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© Le Jour : Claude Tadjon
- 28 May 2017 22:10:19
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Cameroun, Accident ferroviaire d'Eseka: Que cache le communiqué de la présidence ? :: CAMEROON
Déraillement d’Eséka. Les non-dits d’une déclaration à première vue volontariste. Les extraits du rapport de la commission d’enquête sur l’accident ferroviaire survenu le 21 octobre 2016 à Eséka, publiés dans un communiqué du secrétaire général de la présidence de la République, mardi 23 mai dernier répondent à une attente très longue des victimes, des ayant droits et de l’opinion publique.
Il aura fallu sept mois après l’accident et un semestre après le délai imparti à la commission chapeautée par le Premier ministre, pour voir les services du chef de l’Etat communiquer sur les conclusions fragmentaires de l’enquête. Pis, la longue attente ne sera même pas gratifiée d’une publication intégrale du rapport d’enquête. On se contentera d’un communiqué chiche.
Déjà, on peut ergoter sur le timing choisi pour livrer aux Camerounais des extraits sélectionnés du rapport d’enquête. S’agit-il peut-être de la quête d’une bouffée d’air pour le pouvoir de Yaoundé, soucieux de desserrer l’étreinte d’une pression symbolisée par des plaintes déposées au Cameroun et à l’étranger par les victimes du déraillement assistées d’avocats avertis. Et des élus du parlement ont mis du leur à cette étreinte douce.
Le 31 mars dernier, profitant du passage devant l’Assemblée nationale du chef du gouvernement, par ailleurs président de la commission d’enquête, des députés piaffaient d’impatience sur le sort de l’enquête. « Le gouvernement reste très préoccupé par les conséquences de ce drame et a de ce fait, décidé d’approfondir certains aspects des résultats de l’enquête avant de prescrire des mesures complémentaires.
Permettez-moi d’en appeler à la patience de la Représentation nationale, car méthodiquement et surement, toutes les mesures préconisées feront l’objet d’une mise en œuvre en temps opportun », adjurait Yang Philemon, jouant la carte de l’apaisement.
Timing
Au-delà d’un timing-desserrement d’étreinte, le communiqué du Sgpr laisse de lourdes préoccupations en suspens : le bilan consolidé de l’accident, le nombre de passagers transportés au départ de Yaoundé, les morts et portés disparus ainsi que le nombre des blessés. Si le rapport d’enquête de la commission Yang a traité de ces questions, pourquoi la synthèse du communiqué occulte-t-elle des informations aussi capitales ? D’autant plus qu’une des missions de la commission d’enquête était d’évaluer ’assistance aux victimes.
Comment le faire efficacement sans un bilan consolidé ?
La responsabilité de Camrail est opportunément pointée « à titre principal », celle des services de l’Etat en matière d’organisation des opérations de secours n’est pas moindre. Une meilleure organisation de ces opérations de secours aurait sauvé des vies et limité le bilan humain d’une catastrophe qui a eu lieu quasiment aux portes de la capitale. La faillite de l’Etat ici a de lourdes conséquences.
Qui en est responsable ?
Après avoir pris connaissance des conclusions de l’enquête, le chef de l’Etat, relève le communiqué du Sgpr, a prescrit l’audit de la convention de concession et des deux avenants, mais aussi l’ouverture de
discussions entre partenaires au sein de Camrail « pour une plus grande présence de l’Etat dans ladite société et une meilleure prise en compte des préoccupations sociales. » Il est étrange qu’un gouvernement se soucie aussi tardivement d’une « meilleure prise en compte » de préoccupations sociales pour une convention de concession signée en 1999, il y a 18 ans.
Contrainte contractuelle
En tout cas, cette déclaration prescription du chef de l’Etat à première vue volontariste prend des allures de simple incantation au regard des contraintes juridique et contractuelle qui en découlent. D’une part, le concessionnaire (Camrail) a contractuellement acquis des droits (presque taillés dans du marbre) avec la bienveillante bénédiction du concédant (l’Etat). D’autre part, s’il a fallu sept mois pour boucler l’enquête sur l’accident, combien d’années faudra-t-il pour entamer, mener et clôturer un audit de la convention de concession ou pour ouvrir, mener et clôturer des discussions entre partenaires au sein de Camrail ? Nul n’est dupe. D’ici là, le temps aura fait ses effets. Si ce n’est pas une annonce aux allures populistes qui surfe astucieusement sur un sentiment anti-français dans l’opinion, ça y
ressemble bien.
In fine, la posture du chef de l’Etat, bienfaiteur, magnanime et généreux, qui offre gracieusement 1 milliard FCfa aux victimes de l’accident de train est un leurre. Faut-il le rappeler, il s’agit bien de ressources à puiser dans les caisses publiques que renflouent au quotidien tous les contribuables, sans exception.
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