Lynchage des personnalités sur l’espace public : Au « tribunal » des réseaux sociaux
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Les internautes se nourrissent abondamment des «dénonciations» qui ternissent l’honorabilité de nombreuses personnalités. Un dérapage persistant.

Dans le jargon propre à la toile, on appelle le regroupement de ces internautes aux allures de fourmis rouges, meute ou brigade. Impitoyables et dévastateurs, ils évoluent en bandes et lorsqu’ils s’attaquent à une personnalité, ils la touchent jusqu’aux os. Tout commence par une rumeur, soutenue par un « document confidentiel », indexant tel membre du gouvernement, opérateur économique, proche collaborateur du chef de l’Etat, ou même le président de la République.

Par un système de suivisme aveugle, la meute se mobilise et crève la toile avec des « Lives » de plusieurs heures, des commentaires les plus abjects et dégradants. Dans ce déploiement spectaculaire, il n’existe plus de frontière entre vie privée et statut public. Ainsi, sur les réseaux sociaux, il n’y a plus de mystère sur les acteurs du « gré-à-gré ». On connaît même déjà le prochain dauphin. On sait combien il a payé (on ne sait à qui) pour obtenir son dernier poste ministériel. D’ailleurs, c’est même sa première fille qu’il a « vendue » pour bénéficier des grâces du prince.

Dans cette course frénétique au lynchage, révélations et contre-révélations s’entrechoquent. Si vous ne vous intéressez pas à la politique, d’autres sujets peuvent vous être vendus, en fonction de votre degré de naïveté. A titre d’illustration, connaissez-vous le nom de l’officier de police qui facilite l’établissement des passeports express ? Ou alors, savez-vous combien et à qui il faut payer pour être admis à un concours ? Les « victimes » en parlent désormais à visage découvert. Il existe même une adresse sur la page d’un lanceur d’alerte très célèbre là-bas qui permet de dénoncer, photos des personnes indexées à l’appui.

Les dérives sur les réseaux sociaux, à y voir de près, semblent finalement devenues la sève et le charme de ces outils. Pour s’en convaincre, il faut compter par milliers, les commentaires qui suivent des publications qui s’attaquent aux personnalités. Les internautes s’en délectent, et chacun veut apporter sa touche à ces dénigrements parfois sauvages et bruts. Il y a, comme l’a souligné le ministre René Emmanuel Sadi au cours de la conférence de presse lundi dernier, une « inclination prépondérante » à la diffusion et au partage de fausses nouvelles encore appelées «Fake News », aux attaques personnelles et autres règlements de compte à ciel ouvert, aux atteintes à l’intimité de la vie privée, au non-respect du secret des correspondances, qu’elles soient publiques ou privées et d’une manière générale, à la violation des règles de base nécessaires à une vie sociale saine et tolérante.

Les différentes mises en garde des pouvoirs publics n’ont toujours pas freiné l’ardeur et la hardiesse de ces prétendues « défenseurs » de la République. L’arsenal juridique existe pourtant, pour broyer cette menace grandissante qui infecte et infeste la vie publique. Le ministère des Postes et Télécommunications a même fait des dispositions de la loi du 21 décembre 2010 sur la cybersécurité et la cybercriminalité au Cameroun, un objet de campagne de proximité.

De lourdes peines et amendes prévues contre des internautes qui portent atteinte à la vie privée, persistent dans des dénonciations calomnieuses, ne réussissent pas toujours à freiner cette course au lynchage. Jusqu’à quand ?

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