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© Le Jour : Propos recueillis par Murielle Tchoutat
- 09 Jul 2019 02:11:00
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CAMEROUN :: Vox Pop : Que retenez-vous du récent séjour privé du chef de l'État à Genève ? :: CAMEROON
Fondjo Majesté, banquier : “Une victoire pour la diaspora”
Je ne sais pas pourquoi il était là-bas. Le cabinet civil nous avait parlé d'un "séjour privé en Europe". Ce séjour de trop a mis à nu les faiblesses du pouvoir de Yaoundé et montré un régime fragilisé. En face, un mouvement qui jusqu'à présent n'était pas très connu en a profité pour se faire un nom à l'international. La Brigade anti-sardinards puisqu'il s'agit d'elle, a fait la une de la presse internationale et en a profité pour marquer un grand coup. Une grande victoire pour ces camerounais de la diaspora qui pour beaucoup sont persona non grata au Cameroun depuis longtemps, dans la mesure où elle a pu obtenir le départ du chef de l'État. Le portail des camerounais de Belgique. La question qui se pose désormais c'est celle de savoir ce qui s'est réellement passé. Comment un groupe qui n'a aucun statut a pu obtenir le départ d'un chef d’État ? La communauté internationale serait elle en train d'envoyer un signal au régime de Yaoundé ? On a entendu aucun pays s'indigner de cette expulsion d'un chef d’État. Ce retour "triomphal" du chef de l'État sonne la fin de ses "séjours privés" en Europe ? Dans le contexte actuel nous pouvons répondre par l'affirmative. Ce qui d'ailleurs va permettre à l'Etat et au peuple camerounais de faire beaucoup d’économies. Surtout s'il est vrai que ces séjours privés coûtent énormément aux caisses de l'État.
Urcil Kenfack, agronome : “Du grain à moudre à la diaspora”
Je retiens que les tontinards et les sardinards ont bagarré devant l’hôtel Intercontinental. La police Genevoise a fait arrêter six des gardes de corps de Paul Biya parmi lesquels quatre ont étés condamnés à six mois avec sursis. Je retiens également que le Chef de l’Etat était parti en Europe pour un court séjour officiel, mais il a dû faire un retour en catimini, comme s’il avait été chassé. C’est un vrai gâchis. Je pense que son équipe ne comprend pas encore les enjeux de la situation du Cameroun. Celle-ci ne permet pas qu’il puisse venir en Genève quelque soit la raison. Cette situation donne du grain à moudre à la diaspora afin de justifier ses actions. Donc, c’est sans aucun doute, une victoire de celle-ci. Il serait temps que le chef de l’état prenne l’initiative afin de résoudre les problèmes multiformes du pays. Après, il aura tout le loisir de revenir se reposer à Genève.
Jean Takoudjou, opérateur économique : “Un indicateur de malaise”
Nous sommes à l’ère de la croisée des chemins au Cameroun. C’est à dire que nous sommes face à ce qu’on a longtemps ignoré. Le naturel nous revient au galop. En mon sens, c’est un indicateur du malaise qui existe entre l’autorité camerounaise représentée par le chef de l’Etat, et la diaspora. Il faut rappeler que la diaspora est l’une des composante d’une nation qui a la capacité de faire basculer non seulement l’ordre politique d’un pays, mais l’ordre économique aussi. On se souvient très bien du fait que c’est la diaspora iranienne qui a fait de ce pays ce qu’il est aujourd’hui en terme de transfert de connaissances et de technologies. Donc, on ne peut pas nier le rôle important qu’une diaspora joue pour son pays. La diaspora camerounaise est l’une des plus brillantes dans le monde, de part le nombre d’ingénieurs, de médecins, de chimistes et d’astrophysiciens qui sont éparpillés dans le monde. Ça veut dire que le Cameroun doit se construire avec eux. S’ils ont chassé le chef d’Etat camerounais à travers la pression de qu’ils ont mis sur l’Etat helvétique, c’est la preuve qu’ils ont un contrepoids qu’il ne faut pas négliger.
Cela dit, il est important aujourd’hui que le dialogue puisse se tenir. Parce que, c’est à force de rester indifférent aux réclamations que le conflit anglophone qu’on connaît en ce moment a pris de l’ampleur. A partir du moment où une des parties d’une nation se met à se plaindre, il faut tendre l’oreille pour écouter. Car, on vit ensemble et notre destin est lié. Ceci dit, il est temps pour le clan Biya de se remettre en cause de se réévaluer et de pouvoir apporter des solutions efficaces à cette crise qui est en train de nous cadenasser à tous les niveaux. L'info claire et nette. Nous avons un conflit en zone anglophone, un autre au Nord au pays et un troisième à l’Est. Nous avons également un conflit politique qui secoue tout le pays. Car nous avons un candidat aux élections présidentielles qui est sorti deuxième, mais qui se retrouve en prison avec plus de cinq cent militants de son parti. C’est du jamais vu au 21e siècle. L’incident qui s’est passé à Genève n’est qu’un indicateur du malaise qui est généralisé. Il est cette camouflé au niveau interne du pays, mais il est impératif de le mettre sur la table et en discuter. Tous les conflits du monde se sont réglés sur une table de négociation. Autant mieux préserver les morts en dialoguant pour notre pays.
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