Un commissaire de police rétrogradé pour désertion au NoSo
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L’ancien commissaire de sécurité publique de la ville de Tombel en région du Sud-Ouest juge erronés les faits ayant conduit à une décision constatant ses supposées absences à son poste de travail au moment où sévit la crise anglophone. Sa hiérarchie martèle qu’il a pris pour prétexte une santé précaire pour abandonner ses hommes et son service. Le tribunal ordonne une enquête.

Le commissaire de police Nguenda Martin Roger, ex commissaire de sécurité publique de la ville de Tombel dans la région du Sud-Ouest s’est-il rendu coupable d’absences injustifiées tel que cela ressort d’une décision de Martin Mbarga Nguelé, délégué général à la Sûreté nationale (Dgsn)? Voilà la trame du débat qui l’oppose à son administration utilisatrice devant le Tribunal administratif de Yaoundé. Martin Nguenda vit mal sa décheance. Il l’a réitéré au cours de l’audience du 10 décembre 2019 à l’amorce du jugement du litige. Après 37 ans de service, l’homme de 55 ans se retrouve en complément d’effectif dans une unité de police de Bafoussam en région de l’Ouest à la suite d’un constat d’absence irrégulière au poste signé du Dgsn. Un acte du 29 août 2018 qui le prive de salaire depuis lors après lui avoir coûté son poste. Il espère obtenir son annulation.

Dans sa version des faits, il a pris fonction à Tombel le 5 février 2014 et a assuré sa mission sans interruption malgré les défis sécuritaires liés à la crise anglophone qui sévit dans cette région du pays et les complots et autres coups bas de certaines autorités de cette localité contre sa personne. Le 22 mai 2018, le plaignant dit avoir été victime d’une attaque cardiaque dans son bureau. Il a été transporté dans un hôpital de Loum à plus de 5 kilomètres de Tombel où il allait régulièrement pour des soins et revenait vaquer à ses occupations dans un bureau qui lui servait également de chambre à coucher. Il signait de sa propre main, le registre tenant lieu de main courante et saisissait les bulletins quotidiens de service (BQS) à destination de la hiérarchie.

Acharnement

De son point de vue, tout se passait bien jusqu’au 9 juillet 2018 quand le bâtiment abritant son unité de police est attaqué. Le policier est déclaré tué par des milices sécessionnistes mais fort heureusement, il ne se trouve pas dans le local lors du forfait. Son supérieur lui intime l’ordre de reprendre immédiatement le service. Le portail des camerounais de Belgique (@camer.be). Il s’exécute mais se heurte à une série de mesures visant à le mettre à l’écart. Stress, menaces, insécurité et santé jugée précaire par son thérapeute, aboutissent finalement à la prescription d’un repos médical. Le policier découvre plus tard qu’il fait l’objet d’un constat d’absences irrégulières au poste entre le 22 mai et le 12 juillet 2018. Lui, soutient qu’à cette époque, main courante faisant foi, il était bien présent.

D’après le plaignant qui se dit victime d’acharnement, ses malheurs viennent des autorités de Tombel et quelques-uns de ses collègues. Ces personnes ont réussi à installer quelqu’un d’autre à son poste et jeté ses effets dans un magasin. Il a saisi le Dgsn pour lui faire part de la situation. L’autorité a décidé qu’il rejoigne son poste mais là encore, des messages ont été envoyés disant qu’il refuse de réintégrer le poste. La décision du Dgsn a finalement été rapportée.

Recours prématuré?

M. Nguenda explique que ses détracteurs contestent la fragilité de son état de santé mais ne sollicitent pas une contreexpertise médicale pour le confondre. Ils se bornent à multiplier des tentatives pour le noircir auprès de la hiérarchie. Pour la Dgsn, le recours de son agent est prématuré. L’administration explique que sa démarche trahit sa méconnaissance de la nature de l’acte dont il sollicite l’annulation. Il s’agit selon elle, d’un acte préparatoire, un acte de procédure administrative ne pouvant faire l’objet de recours parce que ne faisant pas grief. C’est un acte destiné à servir de support à une procédure disciplinaire à l’issue de laquelle une sanction susceptible de recours pourrait être prononcée. De plus, pour la Dgsn, le commissaire de police a bel et bien abandonné ses hommes dans une situation de crise en prétextant un état de santé délétère, sans prendre la précaution de passer le moindre coup de fil à ses supérieurs.

Pour départager les parties, Le tribunal a opté pour une enquête afin de vérifier si le policier était absent ou pas au cours de la période visée par l’arrêté constatant son absence irrégulière. Celle-ci a eu lieu le 17 janvier 2020. Pour mémoire, le chef de l’Etat a signé le 4 novembre 2019, un décret infligeant une sanction d’abaissement de grade à l’encontre de M. Nguenda Martin Roger, pour absences injustifiées en service pour des faits commis du 20 juillet au 12 août 2018. Selon ce décret, le policier n’est plus éligible à aucun avancement durant une période de cinq ans. Ça, c’est une autre affaire.

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