Homicide à Bafoussam : Le tribunal «incrimine» une gendarme
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Mise en examen, la gendarme Negue Foka Rose nie avoir tiré sur Essoubat Epanda dans l’enceinte de l’abattoir de Bafoussam. Qu’est-ce qui s’est réellement passé le 9 mai à l’abattoir de Bafoussam.

La gendarme Negue Foka Rose était la seule à faire l’objet du transport judiciaire ordonné par le tribunal militaire de Bafoussam. La présumée répondait à la suite réservée à l’enquête relative à la mort du jeune Essoubat Epanda Cyrille. Le jeune homme a été abattu le 9 mai 2020 dans l’enceinte de l’abattoir de Bafoussam. L’ordonnance de transport judiciaire effectuée le 15 septembre 2020 incrimine la gendarme pour des faits de «violation de consigne». Une procédure qui, explique des sources judiciaires, se rapporte au «non respect des règles relatives à l’interpellation de personnes et autres». Les faits relatés dans les lignes qui suivent font suite à la présence du reporter lors de la reconstitution des faits ayant abouti à la mort du jeune élève en médecine vétérinaire. Mais aussi des menaces proférées par des personnels du tribunal militaire de Bafoussam à l’endroit des journalistes présents, en cas de publication du présent article.

La reconstitution des faits qui s’est déroulée dans la matinée du 15 septembre 2020 a réuni la gendarme Negue Foka Rose mais aussi des témoins oculaires de la scène ayant conduit à la mort par balle du jeune Essoubat Epanda Cyrille. La plupart des sources témoins de la scène ont requis l’anonymat. Toutefois, la gendarme Negue Foka soutient que des tirs ont été entendus alors que son ancien commandant de brigade de Kam (1er arrondissement de la ville de Bafoussam), Mezou Marie Claudette se trouvait «seule» dans la salle principale de l’abattoir de Bafoussam. La gendarme placée en information judiciaire souligne avoir entendu deux coups de feu provenant de la salle principale de l’abattoir de Bafoussam. De même que la même source indique avoir entendu un troisième coup de feu. La même source en appelle aux témoignages de ses trois autres collègues qui étaient présents sur les lieux ainsi que celle du commandant de brigade, absente lors du transport judiciaire.

Course poursuite

La scène racontée par la gendarme présumée « incriminée » par le tribunal militaire se déroule alors que celle-ci s’est lancée à la poursuite des compagnons de la victime à l’extérieur de l’abattoir de Bafoussam. Une version soutenue lors de la reconstitution des faits par le nommé Kenmogne Jean Martial, compagnon de jeu et témoin de cette scène mortifère. Ce témoin raconte avoir échappé aux tirs de l’ancien commandant de la brigade grâce au sprint qu’il a engagé dès l’alerte lancée par l’un de leur compagnon de jeu, qui a vu en premier l’arrivée de la gendarme. Un témoin qui soutient avoir vu entrer le commandant de brigade. Les compagnons d’infortune du jeune Essoubat Epanda cyrille soutiennent en choeur que seul le nommé Kenmogne Jean Martial, leur compagnon à ce jeu de cartes faisait face au commandant de brigade. Selon les différents témoignages collectés lors de cette scène de reconstitution, ce témoin faisait face à l’entrée empruntée par le commandant de brigade Mezou Marie Claudette lors de son entrée «à pas feutrés» dans la salle principale de l’abattoir de Bafoussam.

Du reste, la gendarme mise en examen souligne que le commandant de brigade «nous a dit de rentrer par la salle principale de l’abattoir après l’interpellation de deux des fugitifs». Une fois rentrée dans la pièce, le commandant leur dit que le jeune Essoubat Epanda Cyrille, étendu ensanglanté sur le sol de la salle principale de l’abattoir se serait fracassé le crâne contre le sol. Camer.be. «Elle nous a dit qu’il (la victime, Ndlr) s’est cogné la tête en tombant, alors qu’il essayait de fuir.» Une chute qui aurait provoqué l’impact perceptible sur son front et l’éclatement partiel de son crâne. De même que la gendarme indique que « je ne pouvais pas savoir qu’il avait reçu une balle dans la tête.» Dans le même temps, Kenmogne Jean Martial soutient que ses compagnons de jeu et lui n’ont pas été sommés. Seule certitude, «officier (surnom du défunt) courait juste derrière moi.»

Dans le feu de l’action

Autre témoin présent sur les lieux de la reconstitution des faits, Denis Elat (frère aîné du défunt) soutient avoir été rassuré par le médecin et le commandant de brigade que son frère cadet avait une blessure sur la tête «mais qu’il ne courait aucun danger». Seulement, quelques minutes après, Denis Elat, selon son témoignage, reçoit des photos présentant des douilles de balles expédiées par un proche de la famille. De même que cette source dit avoir observé un échange de fusil entre un élément de la gendarmerie et l’ex-commandant de la brigade de Kam. Echange qui s’est déroulé dans l’enceinte de l’hôpital régional de Bafoussam.

Une scène qui se déroule alors que l’hôpital régional de Bafoussam et des artères voisines sont prises d’assaut par des hordes de personnes en furie. Dans le feu de l’action, des gendarmes sont pris en chasse et du matériel appartenant à la gendarmerie nationale est saccagé par les émeutiers. Des sources proches du tribunal militaire de Bafoussam, les témoins présents lors de la reconstitution des faits de ce 15 septembre 2020 seront auditionnés aux fins de croiser les différents témoignages recueillis lors du transport judiciaire.

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