Le sérum antitétanique en rupture au Cameroun
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Le sérum antitétanique en rupture au Cameroun :: CAMEROON

Les pharmacies et les hôpitaux n’ont plus ce médicament basique. Déjà quelques morts, dans les hôpitaux de Yaoundé.Ces jours-ci, il vaut mieux ne pas se blesser, en tout cas ne pas être victime d’une blessure nécessitant l’administration d’un sérum antitétanique : ce produit est en rupture au Cameroun, et cela dure depuis plusieurs semaines déjà.

Vendredi dernier, A. M. en a fait l’amère expérience. Victime d’un accident domestique, il s’est rendu au tout nouveau Centre Médical des Urgences, inauguré il y a quelques jours à l’Hôpital Central de Yaoundé. Reçu très rapidement, il a été pris en charge par une équipe gentille et attentionnée, qui, quelques instants plus tard, après des premiers soins, lui tend une ordonnance pour aller se procurer du sérum antitétanique dans une pharmacie de garde, cet important Centre, dédié aux urgences, et particulièrement à la prise en charge de grands accidentés, n’en disposant pas.

Après avoir fait le tour de toutes les pharmacies de garde, A.M. est rentré bredouille, toutes les officines se déclarant en rupture de ce produit, et ceci
depuis au moins deux mois.

Selon les explications données par un pharmacien, lui-même embarrassé par cette situation, les commandes de sérum antitétanique son faites, mais les grossistes sont en rupture. 

Approché par Le Jour, l’un des grossistes en service au Cameroun, Ubipharm, par un de ses responsables a laissé entendre que le laboratoire Français fabriquant du sérum aurait luimême des problèmes pour avoir le principe actif de ce produit, depuis quelques mois.

Cette situation observable à Yaoundé, s’étend à tout le pays. Et c’est une carence qui va encore durer, étant donné que même si on fait des commandes en urgence, entre les délais de mise en route, les formalités douanières et la disponibilité en officine, il faut compter au moins deux mois, révèle en substance, un habitué des commandes de médicaments.

De source médicale, tous ceux qui au cours de leur enfance ont eu leur vaccin D-T Coq –Polio sont normalement protégés contre le tétanos, une maladie qui, rappelons-le, tue après que le patient a souffert d’affreuses douleurs liées à des contractions musculaires. 

Une rapide enquête dans deux formations hospitalières de la ville de Yaoundé, le week-end dernier, confirme nos craintes : au moins quatre cas de décès des suites du tétanos ont déjà été enregistrés ces dernières semaines. « On se contente de bien nettoyer les blessures et de mettre des traitements à base d’antibiotiques, avec l’espoir que ça va passer », indique, plein de dépit, un jeune médecin rencontré au Centre Médical des Urgences de Yaoundé.

Cette situation laisse tout de même songeur, quant à la prise en charge de la santé de nos populations. Si les habituels fournisseurs sont en rupture, ou dans l’incapacité de pourvoir, ne peut-on pas s’adresser à d’autres ? Quid donc de la prévision et même de l’urgence dans un pays en guerre ? A chaque pays ses priorités. On peut se poser des questions sur les priorités d’un pays où aucune marque de Champagne n’est absente de nos épiceries fines, alors que manquent les produits pharmaceutiques les plus basiques.

© Le Jour : Haman Mana

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