Afrique:L’éloge du porc qui se dit gras !
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Afrique:L’éloge du porc qui se dit gras ! :: AFRICA

C’est un vieux conte de mon enfance et presque tous les Bantous le connaissent. Nos grands-mères au coin du feu nous l’ont raconté des années durant pendant les vacances. Elles pensaient que nous en dégagerions une sagesse, mais que non ! La preuve ? Nous sommes aujourd’hui pris en otage par nous-mêmes, mais aussi par quelques-uns d’entre nous qui comme ce porc se disent gras et ne s’en cachent plus ? Ils convoquent sans cesse l’intellect, celui que désigne si bien le travail de l’esprit. Sans aucun doute trouverez-vous une définition plus classique de l’intellect – ce qui est classique est ce qui est plus intellect parce que tout le monde comprend. Nous pouvons induire, déduire, raisonner et même résonner comme la cymbale, réfléchir comme le penseur de Rodin. Le porc, nous le connaissons tous, il est toujours plein de graisse, au point que nous n’avons jamais pensé qu’il pourrait exister un porc sans gras – oui oui, ça se dit en bon français – alors qu’est-ce qui explique qu’un porc puisse occuper autant d’espace dans une marmite ?

Oui, je sais que vous avez du mal à me suivre et c’est bien ainsi, car j’aurai alors en fin de compte fait preuve de beaucoup de merveilles intellectuelles. Je voudrais vous tordre le cou avec ma masturbation intellectuelle. Je m’explique : j’aborde ici avec le secours de mon extraordinaire organe de virilité un sujet absurde en sachant que cela ne pourra jamais vous aider à construire quoi que ce soit de concret, d’utile pour vos vies que vous voulez pourtant utiles à tous. Par exemple, je ne perds rien à vous rappeler que j’ai fait Khâgne et hypokhâgne au Lycée du Parc à Lyon et que tous les lundis je remettais une dissertation de philosophie de 12 pages ! Nous sommes ici dans l’autosatisfaction par l’étalage de mon savoir ou de mes capacités dialectiques. C’est un peu à cela que nous sommes réduits depuis quelques jours sur les sites camerounais d’information tels que cameroon-info-net.com. Et comme si cela ne suffisait pas, camer.be qui vient de fêter ses dix années d’existence et de présence au cœur du débat constructif dans notre pays veut lui emboîter le pas dans cette masturbation intellectuelle synonyme du porc qui se dit gras, tout seul dans une marmite sans compétition possible.

Combien sommes-nous à nous poser la question de savoir à quoi sert tel ou tel sujet lancé sur les réseaux sociaux, publié sur les sites dits d’information pour le Cameroun en général et les Camerounais que nous sommes en particulier ? Que construit-il en nous ? Que projette-t-il de nous ? En terme d’image, de symbole (oui, le symbole aussi est important – pas seulement pour les anthropologues – là, je viens de faire savant).

Ah ! Qui n’est pas fatigué de toute cette diatribe injurieuse qui viole notre espace au premier regard, agresse nos sens. Nous sommes pourtant tous des intellectuels (amateurs si vous voulez, mais intellectuels tout de même) ! J’aurais voulu me comporter en justicier, mais cela demande d’autres compétences que j’avoue ne pas avoir. Alors, rétablissons si vous le voulez bien la vérité. Nous ne voulons plus dans nos espaces des idées de merde qui ne nous apportent rien, qui ne

sont pas jouissives, des idées qui ne construisent rien qui vaille ! Non, nous n’en voulons plus, car si nous sommes pour la liberté nous devons condamner avec sévérité sa transgression. Je peux, le verbe haut, vous tenir en haleine, mais pourquoi ? Pour quelle cause ? Qu’est-ce que je vous apporte ? Pourquoi sortir de mon cerveau ramollo de la pisse de chat pour en faire une boisson aigre-douce, oui vous avez bien lu aigre-douce pour vos esprits ?

Peut-on réfléchir pour rien ou encore à rien ? Si oui sa réflexion pour rien peut-elle être utile pour tous ? Les sites d’information et même les réseaux sociaux fonctionnent possiblement aux réactions – alors réagissons-nous parce que c’est insipide ou alors parce que ça manque de saveur ? Je viens là de dire la même chose ! Alors, reprenons. Pourquoi réagissons-nous ? Est parce que c’est révoltant ou alors parce que nous jugeons que ce qui est publié est utile pour nous et pour les autres ?

Il est temps de mettre un terme à ce jeu qui n’a qu’assez duré, où le cochon en mal de gras se hisse au carrefour de nos occupations, nous en détourne et nous tient captifs de ses rondeurs et de son mal-être. Notre pays ne mérite-t-il pas mieux ? Notre esprit est-il donc si oisif ?

Pourquoi l’ego qui est l’habitacle de notre moi peut-il ainsi envahir l’espace public ? Les commerciaux des différents sites ici cités ont certainement des pistes de réponses à nous suggérer. Il est bon d’être fier de sa nombreuse publication littéraire, parce que ce n’est pas un crime ; ce qui est un crime c’est l’envahissement de l’espace public avec de la « fiote ». On ne se masturbe pas en public, je le tiens de mon père qui le tenait de son propre père et aujourd’hui nous allons chez les psychiatres pour qu’ils nous l’apprennent. Dans la masturbation, l’autre est tout simplement ignoré, c’est donc une activité qui ne concerne que nous et notre organe. L’irruption de la masturbation fût-elle intellectuelle dans l’espace public est d'un égocentrisme démesuré ! Alors il est normal que je sois heurté par cette impudeur.

Bonne journée, chers lecteurs!

© Correspondance : Dr Vincent-Sosthène FOUDA

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