On peut donc manifester au Cameroun
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On peut donc manifester au Cameroun :: CAMEROON

Sans autorisation des autorités administratives, les étudiants, les militants du Rdpc et plusieurs autres groupes de jeunes ont assiégé les locaux de l’ambassade de France hier pour « dénoncer » les propos tenus ce week-end par le président Français.

Des centaines des jeunes étudiants entonnent des chansons ce 24 février 2020 devant les locaux de l’ambassade de France à Yaoundé. Si certains sont venus exprimer leur soutien au président Paul Biya après les déclarations du président macron, d’autres jeunes disent être venus « pointer » leur journée. Sur place, il y’a une grande escouade de plus de 100 policiers et gendarmes déployée sur le site pour encadrer la manifestation qui n’a pas été déclarée selon nos sources à la souspréfecture de Yaoundé 3ème.

Armés de matraques et d’autres équipements protecteurs ces éléments de force de maintien de l’ordre se montrent trop sereins. Aucune intimidation ni des cas d’interpellation comme c’est souvent le cas avec les manifestations ne sont enregistrés. Les véhicules de la police et de la gendarmerie ont bloqué le passage qui mène tout droit à l’ambassade. Seuls les véhicules du personnel en service à cette représentation diplomatique peuvent passer librement. Des tee-shirts, des banderoles, des pancartes ont été distribués au monument de la Réunification quelques minutes avant le début de la marche. Beaucoup d’étudiants se rendaient au campus lorsqu’ils ont été informés de cette manifestation. C’est le cas d’Alfred, étudiant en deuxième année histoire à l’université de Yaoundé 1 :

« Je partais au campus lorsque mes camarades m’ont invité à les rejoindre au monument de la Réunification. Je ne savais pas ce qu’il y’avait là-bas, lorsque je suis arrivé on m’a donné les banderoles et on nous a demandé d’aller au niveau de l’ambassade pour manifester contre les propos tenus par le président Macron. L’essentiel pour moi est que je pointe 2000F.Cfa en fin de journée ».

Par contre Nestor Ngah, étudiant aussi a été informé dimanche dernier par le groupe watsap, de ses camarades d’université : « J’ai reçu un message dimanche soir. Ce message nous invitait à nous réunir le lundi dès 7h au monument de la réunification. Le message ne précisait pas l’objectif du rassemblement c’est une fois au monument qu’on nous a distribué les tee-shirts et banderoles. J’ai appris que chaque participant aura droit à une somme de 1500F pour le rafraichissement mais ce n’est pas cette somme qui est importante pour moi. Je suis venu défendre l’intégrité de mon pays », affirme Nestor Nga, étudiant à l’université de Yaoundé I.

Selon le président de l’OJRdpc section Mefou et Afamba Ouest, les banderoles et pancartes ont été produites dans la nuit de dimanche à lundi. Celui-ci n’a pas voulu s’exprimer sur le montant dépensé par cette opération. Les manifestants sont venus des départements du Mfoundi et de la Mefou et Afamba. Il s’agissait précisément des jeunes des sous-sections du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), des organisations de la société civile et des Cop’s de l’université de Yaoundé I et Yaoundé II-Soa.

Aboubakar Souley, president du Cercle de réflexion des jeunes pour le développement de Yaoundé II (Cerjedy II) explique que, « nous sommes ici pour répondre à Macron parce que dire monsieur serait lui donner trop de respect à notre patriarche et notre père. Comment peut-il se targuer de dire devant les medias qu’il a mis la pression à un Etat souverain. Nous avons mobilisé les jeunes pour cette cause-là».

Des cars de transport et des bus ont été loués pour transporter les manifestants.

Dans la foulée plusieurs autres curieux sont venus voir comment est-ce que les autorités de Yaoundé ont pu autoriser une marche devant les services de l’ambassade de France. Pourtant que le 29 janvier dernier, des enseignants venus rendre hommage à leur collègue ont été brutalisés à Yaoundé. « Voilà ce qui nous choque dans ce pays lorsque les responsables du Rdpc veulent remplir leur agenda politique, ils ne respectent pas la loi. Les partis d’opposition n’arrivent pas à manifester. Les enseignants ont été brutalisés la dernière fois c’est dommage pour l’image de notre pays », explique un journaliste.

Dans les bars situés au niveau du lieu-dit mobile olezoa, quelques leaders dressaient déjà la liste de tous les participants pour faciliter les opérations de paie. Les listes ont été distribuées à chacun qui a pris le soin de mentionner son nom et son contact. Parmi les personnalités qui justifient cette marche devant les objectifs des caméras, il y’a l’honorable Simon Ongola. Ce député qui dit être sur les lieux comme participant et non comme organisateur affirme « la jeunesse condamne avec la plus grande fermeté et marque son indignation face aux propos de M. Macron samedi dernier.

J’ai peur que ce sentiment ne devienne un sentiment antifrançais ». Ce député dit être venu à cette manifestation comme participant et non comme organisateur. Dans la foulée, des bouteilles d’eau minérales ont été distribuées aux manifestants et journalistes mobilisés. Chaque participant s’attèle à inscrire son nom dans les listes de présence qui circulent. Aux alentours de 13h, la foule a commencé à diminuer devant les services de l’ambassade.

Les bars du quartier Olézoa ainsi que les tourne dos étaient plus sollicités à cette heure-là pour le partage de l’argent. « Les montants distribués etaient entre 15OO et 2000 pour les marcheurs. Mais les organisateurs qui sont les responsables des mouvements des jeunes percevaient en moyenne 10000F.cfa et voir plus », a déclaré Aristide Ntolo, étudiant ayant participé à la marche.

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