Cameroun : L’impossibilité de grandeur dans cette cacophonie de haine et d’injustice
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Cameroun : L’impossibilité de grandeur dans cette cacophonie de haine et d’injustice :: CAMEROON

La situation de notre pays est préoccupante. Le premier piège que nous tend cette situation est de répondre aux invitations à la haine qui nous sont lancées de partout.

Certains font de vous leur bourreau. Parfois, pour des raisons de sécurité, pour protéger les autres. D'autres par contre le sont habité par la haine et la volonté de tout détruire y compris le peu d'humain qui subsiste en eux. Il est nécessaire d’agir, mais il n’est pas nécessaire d’y ajouter la haine. Faire son devoir sans s’emporter contre ceux qui essaient de vous en empêcher est un signe de grandeur et de santé d’esprit. Et ce n’est qu’à cette condition que le bonheur est possible. Chercher à développer une qualité particulière dans la vie est une noble chose. Mais la plus difficile – et la plus nécessaire – à atteindre est d’aimer ses semblables en dépit de toutes les invitations à ne pas le faire. Une personne véritablement grande se refuse simplement à changer face aux mauvaises actions dirigées contre elle – et elle aime ses semblables parce qu’elle les comprend.

Après tout, le piège est le même pour tout le monde. Certains n’en sont pas conscients, certains en sont devenus fous, certains agissent comme ceux qui les ont trahis. Mais tous, absolument tous, sont dans le même piège : généraux, balayeurs, présidents, détraqués. Ils agissent comme ils le font parce qu’ils sont tous soumis aux mêmes pressions cruelles de cet univers.

Je suis obligé de convoqué la notion originel d’habitus ici utilisé par Norbert Elias dès 1930, très longtemps donc avant sa popularisation par Pierre Bourdieu. Je convoque cette notion pour contourner l’essentialisme induit par la notion de caractère national, beaucoup trop statique. Je voudrais rendre compte des différences entre les trajectoires des ethnies qui constituent notre pays pays aujourd’hui, où se développent de plus en plus des conceptions de la culture et de la civilisation très dissemblables. Plus largement, l’habitus désigne chez Norbert Elias le « savoir social incorporé » qui se sédimente au cours du temps et façonne, telle une « seconde nature », l’identité tant individuelle que collective des membres d’un groupe humain qu’il s’agisse d’une famille, d’une entreprise, d’un parti ou d’une nation. Compte tenu de l’appartenance de chaque individu à de multiples réseaux d’intégration sociale à différents niveaux, l’habitus de chacun est forcément multiple lui aussi.

Ce que je m’efforce de mettre en lumière dans cet océan de haine et donc d’injustice politique, économique et sociale, c’est qu’en tentant de mettre au jour un habitus national, nous visons à déceler des tendances partagées par une majorité de Camerounais, sans omettre les différences entre strates, classes ou groupes sociaux qui composent la société nationale. En outre, si l’habitus se transmet de génération en génération, il se transforme également : ce concept contient tout à la fois l’idée de continuité et celle de changement et, dans le même temps, révoque l’idée de permanence comme celle de rupture totale. En insistant sur la dimension historique de l’habitus, mon objectif ici est de veiller à ne pas la réifier et je voudrais souligner que, même lorsqu’on parle d’institutions, ce ne sont que des individus socialisés qui, au cours des siècles, façonnent l’habitus, ce qui explique sa dimension évolutive. Nous sommes donc un peuple parce que nous le voulons, parce que nous nous projetons ainsi. Nous devons travailler dans la liberté à laquelle nous convoque tout exercice intellectuel et cette liberté doit nous être garantie par la justice dans une volonté politique permanente et grande.

Je suis entré en politique avec deux valeurs, la fidélité et l'amour qui ne doit pas être considéré comme une absence de haine. Haïr mène au désastre. Aimer mène à la force. Aimer en dépit de tout est le secret de la grandeur. Et il se peut très bien que ce soit le plus grand secret de cet univers. Je ne voudrais pas être inaudible dans ce brouhaha construit par nous tous. Que faire donc? J'espère que chacun prenne conscience et sache faire la différence pour que seul la grandeur ; sa quête subsiste c'est dans cette subsistance que re-naîtra ce pays et son peuple.

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