Epidémie de choléra: Une cinquantaine de morts à Kribi
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Alors qu’on dénombre une centaine de cas positifs, la côte d’alerte a atteint le gouverneur de la région du Sud qui a effectué une descente dans la ville balnéaire pour toucher du doigt la réalité des ravages.

Kribi croupit sous le faix d’une double crise sanitaire. A côté de la pandémie à COVID-19 qui ne cesse de sévir dans la ville balnéaire, une maladie contagieuse fétide y fait des ravages depuis quelques mois. Le fléau n’est autre que le choléra : maladie épidémique intestinale généralement causée par la consommation d’une eau non-potable et des aliments insalubres. A la date du lundi 13 juillet, l’on dénombre près de 100 cas cliniquement testés positifs avec confirmation du Centre Pasteur. Dans le lot plus d’une quinzaine de morts et quelques personnes hors du danger. Pour le reste, leur pronostic vital est engagé.

La science apprend que la maladie (à vibrion cholérique) fonde foyer et se développe essentiellement dans des zones à forte promiscuité. A Kribi, elle a fait son nid au village Londji (arrondissement de Kribi 2) à 15 km du centre urbain ; une contrée d’une proximité choquante et d’une extrême insalubrité.

Quand vous y arrivez en villégiature ou pour des besoins d’approvisionnement en poisson frais de mer, vous êtes frappés par un tableau au décor répugnant. Par-ci, des étalages ; par-là, des bidons chargés ainsi que de vieux filets de pêche au sol et sur les murs des boutiques.

Sur la plage, des pirogues à perte de vue. A gauche et à droite, le long de l’espace de concentration des activités commerciales, des échoppes se confondent aux bicoques. Un peu partout, des tas d’immondices. L’air naturel est corrompu d’odeur de poisson pourri couché çà et là sur du sable. Tout à côté des bars et des
lieux de restauration, une montagne de poubelle.

La localité semble abandonnée par la société de ramassage d’ordures. Que non ! Hygiène et Salubrité du Cameroun ( Hysacam) s’efforce à faire son travail. « Parfois l’excès des pluies rend certains axes impraticables. Si bien que nos équipes de ramassage d’ordures sont obligées d’attendre deux ou trois jours pour effectuer leur tâche », explique le chef d’agence locale d’Hysacam, M. Mbiami. Toujours est-il que l’environnement de Londji est très insalubre.

C’est dans ce contexte que le 13 mai dernier a été signalé dans cette localité le tout premier cas suspect de choléra. Puis d’autres, suivis de décès. Les malades finissaient par perdre la vie après vomissements, diarrhée chronique et déshydratation sévère de stade 3. Dans le lot, des expatriés nigérians et libériens installés depuis des décennies dans la contrée.

Selon le Dr Christine Aurore Ekedi Moukoko, chef de district de santé de Kribi, certains patients sont décédés à l’hôpital de district, d’autres à la garnison militaire et à la formation sanitaire d’Ebome.

Des sources concordantes, l’usage de l’eau sale, la promiscuité ambiante et la consommation d’aliments (fruits et autres) d’origine douteuse sont à l’origine de l’épidémie.

Approché jeudi 25 juin, le préfet de l’Océan, Antoine Bisaga, s’inquiétait de la propagation vertigineuse de ce mal. « Aujourd’hui (25 juin ndlr) nous sommes à 55 cas confirmés. La situation inquiète et c’est notre priorité première en ce moment. Nous sommes en train de chercher les voies et moyens pour limiter les dégâts », fait savoir le patron de l’Océan.

La côte d’alerte a atteint le gouverneur de la région du Sud. Jeudi 2 juillet, Felix Nguele Nguele a effectué une descente à Kribi avec cap sur Londji, pour toucher du doigt la réalité des ravages. Le constat de la première autorité de la région du Sud est amer. Cette localité est construite scandaleusement dans le domaine public maritime de l’Etat sans aucun respect des exigences réglementaires.

D’un ton grave, le patron du Sud a déploré ces cagibis agglutinés sur du sable mouvant, où des latrines de fortune se juxtaposent avec des puits mal famés dans une communauté cosmopolite d’une population surabondante, vivant dans une indescriptible promiscuité. « C’est très déplorable. Il n’y a aucune possibilité d’envisager une adduction d’eau ici. Je me demande comment les municipalités ont pu laisser prospérer cette mascarade. Il faut détruire ce village, déplacer ses populations et reconstruire une vraie cité des pêcheurs », instruit le gouverneur au maire de Kribi 2 en proposant des mesures immédiates. « Je vous recommande d’examiner ce problème dans l’urgence. La menace d’une catastrophe sanitaire ici est réelle. Il faut soigner les malades et renforcer le dispositif d’hygiène », tranche l’administrateur civil hors échelle.

La ville infestée

A en croire le chef du district de santé de Kribi, la situation dans la ville balnéaire requière une attention particulière. « Nous comptons plus de 90 cas positifs à la date du 13 juillet 2020. On a enregistré plus de 15 morts.Je parle là des morts déclarés officiellement. Car d’autres personnes sont décédées au sein des communautés sans venir à l’hôpital » renseigne le professionnel de santé avant d’ajouter : « Il ne s’agit plus seulement de Londji.

Mais de la ville tout entière. On a actuellement des cas positifs venant des quartiers tels que Mokolo, Petit-Paris, Ngoye et Grand Batanga où un cholérique a été signalé hier (samedi 11 juillet ndlr) », s’inquiète-t-elle. C’est dire que le chef-lieu du département de l’Océan est sous la menace d’une contamination de masse avec désormais plusieurs foyers de propagation.

Quelle mesure de riposte pour stopper l’épidémie ? Quasiment aucune. A l’indignation des populations. « La simple sensibilisation à l’observance des mesures d’hygiène ne suffit pas. Il faut désinfecter les lieux malpropres », réagit le chef du quartier Masaka, sa majesté Ngadi Moukeka. « Le choléra est contagieux. Nous avons peur pour notre ville. Nous ne savons pas qui peut être porteur des germes. Imaginez le nombre de touristes qui viennent ici chaque weekend. Il ne serait pas surprenant que l’un d’eux déporte la maladie d’ici pour une autre ville », craint François Mavian un cadre à la délégation départementale du tourisme et des loisirs de l’Océan. « Nous devons monter au créneau et interpeller le ministre de la santé publique, voire l’Organisation mondiale de la santé. Car depuis deux mois qu’on parle de choléra à Kribi, cela n’émeut personne », regrette Oumar Ndoumbe, membre de la société civile.

Dans certains quartiers comme Petit-Paris et Mokolo qui regorgent d’une population cosmopolite et dont certains ménages manquent de toilettes, des comités de veille sanitaire ont été créés pour intensifier la sensibilisation afin de conserver un environnement salubre et vaincre le fléau. Toujours est-il que Kribi en ce moment n’inspire pas la sécurité sanitaire. Ceux qui songent à y arriver en villégiature se doivent de s’ de toutes s’entourer de toutes les précautions pour ne pas se faire contaminer et déporter le choléra vers d’autres villes

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