SOCIÉTÉS D’ETAT : La longévité des Présidents des conseils d’administration en question
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En dépit des textes qui définissent la durée de leur mandat, ils s’éternisent au poste.

Indépendamment de la forme juridique de la structure qui peut être publique, parapublique ou privée, les conseils d’administration sont des entités collégiales aux pouvoirs les plus étendus et au-dessus des directions générales des entreprises. Ce sont eux qui définissent, orientent les politiques générales et évaluent les modèles de gestion.

Pour le cas des structures à capitaux privés, les conseils d’administration sont généralement une émanation de la volonté des actionnaires aux fins d’un meilleur encadrement de la gestion de l’entreprise. Les sociétés publiques et parapubliques en revanche disposent des conseils d’administration dont les membres sont issus des administrations et autres sensibilités en rapport avec l’objet de l’entreprise, nommés de manière discrétionnaire par le président de la République, pour un mandat de trois ans renouvelable une fois.

Sur le papier seulement. Car dans les faits, le respect de cette disposition fait polémique en ce sens que certains présidents des conseils d’administration apparaissent inamovibles du fait d’une longévité parfois couplée à un cumul si ce n’est plusieurs, au mépris de la réglementation en la matière. Il faut le dire, aucun président du conseil d’administration n’a songé à plier bagage parce que son mandat était arrivé à son terme. Les uns et les autres mettent toujours en avant l’argument du décret présidentiel, parallélisme de forme oblige, pour se dérober.

Ils suggèrent tout bonnement qu’un autre décret présidentiel vienne mettre un terme à leur mandat. Un décret qui, dans bien des cas, n’arrive jamais. Des exemples sont légions. C’est le cas de l’ancien ministre Hamadjoda Adjoudi, PCA de l’Agence de Régulation des Marchés Publics (Armp), PCA de l’Université de Ngaoundéré, et de Samuel Kondo, PCA des Zones Franches Industrielles et du Fonds National de l’Emploi ; Séraphin Fouda, PCA de la Mirap et du Centre hospitalier de recherche et d’application en chirurgie endoscopique et reproduction humaine (Chracerh). Ils ne sont pas les seuls.  

D’autres dorment également dans leur Tour d’ivoire depuis trop longtemps : Joseph Owona à la Société de Recouvrement des Créances du Cameroun (SRC) ; Ayang Luc à l’Office national du cacao et du café (Oncc) ; Joseph Pokossy Ndoumbé aux Aéroports du Cameroun (ADC) ; Edouard Akame Mfoumou à la Camair co ; Jules Doret Ndongo au Crédit Foncier du Cameroun ; Benjamin Itoe Mutanga à la CDC ; Jacques Fame Ndongo au CHU ; John Ebong Ngolle à la Sonara ; Jerôme Obi Eta à la Camwater ; René Ze Nguélé à l’Irad et Chief Mukete à la Camtel; l’ancienne ministre Isabelle Tokpanou au Palais de Congrès de Yaoundé ; Louis Claude Nyassa au Chantier naval et industriel du Cameroun ; Jean-Baptiste Bokam à la Bicec ; l’ex-ministre Abdoulaye Haman Adji à la Société Immobilière du Cameroun et Pierre Moukoko Mbonjo, à la Cimencam.

La liste est bien longue. La palme d’or de l’inamovibilité à ce poste, plus de deux décennies durant, était détenue par feu Ousmane Mey dont le séjour à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) n’a été interrompu que par son décès en janvier 2016. Sur un tout autre plan, quelques conseils d’administration présentent des particularités singulières. La qualité de Président relève d’une continuité de tutelle administrative. C’est le cas de la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) dont le PCA semble statutairement être le secrétaire général de la présidence de la République; celui de la Crtv étant le Mincom en poste. Au Feicom, c’est le Minatd qui fait office de PCA. le ministre du Commerce est très souvent PCA de la CSPH; celui de la Santé publique, PCA de la Centrale d’Approvisionnement en Médicaments Essentiels (Cename); celui des Sports de l’Education physique, PCA de l’Injs, etc.

S’il est davantage constaté que les conseils d’administration des entreprises à capitaux publics sont des lieux de casernement d’anciens collaborateurs du chef de l’Etat, il convient d’indiquer que le président de la République a fait également confiance à des personnalités venus du secteur privé en raison de leurs compétences, leur dynamisme et leur riche expérience dans le domaine de l’entreprenariat ; comme pour renforcer le partenariat entre le public et le privé. L’on peut citer entre autres, Bayero Fadil à l’Anor.

PARTICULARITÉS

Maintenus longtemps au poste, certains présidents des conseils d’administration sombrent dans la monotonie quand ils n’ont simplement pas des rapports tendus ou complices avec leurs directeurs généraux. Le limogeage en octobre 2015 de l’ancien ministre d’Etat Charles Borromée Etoundi du poste de PCA de l’hôpital général de Yaoundé est révélateur des tensions qui existent régulièrement entre PCA et DG.

L’ancien membre du gouvernement et son directeur général, Elie Claude Ndam Njitoyap, en étaient même arrivés à oublier les civilités. Qui ne se rappelle du conflit ô combien ouvert, entre feu Paul Pondi, alors président du conseil d’administration de l’Autorité aéronautique (Ccaa) et son directeur général d’alors, Pierre Tankam.

Contraint alors de trancher le litige, le chef de l’Etat est sorti de sa réserve pour limoger son ancien ambassadeur, le 22 novembre 2010… Les nombreuses affaires de détournement de fonds publics dans les sociétés d’Etat, mettant au grand jour les tripatouillages des PCA et mises en lumière par les fins limiers du Contrôle supérieur de l’Etat, ont certes ralenti l’immixtion de certains PCA dans les affaires quotidiennes des entreprises dont ils ont la charge de présider les conseils d’administration. Mais en partie seulement. Car ils ont du mal à se passer des avantages «acquis » qu’offre leur position.

Entre autres, le recrutement et la nomination des frères du village. Comme ce fut encore récemment le cas à la Sopecam, quand Joseph Le, président du conseil d’administration et non moins directeur adjoint du cabinet civil du chef de l’Etat, a fait le forcing pour qu’un des siens, alors en poste au Contrôle supérieur de l’Etat, rejoigne la société d’Etat éditrice de Cameroon tribune. Il a même longtemps pesé de tout son poids pour qu’on lui confie directement les affaires financières, sans imprégnation aucune.

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