MAIRIE DE BAFIA : TORTURE OU REVOLUTION DE MADAME LE MAIRE ?
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Dans la ville de Bafia, le nom de Madame Marthe Félicité Zintchem est sur toutes les lèvres ces derniers temps, elle qui dirige la mairie de la localité. Cette femme, auparavant inconnue, s’est récemment fait connaître dans le monde  par  deux actions qui ont marqué les esprits. Tout d’abord, elle a sévi en punissant l’une de ses employées municipales qui ne faisaient pas son devoir, et il y a une semaine, elle a fait  une intervention musclée au cours d’une célébration de mariage qui se déroulait  sur son espace de commandement sans son  autorisation. Si l’on peut considérer que cette dernière action était justifiée, je doute que la première le soit également. Sur les ondes de Radio Balafon, Madame Zintchem affirme être à l’avant-garde de la création d’une police municipale. Pour cela, elle a personnellement supervisé le recrutement et la formation de ses agents. Parmi les exercices imposés, les 100 pompes chaque matin avant d’aller sur le terrain.

Dans un tel contexte il eut fallut à  ces  jeunes de  passer une visite médicale et recevoir une formation civique adaptée, car ce métier se déroule en milieu urbain où il faut être attentif, surtout face à un public qui n’est pas toujours au fait des événements de sa propre société. Sans oublier  les valeurs éthiques dans une ville extrêmement pauvre. Quand je dis « pauvre », c’est parce que Bafia est aussi ma ville d’adoption, mes deux parents y ont travaillé, et c’est là qu’ils reposent désormais. Donc, je sais de quoi je parle. Madame le maire, bien que définie comme une grande dame  travailleuse,  elle-même est une personne controversée ; elle n’a pas une réputation des plus flatteuses. Les proches qui la connaissent préfèrent éviter d’aborder les frasques qu’elle commet dans sa propre vie. On parle d’une femme extrêmement autoritaire et méchante ; son comportement rappelle les politiciens des années 80. Le visage de Marthe Zintchem reflète la cruauté d’une femme prête à écraser ses rivaux ou ses subordonnés. Ses actions ne sont pas différentes de celles qui ont conduit à sa récente déclaration de madame Courtes  : « il y avait quoi avant ».

Si notre pays n’était pas dirigé par des hommes durs, des femmes comme ces deux là,  auraient déjà imposé une politique draconienne pour redresser les âmes tordues. Hervé Kom, son collègue du parti, lui a suggéré de faire attention à la manière dont ses paroles pourraient être interprétées par les adversaires politiques, mais cela ne semble pas l’atteindre. Elle invoque plutôt sa position de pouvoir dans une ville difficile à travailler. On sait bien que  qu’à  Bafia, pour que les gens  comprennent, il faut parfois les frapper sur la tête, et « frapper » implique souvent l’usage d’une bouteille. Je me souviens, dans les quartiers Ndengue ou Gondon, les bouteilles faisaient office de poings chaque soir au bar du carrefour. J’ai même été témoin de la mort en direct de Maître Zimbo, ce praticien traditionnel qui succomba après avoir reçu une bouteille de bière sur la tête lors d’une soirée, pendant que les autres continuaient de boire comme si de rien n’était. On comprend rapidement qu’on est en face d’une  femme prête à opprimer ses sujets si jamais elle accède à la haute hiérarchie. Je la perçois  comme une redoutable milicienne des tantines Macoutes.

L’officier qu’elle  a interrompu en pleine  célébration de mariage, a  été suspendu de ses fonctions, ce qui n’est pas mauvais pour un collègue qui s’est aventuré maladroitement sur un autre  territoire. Mais ce n’est pas principalement le visage de l’assainissement qu’elle veut montrer, mais plutôt sa cruauté et sa capacité à dominer les gens. Elle ne tardera pas à couper les seins de  celles  qui tenteront de lui tenir tête ou à les condamner à des châtiments terribles. C’est une femme qui incarne la face obscure du régime, peut-être qu’elle possède   une face lumineuse, beaucoup reconnaissent  l’essor de Bafia ce dernier temps et  elle  est aimée par certains, mais ce que nous voyons devant nous, c’est la terreur, une  personnalité cynique qui fait  peur. A présent les gens traversent Bafia et n’osent plus s’arrêter pour se rafraîchir de peur de rencontrer Madame le Maire. C’est une traversée rapide pour éviter l’horreur. Ce qui frappe le plus, c’est qu’elle filme en direct pour montrer ses opérations commando.

Une jeune fille  n’avait pas rempli ses obligations sur le terrain, et Madame le Maire l’a surprise. Pour celle qui n’a pas accompli son travail, sa sanction a été de faire 100 pompes. Vingt-cinq auraient suffi, mais cent ont été exigées, et cette dernière s’est exécutée à la lettre, montrant ainsi qu’elle n’en était pas à sa première expérience. La jeune femme ne renonce pas à cette servitude volontaire qu’une autre femme lui inflige, démontrant ainsi jusqu’à quel point la pauvreté sévit dans une ville où on a peur d’être limogé. Nous sommes  probablement en face des femmes recrutées à la hâte  et qui sont envoyées  sur le terrain sans aucune formation pour comprendre les pratiques véreuses. Pour le moindre manquement, une torture impensable leur sont infligées, du jamais vu. La vidéo a fait le tour du monde, et c’est une femme de Bafia qui est à l’œuvre. Marthe Félicité Zintchem. La dame est avocate internationale et présidente de la section RDPC. Bafia espérait une Mère Maire, mais a eu une femme maire. La mer à boire. Jusqu’à présent, personne ne sait s’il faudrait  rire ou pleurer. Si tu ris, on te prend et ne sait quel sort t’attend à la mairie.

Toujours est-il que cette femme adore les pompes. Comme des femmes qu’on prépare  à résister aux ébats intimes. La dame  fait peur même aux autorités. On ne parle plus de monsieur le préfet, du sous-préfet ou du commissaire de la ville, mais de Madame le  Maire. Elle aime ça. Elle est partout comme l’éclair. On dit que lorsqu’on aperçoit sa voiture, toutes les personnes sur le chemin se cachent dans les broussailles. Un barman m’a dit que lorsqu’elle entre quelque part tout le monde tremble. Dans la ville elle a ses miliciens, où elle ne peut aller, ceux-là font le travail et  imitent les même tortures en précisant  qu’ils n’ont pas de conscience, leur seule  conscience c’est madame le maire.  La tortionnaire.  Mais parfois, dans ce pays, il faut des hommes ou des femmes dures. Il ne faut pas lui en vouloir. Attendons de voir si un jour sa légende d’extravagance et de terreur sera restituée. Alors  chacun de nous au réveil, fera ses cent pompes avant d’aller au boulot. Bafia aura cent bornes  fontaines, cent belles maisons, cent intellectuels, cent artistes, cents écoles, cents rues et boulevards, mais aussi ses cents tortionnaires.

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