BOKO HARAM : Deux Américains échappent à  un enlèvement
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Abba Goroma, un important membre de la secte terroriste a par ailleurs été arrêté par l’armée.

Les services de sécurité camerounais ont frappé un grand coup dans la journée du 16 novembre 2017. Ce jour-là, dans un quartier situé à la périphérie de Maroua, précisément à Djarengol-Kodek, ils ont capturé un important membre du groupe terroriste Boko Haram : Abba Goroma. Un riverain qui a assisté à l’opération raconte : «Aux environs de 16h, deux hommes à moto se sont arrêtés au carrefour Deïdo. Ils ont plaisanté avec un soudeur qui échangeait avec une dame. Quelques minutes plus tard, trois véhicules des forces de défense ont déboulé. Les deux hommes ont alors pris la fuite à bord de leur moto jusqu’au niveau de la rivière qui sépare Djarengol de Djalingo où ils ont été capturés».

Dans la soirée, aux environs de 20h, les forces de sécurité sont revenus et ont encerclé le domicile d’un certain Ousman et arrêté deux nouveaux suspects. Au total, ce sont donc quatre membres de Boko Haram qui ont été interpellés. Outre Abba Goroma, figure également Modou Gana Diguir alias Engineer, ex-célèbre trafiquant réputé pour la qualité de sa conduite. Tous ont été par la suite convoyés à Yaoundé.

De cette fructueuse pêche, la grosse baleine est assurément Abba Goroma. Né au Nigeria dans la localité d’Andara à 03 km environ de Kumshé, cet ancien vendeur de kolas qui possède une carte nationale d’identité camerounaise au nom d’Alhadji Hassan, occupait une position prépondérante dans la secte, notamment dans le secteur de Kumshe et de Banki. «Il a rejoint la secte quand celle-ci est passée à la lutte armée. Jusqu’en 2013, on le croisait régulièrement à Amchidé et il appartenait à un célèbre groupe d’amis appelé «Groupe Nakia». Il venait même régulièrement à Amchidé, armé de son pistolet», raconte Mohamed, un natif d’Amchidé.

Dans Boko Haram, Abba Goroma va rapidement gravir les échelons jusqu’à côtoyer le sommet de l’organisation et être, aussi, de ce fait, dans le viseur des services de sécurité nigérians et camerounais. «Pour les services camerounais, il est un précieux disque dur. On sait par exemple qu’il avait la haute main sur la logistique nécessaire à la confection des charges explosives ou encore la préparation de kamikazes avant le passage à l’acte. C’était le boss qui coordonnait toutes sortes de trafics pour permettre à la secte d’avoir l’oxygène nécessaire à ses opérations dans le secteur Kusmhé-Banki», renseigne une source introduite.

Désigné en ennemi public n°1 par les services de renseignement, Abba Goroma était pisté nuit et jour. Fin septembre 2017, l’étau se referme un peu plus sur le terroriste quand quatre bergers transportant du miel sont accidentellement arrêtés dans les environs de Bonderi par des membres du comité de vigilance. «Le miel est un élément important utilisé dans la préparation du kamikaze avant qu’il ne passe à l’acte. Les bergers nous ont donc apparu suspects d’autant plus que, peu de temps après leur interpellation, de fortes sommes d’argent nous ont été proposées au téléphone contre leur libération. Nous avons donc immédiatement alerté les gendarmes», raconte un membre du comité de vigilance. Transférés pour enquête à Mora par les gendarmes de la brigade de Bonderi, les quatre bergers vont finir par atterrir à la prison de Maroua.

«Les enquêtes préliminaires ont établi que les bergers vendaient, pour le compte de Boko Haram, du bétail volé. Quand ils ne leur reversaient pas directement de l’argent, ils leur servaient de commissionnaires en achetant pour eux des denrées alimentaires, des produits pharmaceutiques, du carburant, du matériel électrique ou encore du miel. C’est la Direction générale de la recherche extérieure qui a établi le lien entre eux et Abba Goroma», indique une source.

De fait, si les bergers disent n’avoir jamais rencontré le terroriste, il n’en demeure pas moins qu’ils ont échangé à plusieurs reprises au téléphone. Les forces de sécurité redoublent de vigilance, pour finalement le localiser et le coincer à Djarengol-Kodek le 16 novembre 2017. Depuis, la question qui taraude les experts du terrorisme est la suivante : qu’est venu faire là, à la périphérie de Maroua, Abba Gorona ?

Selon diverses sources, l’intéressé qui connaît bien la région, n’a jamais cessé de la sillonner. «Il a de la famille ici, à Maroua, et certaines informations laissent même entendre qu’il a acquis des biens ici, notamment après la libération de la famille Moulin-Fournier», insiste Hamadou, un commerçant d’Amchidé installé à Maroua. Une simple mise au vert à Djarengol- Kodek ? Des sources généralement bien informées affirment que Abba Goroma préparait un gros coup qu’il est venu lui même exécuter. Lequel ? Son groupe se préparait-il à enlever le couple d’Américains qui avait pris ses quartiers depuis le début de l’année au camp missionnaire de Djarengol-Kodek à près de 200 mètres du domicile où il avait établi son quartier général ?

Le renforcement du dispositif de sécurité autour du camp missionnaire quelques minutes seulement après la fin de l’opération contre la bande à Abba Goroma peut accréditer cette thèse. D’ailleurs, 48h plus tard, Jim et Sarah Park, tous deux travaillant pour la Société Internationale Linguistique (SIL) ont quitté l’Extrême-Nord à la demande des autorités. «Les deux Américains aimaient à se balader dans le quartier, surtout en soirée. Ils étaient connus de tout le monde et étaient, à vraie dire, une proie facile. Le couple est parti pour Ngaoundéré», explique un riverain.

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