LE SENTIMENT D'HONNEUR ET DE DIGNITE CHEZ LES VUTES du cameroun
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LE SENTIMENT D'HONNEUR ET DE DIGNITE CHEZ LES VUTES du cameroun :: CAMEROON

Les Vutés sont historiquement reconnus comme un peuple guerrier. Leur migration depuis l’Égypte ancienne vers le Soudan occidental est un fait établi. Cependant, leur culture va au-delà de leurs origines et de leur bravoure militaire ;  le sentiment de  l’honneur et leur esprit de dignité sont au cœur de leur identité. Dans les lignes de cet écrit, nous tenterons de dévoiler l’âme de cette dignité qui les distingue. Tel un voyage à la découverte de ces valeurs sacrées qui forgent le sentiment de fierté d’un peuple, nous explorerons ce qui confère aux Vutés leur noblesse immuable depuis des siècles.

les vutés

Le sentiment  d’honneur chez les Vutés se traduit par un ensemble de qualités humaines valorisées par tous les membres de sa communauté, de l’aîné au plus jeune. Ces vertus orientent leurs interactions sociales, et servent  de boussole morale sur le chemin de la vie. En fait,  il s’agit de comportements et attitudes positives spécifiques propres aux Vutés. À travers les âges, l’honneur et la dignité ont bâti le socle de leur coexistence avec les autres peuples, ce qui a permis de se construire un aura où les valeurs morales orchestrent l’harmonie sociale. Ces principes tissent un voile d’invitation à la rencontre, et enseignent l’art de la patience et du respect des usages dans la vie de tous les jours. Comme par exemple ne rien demander à personne même si on est en pleine disette. Les Vutés malgré leur sens d’ouverture prennent  le respect des conventions sociales comme primordial, telles que l’importance de recevoir une invitation formelle avant de participer à un événement ou assister à une fête même  chez le voisin.

 

Un Babouté décline toute invitation de dernière minute, préférant la faim au lieu de quémander  ou à l’indignité de voir ses enfants manger  chez le voisin. Cette leçon de vie, ma grand-mère me l’a enseignée et  me privait de repas, si elle avait constaté que j’avais mangé ailleurs avant de regagner la maison. Elle cultivait dans mon esprit la nécessité  de résister à la faim. De même, une introduction par un membre de la famille impose un protocole dans les demandes. Ne rien demander ou  prendre  à l’ami d’un ami alors que celui-ci n’a pas encore un lien solide avec vous. Cette résilience me rappelle un certain  Nganè  qui travaillait à Edéa, et qui, licencié injustement, a choisi de partir sans réclamer ses droits, marquant une force de caractère remarquable. Plus tard, lorsque ce même Ngané est rétabli dans ses droits, il est invité à reprendre  son boulot, ce qu’il refusera préférant  son destin funeste.

Le père Djebé dit Châteaubriand, célèbre directeur de l’école principale de Yangba me  rapporta un jour  l’histoire tragique d’un homme qui s’était suicidé à une époque bien lointaine,  parce qu’il était  sous le poids d’une accusation infondée de vol. L’organisation fréquente du « Berr »(cadi chez les Vutés) dans le village vise à permettre à ceux qui y sont forcés de le boire, de retrouver leur honneur et leur  dignité bafoués. Cette façon de faire ne se présente  pas comme  une sorte de faiblesse morale, mais c’est une conviction de rester droit dans la vie. C’est dans l’ADN de ne pas vivre dans la honte. Mon père pouvait ignorer une offense personnelle, mais jamais une atteinte à sa famille. C’est dire que l’indignité d’une seule personne pouvait  impliquer toute une famille. C’est pourquoi un acte maladroit commis par une personne peut rejaillir sur une communauté.

Cette attitude découle d’un principe de dignité qui encourage la persévérance face aux épreuves, comme résister à la tentation de voler dans le champ de quelqu’un même en situation extrême de famine. C’est ainsi qu’on verrait un Vuté mourir de soif dans le désert au lieu de dérober une gourde d’eau dans un désert. Où un chef qui démissionne parce qu’on n’a pas cru à ses propos.  L’idée est de vivre avec intégrité, sans succomber aux tentations du vice. La vraie raison, guidée par sa fierté  s’appuie également sur sa sagesse. Elle se nourrit des valeurs humaines, comme  le respect des aînés, fondées sur une appréciation positive de la nature humaine.

La dignité chez le Vuté est également une  graines de Paix.  Une autre manière de montrer leur dignité est le fait qu’on verrait rarement l’homme Vuté élevé la voix en public. Sur le plan politique il n’y a pas eu de véritable opposition contre système en place pourtant il n’y a pas mal de revendications à faire. S’ils évitent les disputes publiques c’est parce qu’ils  cultivent une discrétion particulière dans leurs interactions. Sur le plan amoureux, il évite d’épouser une jeune fille qu’il a vu grandir ou qu’il a porté, il évite également de  lier  des alliances familiales par le mariage s’il existe un seul lien de consanguinité. Ce comportement vise à préserver l’harmonie familiale, conscient que les conflits futurs peuvent avoir des répercussions destructrices à long terme.

Les membres de la communauté du Cameroun  sont rarement impliqués dans des histoires de vols à main armée ou de  détournement, même pour des larcins ils sont rares dans les prisons du Cameroun. Ceci illustre  leur engagement envers le serment à la communauté toute entière. Comme le montre leur volonté d’aider bénévolement à des projets communautaires sans exiger de récompense immédiate. Le sentiment d’honneur s’est démontré sur le champ de bataille ;  alors qu’on sait que l’ennemi est en surnombre, on décide quand même de combattre alors qu’on risque une débâcle.

Ce courage fait reculer l’ennemi qui redoute une troupe de réserve. C’est avec le sentiment de l’honneur qu’il devient réellement possible de mettre en pratique des valeurs morales. On a souvent dit que nos chefferies ne sont pas garnies comme dans d’autres régions du Cameroun, c’est justement parce que  le chef Vuté quand tu arrives chez lui, il fait tout pour te donner,   alors qu’ailleurs, ils reçoivent, et  attendent des contributions de leurs sujets.  En résumé, les traditions des ancêtres Vutés qui favorisent le respect mutuel et évitent de causer du tort, sont considérées comme vitales pour maintenir la dignité personnelle. Cette philosophie de vie n’est pas de  l’indifférence, de  l’arrogance, ou de l’orgueil. Il est   établi aujourd’hui que  les Vutés sont des modèles de vertu au Cameroun.


J’ai souligné tout ce qui est positif, il ne s’agit pas de proclamer la perfection absolue mais plutôt d’émettre le vœu ardent de préserver ou de retrouver cette essence ancestrale qui fait l’âme du Vuté. L’objectif est de maintenir ou de revenir à ce trait unique qui le caractérise. Actuellement, les écarts éthiques sont évidents, et nous en sommes conscients. Néanmoins, nous gardons l’espoir que l’héritage spirituel transmis par nos ancêtres prédominera. C’est la mission de cette chronique : rappeler, révéler et célébrer nos valeurs fondamentales qui orientent notre peuple  vers un avenir prometteur.

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