Cameroun, Opération épervier : Objectif comment conserver le pouvoir et non comment développer le pays?
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Cameroun, Opération épervier : Objectif comment conserver le pouvoir et non comment développer le pays? :: CAMEROON

Dans beaucoup de pays africains, surtout ceux tenus en laisse par les suppôts néocoloniaux on constate que les dirigeants font des pieds et des mains pour rester le plus longtemps au pouvoir. L’Afrique centrale à elle seule a les présidents les plus vieux du continent et ceux qui ont mis le plus de temps à la tête de leur pays. Si chacun d’eux parle de développement on constate sur le terrain que ces pays se dégradent du jour au lendemain. Donc, en fait, l’objectif de ses chefs d’état n’est pas de développer leur pays mais de conserver leur fauteuil. Tous les subterfuges sont bons pour ces derniers pour arriver à leur fin. Au Cameroun l’opération épervier en est un et comment ?
            
Avec la chute du mur de Berlin, un vent de la démocratie traverse l’Afrique dans les années 90. Au Cameroun, le peuple se met debout descend dans la rue pour redéfinir l’avenir de leur pays. Les militaires tirent et tuent mais rien n’y fait. M Biya refuse la conférence nationale mais est contraint à organiser la réunion tripartite. Il se rend donc compte que le pouvoir peut lui échapper. Alors, il applique le vieux principe : un peuple appauvri est un peuple facilement gouvernable. Sous prétexte de la crise, il baisse le salaire des fonctionnaires, les ramène au tiers et bloque le paiement de la dette intérieure. Dans un pays le salaire et le paiement des marchés publics sont les principales portes de sorties de l’argent vers les ménages. Ces deux portes étant fermées la pauvreté s’installe et pousse les camerounais à la débrouillardise. C’est ainsi que, de plus en plus, le secteur informel se développe et devient le principal employeur où vont se côtoyer illettrés et diplômés. Il se développe aussi en même temps ce qu’ils appellent la tolérance administrative : une autre manière de créer et de tenir les courtisans qu’on ne peut pas nommer à des fonctions étatiques.

Cette pauvreté engendre une apathie pour la chose politique et détruit la ferveur militante dans les masses. Ventre affamé n’ayant point d’oreille, les activistes politiques sont donc coupés des masses à deux niveaux : 1- Ils n’ont plus d’argent pour financer leurs activités. 2-Quand bien même ils auraient de l’argent il n’y a plus d’oreille à leur disposition l’instinct de survie recommandant la recherche de la pitance.
            
Dans cette recherche de la survie certains vont adopter une attitude indifférente face à l’opposition et au pouvoir, d’autres vont rester opposants mais des opposants stérilisés surtout que sous la façade de démocratie une dictature implacable s’applique  soit par des redressements fiscaux injustifiés pour les commerçants, soit par des affectations disciplinaires pour les fonctionnaires. D’autres par contre vont devenir de grands courtisans et accéder aux nominations. Dans ce dernier groupe, groupe le plus dangereux, se recruteront plus tard beaucoup des proies de l’épervier. Et de quelle manière ?
            
Les courtisans sont conscients qu’on ne les nomme pas pour leur efficacité à la tâche mais bien plus pour montrer aux caciques opposants que si on fait l’âne, on mange le son. Ces courtisans se disent alors, puisque l’objectif n’est pas de développer le pays mais de manger et de sa taire, alors mangeons et chantons les louanges. Leur créateur les laisse détourner à tour de bras, les y encourage parfois.

Mais finalement sous la pression des institutions internationales on crée des structures de lutte contre le détournement (mais pas contre la corruption) mais parfois, c’est quand ces structures dénoncent des détournements que le concerné est élevé à une plus haute fonction. Ce prévaricateur se croit donc tout puissant il se dit que c’est ce que son patron attend de lui. Il ne sait pas qu’il est en train de s’enfonce au plus profond de la nasse. Il ne sait pas qu’il est déjà au fond du sac et que l’ouverture est déjà ficelée. Le bien public qu’il détient par devers lui est le nœud coulant qu’il s’est lui-même passé au cou. Désormais il ne pourra plus parler politique, il ne pourra plus critiquer son créateur et si jamais il ose, il sera arrêté, traduit au TCS. S’il clame qu’il est arrêté parce qu’il a une opinion contraire, on lui brandira ses multiples détournements, sa fortune en milliard. Dès lors on fera comprendre que c’est lui qui veut manipuler les masses, il a détourné et quand le prend il fait croire que c’est à cause de son opinion. Il devra rendre l’argent du contribuable. Ainsi, les courtisans deviennent un outil de dictature. Ils deviennent un épouvantail pour eux-mêmes et pour le peuple. C’est dans cet ordre que s’installe l’opération épervier.
            
L’opération épervier n’est pas une opération d’assainissement de la gestion du patrimoine public mais bien une opération de gangstérisme politique. Un moyen pour conserver ad vitam aeternam le pouvoir. Si tel n’était pas le cas, pourquoi ne pas donner le pouvoir aux structures chargées de combattre sur le terrain d’engager elles-mêmes les procédures ? Pourquoi combattre seulement les détournements et non la corruption ?
            
En tout état de cause, il semble que dans notre pays si tu entres dans le gouvernement et ne détourne pas, on te vire. C’est un cercle où le créateur doit tenir ses créatures en laisse. Il faut donc traîner des casseroles pour y rester. Le créateur doit avoir une corde bien solide et bien solidement attachée sur chaque créature et chaque fois que lait bout trop, on en prend un qu’on jette dans les foules pour calmer la tension. 

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