ce parti dans la gestion de notre pays depuis qu’il a pris la suite de l’UNC sa sœur siamoise ? Au-delà du dire, que pouvons-nous faire de manière palpable pour aider les Camerounais à dépasser cet échec ? Les actions charitables, d’entraide, de subsistance, soulagent quelques misères. Mais elles sont incapables de mettre un terme à cet échec, car celui-ci est de nature politique. C’est donc sur le plan politique que nous devons essayer de peser. Nos concitoyens ont-ils encore assez de force et d’influence pour y prendre une part déterminante ? Et sous quelle forme ? C’est ce que je me propose d’examiner.

Le médiocre du RDPC

Le Rassemblement Démocratique du Peuple Cameroun, né le 24 mars 1985 à Bamenda s’est fixé des objectifs inspirés directement du président Paul Biya. Nous pouvons donc, sans risque de nous tromper que ce parti politique n’a jamais eu ni idéologie, ni ligne politique et encore moins de programme politique. La rigueur, la moralisation, la démocratisation et la libéralisation, la justice et la paix sociale, la solidarité nationale, l’unité et intégration nationales, sont décédées sur le champ des lobbies et des intérêts égoïstes1 et surtout de la déconstruction de l’Etat-Nation pourtant acquis de haute lutte par les pères de l’indépendance du Cameroun.

Le RDPC accumule, additionne les scandales, tord, brise les espoirs les uns après les autres ; en lieu et place de la moralisation, c’est la dépravation qui pousse en terre camerounaise comme cette herbe « kodengui » contre laquelle toutes les cultivatrices de nos forêts se battent, appauvrissant un peu plus chaque jour le sol. Et c’est loin d’être une figure de style…

La démocratisation à la mode RDPC se résume aux intimidations de tous ceux qui pensent loin du parti-Etat ; l’espace public est quadrillé par des soldats de la menace et de l’invective

permanentes : ici, on se réjouit des débauchages dans les autres partis politiques de l’opposition et le SDF est le dernier parti à avoir fait les frais de ces pratiques. La libéralisation rime avec cleptomanie. Jamais un pays, un parti-Etat n’ont eu autant de responsables de premier plan impliqués dans des scandales financiers de tout genre ; trafic d’influence, blanchissement d’argent, assassinats de tout genre, procès en sorcellerie !

Arrogance dictatoriale

Commençons par ce que tout le monde peut voir : 400 millions de nos francs dépensés pour enterrer un membre du bureau politique du parti des flammes ; un membre du comité central qui marie sa fille avec un budget de 170 millions de nos francs, un premier ministre en prison, deux secrétaires généraux de la présidence de la république, deux ministres d’Etat, des directeurs généraux des sociétés d’Etat en prison, on ne les compte plus... Des ministres incarcérés et réintégrés sans autre forme de procès. Peut-on se conduire ainsi en République ? Doit-on violer ainsi l’éthique et la conscience républicaine ?

Le conflit dans l’Extrême-Nord a été présenté à l’ensemble du pays par le RDPC, parti-Etat comme l’unique affaire de Boko Al Haram. Que dire des camions de munition qui disparaissent entre Douala et Garoua et qui font la une des journaux ? Nous ignorons la vérité sur ce qui se déroule sur notre propre sol parce que l’Etat-RDPC le décide. Le RDPC depuis trente ans, a donc un seul et même discours, favoriser les affrontements entre Camerounais, diviser pour mieux régner, jeter à la vindicte populaire ceux qu’il voudrait voir tomber en disgrâce auprès de l’opinion publique, sans apporter aucune preuve de leur culpabilité. Comment qualifier cette manière de faire sinon qu’elle est une insupportable arrogance ?

Le remède pire que le mal

Non nous refusons à croire que la chute du père autoproclamé du RDPC (parti dont il est le président sans en être le fondateur), fera fleurir la démocratie sur les rives du Wouri, dans les forêts et tout le long du chemin suivi par la Sanaga depuis Ngaoundéré jusqu’à l’Océan. Le mal est dans le système, dans les mots qui sonnent creux, dans la tenue privée et publique de ceux et celles qui les incarnent.

Un clan contre un autre

C’est alors que le RDPC passe de l’arrogance impériale à la médiocrité. Les roitelets nés tout au long des trente dernières années, ont choisi délibérément de s’entretuer en exterminant en premier le peuple tout en étant convaincus qu’ils régneront demain sur les cimetières. C’est la politique de la terre brûlée en somme. C’est la raison pour laquelle à tous les niveaux fleurissent des nébuleuses, de groupuscules mal organisés qui ne tiennent que des lambeaux du pouvoir politico-administratif. La population, elle, est invitée à attendre les bras croisés au bord du chemin pour que tout passe si elle est encore en vie. De toutes les façons, elle se sait, tenue à l’œil afin qu’elle ne dérobe aucune part du festin macabre.

Un parti politique digne du Cameroun

Un parti politique digne du Cameroun répudierait ce mélange de morgue et de petits calculs. Il s’interdirait de soutenir un clan contre les autres. Il agirait pour mettre un terme aux guerres de clans en son sein pour faire travailler l’Etat dont il

incarne au service des institutions, du peuple et de la nation, ces trois segments indispensables qui constituent l’Etat-Nation qu’est le Cameroun. Alors, rendu à lui-même, le peuple camerounais se prendrait en main, choisirait ses dirigeants. Rien ne permet cependant d’affirmer que la majorité des citoyens répudierait le système dans lequel elle a toujours vécu.

Je ne montre pas beaucoup d’imagination en proposant une telle politique au RDPC. Elle n’est rien d’autre qu’une transposition du plan de l’idée que nous nous faisons de l’Etat-providence et du service public. Les Camerounais attendent de nous la responsabilité, nous attendons du RDPC le soutien, l’énergie possible qui nous fera transcender toutes les barrières. Le système RDPC est une pieuvre rampante qui contamine depuis le sous-sol jusqu’aux plantes en surface, et même l’air que nous respirons est contaminé. Pourquoi ? Parce que nous avons laissé ce système faire son nid, parce que nous le regardons enfoncer notre pays. « Un jour, disait Nietzsche, il n’y aura plus d’autre réflexion que celle portant sur l’éducation. » Ce jour approche et ce jour je le vois sans le RDPC. Alors pouvons-nous lui dire au revoir de manière élégante ?

© Correspondance : Dr Vincent-Sosthène FOUDA

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