TRANSPORTS : Vérités sur la suspension des vols vers l’Europe
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La directrice générale de l’Autorité aéronautique du Cameroun (CCAA) sur la sellette.

La nouvelle a de quoi donner du tournis à tout observateur averti de l’environnement aéronautique : la suspension des vols de Camair-Co de la navigation aérienne en direction des aéroports de l’Union Européenne. Une suspension de la compagnie nationale qui, loin d’être dictée par le régulateur de l’aviation civile du vieux continent - Agence européenne pour la sécurité de l’Aviation (EASA) - est une curieuse initiative de l’Autorité aéronautique du Cameroun (CCAA) !

INTERROGATIONS

L’Union Européenne a mis sur pied, il y a quelques mois, une nouvelle règlementation de son espace aérien. Ainsi, tout transporteur aérien devant effectuer des déssertes vers les pays de l’Union doit se conformer à cette nouvelle réglementation, au plus tard en novembre 2016. Et notamment, en obtenant une certification européenne dite EASA. Dans la volonté manifeste de Camair-co de se conformer à cette certification de l’Union Européenne, elle a créé en son sein une task force pour mener à bien le processus. Et surtout, préparer dans le cadre de cette certification, la rencontre EASA/Camair-Co qui aura lieu le 26 juillet 2016 àCologne, en Allemagne.

Comme, il est de coutume, le transporteur national se doit de transmettre un certain nombre de documents au régulateur européen au plus tard le 21 juin 2016 à minuit. Ce à quoi Camair-co s’est conformée, comme l’atteste des accusés de réception délivrés par EASA. Curieusement, Camair-co recevra de la CCAA, dans la journée du 21 juin 2016, une lettre de suspension de ses vols vers l’Union Européenne. Dans sa correspondance, Paule Assoumou Koki, directeur général de la CCAA, évoque l’impréparation de Camair-Co et la non transmission de la documentation exigée par EASA.

Du côté de Camair-co, on crie au scandale. «On estime que cette suspension est arbitraire et par conséquent ne saurait se justifier. On ne peut pas parler d’impréparation à plus d’un mois de l’échéance d’une rencontre alors que toutes nos équipes sont en plein travail pour les besoins de la cause», soutiennent des responsables de la task force à Camair-co. Parler d’une impréparation relèverait, à en croire, la Task force de Camair-Co, de la supercherie. «Nous sommes suffisamment motivés pour la rencontre de Cologne et travaillons d’arrache pied pour le succès de cet audit.  Les raisons avancées par la CCAA qui n’a pas qualité pour nous suspendre des vols vers l’Europe, sont essentiellement factices. Outre le fait que nous avons transmis  dans les délais prescrits la documentation requise par le régulateur européen qui ne s’en plaint d’ailleurs pas», soutient-on du côté de la direction générale de Camair- Co. Et si d’ailleurs les délais de transmission de la documentation n’avaient pas été respectés par Camair-Co, il ne revenait pas au régulateur camerounais de suspendre sa compagnie en lieu et place de son homologue européen.

DÉCISION

Pour bon nombre d’acteurs de l’aviation civile, Paule Assoumou Koki a posé un acte d’une extrême gravité pour une société d’Etat, et dont les implications vont au-delà de nos frontières. De sources proches du ministère des Transports, tutelle de la CCAA, on rassure qu’elle n’a pas pris la peine de se référer à son chef de département, Alain Mebe Ngo’o. A la direction de l’Aviation civile du Ministère des Transports, les positions sont un peu plus tranchées : «Le directeur général de la CCAA a outrepassé ses compétences en prenant une décision qui relève du gouvernement camerounais ou du régulateur européen EASA».

Il semble qu’une rencontre EASA/Cama i r -Co/CCAA serait prévue le 27 juin 2016 à Malabo, en marge de la semaine africaine de l’aviation civile à Malabo. Si tel est le cas, pourquoi n’avoir pas attendue cette rencontre où les divergences quelconques pourraient être réglées pour ce qui est du processus de cette certification ? Pourquoi perturber la task force Camair-co qui fonctionne en plein régime et ternir l’image de la compagnie ?

Autant de questions sans réponses succinctes. Sur un tout autre plan, cette décision de la CCAA de restreindre au gré de ses humeurs le certificat de la compagnie nationale est vue du côté de Camair-Co comme un abus d’autorité. Ce d’autant plus que, comme soutient la Task force Camair-Co, la compagnie n’a enfreint aucune loi et autres textes règlementaires de l’aviation civile au Cameroun.

La sanction de la CCAA dans un ciel (européen) dont elle n’a pas qualité ne peut que susciter des interrogations. Comment expliquer la précipitation de la CCAA à suspendre Camair-Co. ? Pour les observateurs avertis de la chose aéronautique, cette décision revêt une coloration malveillante. En tout cas, celle-ci survient quelques jours après la remise au gouvernement camerounais par Boeing Consulting, de l’audit réalisé sur Camair-Co.

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