Cameroun: Achille Zogo Andela condamné à 35 ans de prison
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Cameroun: Achille Zogo Andela condamné à 35 ans de prison :: CAMEROON

EPILOGUE. Au terme d’un procès émaillé de multiples incidents devant le Tribunal criminel spécial, l’homme d’affaires a été reconnu coupable du détournement de 29 milliards de francs. La décision est remplie de contradictions et zones d’ombre.

L’affaire dite des «navires espagnols» s’est clôturée devant le Tribunal criminel spécial (TCS) avec un goût d’inachevé. Achille Zogo Andela, l’ancien président de la Société camerounaise de leasing maritime (Sclm),a écopé de 35 ans d’emprisonnement.Il est déclaré coupable du détournement de la somme de 29,9 milliards de francs et de la dissimulation de 12 des 20 navires de pêche loués auprès de l’État du Cameroun.

L’homme d’affaires était absent lors du prononcé du verdict rendu le 28 novembre dernier, pour cause d’«hospitalisation».

Son coaccusé, Alfred Ba’anda, déclaré en fuite, est quant à lui condamné à la prison à vie. Il a été reconnu coupable de la complicité des faits en cause.

Pour asseoir, la culpabilité des accusés, le tribunal estime que M. Zogo Andela avait reçu en de l’Etat du Cameroun, les navires querellés en location-vente. Il a obtenu les premiers bateaux en 1999, et devait en contrepartie verser 200 millions de francs dans un compte ouvert à la Caisse Autonome et Amortissement (CAA), tous les deux mois, à travers l’entreprise Sclm, créé en 1996, dont il était le président. Les fonds servaient à rembourser, sur une période de 15 ans, la dette de 30 milliards de francs contractée par le Cameroun auprès de la banque espagnole ICO en vue de la construction des navires litigieux.

Le tribunal indique que l’homme d’affaires n’a respecté que trois échéanciers à hauteur de 1,2 milliard de francs.

Le tribunal estime que M. Zogo Andela s’est accaparé les navires en baptisant certains «Andela» et «Messina» le nom de sa mère, ce qui, pour le tribunal, traduit «sa volonté expressive de s’approprier les bateaux».

Le tribunal cite comme preuve un constat d’huissier de justice dressé à la demande de M. Zogo Andela dans lequel il est écrit «Camercrus [entreprise appartenant à M. Zogo Andela, ndlr], a acquis 20 bateaux pour les besoins de ses services». Le tribunal ajoute que l’homme d’affaires a usé de la «ruse voire par la fraude» pour obtenir auprès de l’administration l’autorisation de sortir 12 navires des eaux camerounaises, en dépit de l’interdiction inscrite dans le contrat de location. Les huit autres bateaux ont été saisis par l’administration en 2002. La résiliation du contrat avec la Sclm est intervenue en 2003.

De manière contradictoire, le tribunal indique tantôt que les 12 bateaux sortis du Cameroun par M. Zogo Andela, n’ont pas été trouvés, tantôt la commission ad-hoc créé par l’Etat après la résiliation du contrat les a retrouvés au Congo, au Sénégal et en Mozambique. Ceux retrouvés au Congo ont été mis en exploitation par l’administration. Ce qui donne le sentiment d’un procès bâclé.

M. Zogo Andela qui n’a jamais donné sa version des faits lors du jugement s’est pourvu en cassation. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, les avocats de l’homme d’affaires qualifient la sentence infligés à leurs clients d’«inique» et de «lynchage judiciaire».

Ils signalent que des plaintes sont d’ores et déjà déposées en France contre l’équipe de juge du TCS, et certaines personnalités qu’ils estiment protégées par la juridiction d’exception préférant sacrifier la tête d’Achille Zogo Andela.

Le procès des «navires espagnols» ne fait peut-être que commencer.

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