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© L’Oeil Du Sahel : JEAN AREGUEMA
- 30 May 2016 09:50:10
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CAMEROUN :: Une ex otage de Boko Haram remise à sa famille :: CAMEROON
De la joie ! C’est la seule émotion qui avait droit de cité le 21 mai 2016 à Tourou, localité située à 40 km de Mokolo.
Le village célébrait ce jour-là, le retour triomphal de Habiba Salé qui a passé 18 mois en captivité entre les mains de ses ravisseurs. La fille de 16 ans avait été enlevée avec trois autres filles dans la bourgade de Hidoua, située à 5 km de Tourou.
La-bas, elle y a vécu des horreurs qu’elle seule peut mieux exprimer. Mais, les autorités n’ont pas voulu s’y attarder, mettant la priorité sur ces retrouvailles en famille. Et si pour les responsables militaires, Habiba Salé ne représente aucun danger pour la société, malgré les 18 mois passés en compagnie des terroristes, Emmanuel Bingono, enseignant de psychologie à l’université de Maroua, ne partage pas totalement cet avis. «Il s’agit d’un cas de post traumatique. Elle a été traumatisée. Elle a vu comment on a tué son mari. Pour mieux la cerner, il faut d’abord répondre à plusieurs interrogations. Quelles étaient ses conditions de détention, quelles étaient ses relations sexuelles ?
A-t-elle participé ou était-t-elle complice des exactions de Boko Haram ? Quel a été son rôle aux côtés de Boko Haram pendant sa captivité ?», pense le Dr Bingono.
En effet, avant de quitter Hidoua avec les otages, les terroristes avaient exécuté son mari, Markus Wandala, qui refusait d’obtempérer à leurs injonctions, notamment sa conversion à l’islam. Selon le témoignage de l’ex otage, elle a séjourné dans deux localités avec ses ravisseurs pendant la période de sa captivité.
«Quand on nous a arrêtés, on a été amenés dans un village musulman. Les gens se sont enfuis et puis, on m’a transférée avec une autre fille à Goza. Là-bas, on m’a mariée de force. Le jour suivant, j’ai été transférée dans la forêt de Sambisa, où il y avait beaucoup de filles. On nous appelait toutes, les filles de Shekau. Vraiment, je ne croyais plus encore en cette vie», raconte Habiba Salé.
Voilà pourquoi pour le chef de département de psychologie à l’université de Maroua, la présence d’un psychologue aux côtés de Habiba Salé est plus que nécessaire. Car, selon lui, seul un psychologue peut analyser «les indicateurs de trahison». «Parmi ces indicateurs de trahison, il y a entre autres, son langage parlé, ses habitudes alimentaires et de communication, ses contacts, son raisonnement, la pratique de sa religion, ses projets. Comment vitelle la séparation avec son bébé ?», précise-t-il.
Profitant d’une offensive de l’armée nigériane contre la position de Boko Haram dans la célèbre forêt de Sambisa en mars 2016, l’otage réussit à s’échapper. Laissant derrière elle, un enfant de deux ans, «Rebecca». Après six jours de marche, elle se retrouve à la frontière camerounaise dans la localité de Tourou. Ici, elle est interpellée par les membres du comité de vigilance.
Dans un premier temps, ceux-ci ont cru avoir affaire à une kamikaze comme ils en ont l’habitude de rencontrer. Mais très vite, l’ex otage leur a donné toutes les informations sur son identification. C’est ainsi qu’elle sera remise entre les mains des militaires qui l’ont aussitôt conduite au poste de commandement de la Rmia 4 à Maroua.
Sur instruction du général de brigade Jacob Kodji, commandant de la Rmia 4, Habiba Salé est internée à l’hôpital militaire de Maroua, où elle a reçu des soins pendant plus d’un mois. Après avoir recouvré sa santé, le général Jacob Kodji a ordonné son retour dans sa famille. Habiba Salé sera raccompagnée par les militaires de la Rmia 4 commandés par le colonel Alexandre Léandre Kenmegné.
«Elle était très fatiguée et très malade. Nous l’avons soignée, nous l’avons encouragée et aujourd’hui, nous la ramenons à la maison», a déclaré le colonel Alexandre Léandre Kenmegné, aux populations de Tourou sorties nombreuses pour accueillir Habiba Salé.
Mais Dr Bingono précise que ce n’est qu’au bout de l’accompagnement d’un psychologue pendant un certain temps qu’on pourra savoir s’il y a une rupture totale ou pas entre Habiba Salé et Boko Haram.
Il en profite d'ailleurs pour réitérer l'importance des psychologues pour accompagner les militaires, les victimes de guerre et les populations civiles qui sont à leur première expérience d'une situation de guerre.
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