

-
© Correspondance : Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
- 26 Aug 2019 09:10:00
- |
- 2922
- |
Sur le jeu de dupes de M. Alain Foka au Cameroun :: CAMEROON
Un journaliste peut-il prétendre être trop intelligent pour son propre bien en cette période particulièrement sensible et dangereuse au Cameroun? De manière générale un journaliste qui estime suivre la déontologie de sa profession doit au moins être précis. C’est Albert Camus qui a dit un jour que nommer mal les choses c’est ajouter au malheur du monde.
M. Foka a prétendu que la déontologie journalistique expliquait son silence sur le Cameroun. Par conséquent, appeler « agitateurs» des Camerounais ordinaires et les lanceurs d’alertes qui se soucient de leur pays et luttent au prix de leurs vies respectives pour faire cesser les multiples violations des droits humains commises par le gouvernement, plutôt que les nommer (ce qu’ils sont) des activistes des droits humains est non seulement désobligeant mais choquant. Car M. Foka refuse délibérément de s’enquérir des informations et des réquisitoires politiques exposées par ceux-ci, préférant se limiter à leurs origines sociales et/ou leurs opinions politiques. Il est vrai que Mr. Foka se voit et voudrait qu’on le voit comme un journaliste ô combien intègre, même s’il en est autrement. Mais il faut reconnaître qu’il fait partie en réalité d’un système archaïque devenu littéralement fou. Un système qui n’est plus contrôlé par la profession comme il le voudrait. Notamment parce que les nouveaux médias qui émergent du numérique, dont l’entrée et l’utilisation nécessitent peu de moyens, viennent concurrencer les grands médias parfois sous la tutelle diplomatique donc politique, comme RFI pour lequel Mr. Foka travaille prioritairement à destination de l’Afrique francophone. Aussi devront-ils rapidement revoir leur logiciel paternaliste, au lieu de s’en prendre inutilement aux “agitateurs.”
En fait, les organisations médiatiques qui refusent aujourd’hui délibérément de faire la promotion des droits de l’Homme ne font pas leur travail correctement.
En plus, faire des commentaires stupides et exagérés avec des termes comme « agitateurs » ne fera pas de bien à M. Foka ou à sa cause. C’est certes son droit de ne pas souscrire à l’idée de se battre pour les droits de l’Homme au Cameroun, mais c’est proprement idiot de penser que comparer les activistes des droits de l’Homme à de simples « agitateurs » est le moyen le mieux indiqué pour les amener à écouter voire partager son point de vue. Indépendamment de ses intentions, tout ce que M. Foka a fait dans son entretien polémique consistait à semer la division – et à être absolument certain que les « agitateurs » (comme il les appele de manière méprisante) et même le public visé ne suivraient pas son opinion.
En effet, M. FOKA, il est important que vous compreniez personne ne vous demande d’avoir un parti pris sur votre pays d’origine (Le Cameroun), mais d’être aussi réactif et objectif sur la tyrannie qui y sévit depuis 37 ans, avec son lot de mal gouvernance chronique, de massacres des populations civiles, de privations des libertés, et surtout de répression systémique …Comme vous le faîtes sur tous les autres pays africains.
Sinon il s’agit effectivement d’un silence pour le moins complaisant voire complice de la part d’un professionnel des médias.
Car il faut rappeler à M. Foka qu’un média d’information publique est essentiel au fonctionnement des droits de l’Homme et de la démocratie.
La couverture médiatique rapporte et met en valeur les informations et les récits qui façonnent les attentes du public et motivent les décisions publiques, et elle identifie des voix faisant autorité et « dignes » pour témoigner. Les médias publics mènent des enquêtes et demandent des comptes à des acteurs puissants. Leur analyse fournit une grille d’analyse et un cadre cohérent pour l’interprétation des événements complexes. Les médias renforcent l’empathie sociale en parlant aux autres des autres. Ils fournissent un forum social de dialogue et mobilisent les gens à travers des campagnes et des programmes d’information. Les médias font également la promotion des droits de l’Homme en mettant en lumière les violations et en approuvant des politiques conformes aux Conventions internationales signées puis ratifiées par les États. Le travail des médias libres incarne à suffisance le droit humain à la liberté d’expression en action.
C’est en ce sens, pour une question de citoyenneté et de démocratie, que les institutions doivent se ressaisir dans une période où des hommes et femmes politiques ne souhaitent pas donner les clés pour se faire comprendre. Ils sentent que ça donnerait beaucoup de pouvoir à cette base “d’agitateurs” dont ils se sont éloignés. Au contraire, l’éducation aux médias recrée du lien, du débat, atténue et même soigne la grande coupure entre la culture des élites et la culture populaire.
Parce que la culture des médias, c’est la culture populaire. Ce que tout le monde consomme mais méprise. Et c’est un incroyable outil de socialisation, qui permet de comprendre la société, donc d’agir dessus.
Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE
Les + récents
Les cours de formation comme instrument de l'influence française sur l'indépendance de la RCA
Vient de paraître : Le risque-Candidat en politique Africaine: Cas du Cameroun, Afrique en miniature
Présidentielle 2025 : Pourquoi aucun successeur crédible n’émerge au sein du RDPC
Présidentielle 2025 : Jean Paul Ntsengue soutient Paul Biya et dévoile ses raisons
Asbl CEBAPH: Pour l'enrôlement des électeurs et l'instauration d'un bureau de vote dans nos prisons
POINT DE VUE :: les + lus





Cameroun,33 ans de pouvoir: Les 33 péchés de Paul Biya
- 10 November 2015
- /
- 103825
LE DéBAT




Afrique : Quel droit à l'image pour les défunts au Cameroun ?
- 17 December 2017
- /
- 199461

Vidéo de la semaine
évènement
