DÉLESTAGES : Les populations de l’Extrême-Nord broient du noir
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Les perturbations de l’alimentation en énergie électrique se sont accentuées depuis deux mois.

Esther H. est sans activité depuis près de deux mois. Suite à une brusque coupure de courant électrique survenue dans son secrétariat bureautique, les trois ordinateurs, qui constituaient l’essentiel de son équipement, ont été endommagés. Cette mère de quatre enfants, qui a acquis ces machines grâce aux fruits de ses économies et à un prêt contracté dans une tontine, ne sait plus à quel saint se vouer. Juste à côté de son secrétariat, des jeunes gens sont également, dans un atelier de soudure, en «chômage forcé» depuis plus d’une semaine. Les élèves, eux, ont recours aux lampestempêtes dans la nuit pour étudier, à cette approche des examens de fin d’année.

En effet, depuis fin janvier 2016, la quasi-totalité des localités de cette région vit au rythme des coupures intempestives de l’électricité. Les quartiers de la ville de Maroua, chef-lieu de la région, ainsi que les localités reculées, sont presque chaque jour dans le noir. La société en charge de distribution de l’énergie électrique a confectionné un programme des coupures, qui est malheureusement méconnu des populations. D’où leur surprise chaque fois qu’il y a interruption d’énergie électrique qui, du moins se fait de manière rotative. Mais à l’observation, on constate qu’à Maroua, les coupures sont un peu rares dans certains quartiers, tandis que d’autres broient du noir quasiment chaque jour. Dans ce dernier cas, on retrouve les quartiers tels que Doualaré, Kakataré, Douggoï, Diguirwo, Baoliwol et Pitoaré.

Dans les localités reculées de la région, la situation sévit avec plus d’acuité. Des localités sont souvent sevrées de l’électricité pendant des mois. Dans l’arrondissement de Tokombéré par exemple, depuis près d’un mois, les populations n’ont pas d’électricité tous les soirs, notamment de 17 h à 7 h du matin. «Nous sommes dépassés par ce que fait Eneo. On nous laisse dans le noir chaque jour aux heures de travail, sans aucune explication. On dit qu’Eneo a un programme des coupures, mais personne ne le connait. Quelle est cette société qui coupe le courant comme elle veut et quand elle veut, sans se soucier de ses clients ?

Il faut que le gouvernement se penche avec sérieux sur la situation d’Eneo ; sinon, elle sera à l’origine de soulèvements populaires. Les gens en ont marre», fulmine Martha, habitante de Tokombéré. Comme elle, c’est toute la population de l’Extrême-Nord qui crie son rasle- bol. Le mécontentement est actuellement grandissant. Une situation qui pourrait empirer si les coupures perdurent.

ECONOMIE AU RALENTI

L’intermittence de la fourniture du courant électrique influe sur les activités économiques, déjà en baisse de régime, du fait de l’insécurité créée par Boko Haram. Des commerces qui nécessitent l’énergie électrique tournent au ralenti. Selon Boukar, responsable d’un atelier de soudure, son manque à gagner se chiffre déjà en termes de millions de Fcfa depuis que les coupures intempestives du courant électrique ont commencé.

«Nous faisons un travail contraignant. Nous voulons livrer nos commandes à temps. Si nous passons un jour sans travailler, nous perdons des centaines de mille. Et lorsque nous totalisons plus de dix jours d’inactivité, notre manque à gagner est énorme. C’est en termes des millions Fcfa. Il faut que les responsables d’Eneo pensent à résoudre définitivement ce problème de coupure du courant. Nous payons les impôts et autres taxes,  mais nous ne parvenons pas à bien travailler pour réaliser de bons bénéfices. Si ça continue ainsi, ils vont nous pousser à la faillite», se lamente ce commerçant. Boukar n’est d’ailleurs pas la seule victime à subir les dégâts collatéraux liés à la coupure de l’électricité.

Au marché central de Maroua, où plus de deux cents couturiers gagnent leur vie grâce à leurs machines, les journées sans énergie électrique sont celles des «chômages forcés». «Comme vous me voyez, je suis là comme ça. Je ne peux rien faire. Pourtant, j’ai beaucoup de commandes en broderie. Moi, je vis comme ça de mon travail au jour le jour. Quand on passe une journée sans boulot, c’est vraiment difficile. On n’a même pas de quoi acheter les provisions pour la famille», tempête Bello, brodeur au marché central de Maroua.

«L’insécurité a paralysé les activités économiques dans cette région. Comme si cela ne suffit pas, Eneo vient en rajouter avec des coupures intempestives de l’électricité en rendant ainsi la vie encore plus difficile.

Pourquoi le gouvernement ne peut tancer Eneo pour le cas précis de l’Extrême-Nord, déjà exposé à plusieurs calamités et autres situations complexes» se plaint un fonctionnaire. Dans les boulangeries, les ateliers de couture, de soudure, les poissonneries ou encore des secrétariats bureautiques qui poussent comme des champignons dans la ville de Maroua, c’est la détresse. Pis, les coupures générales de courant électrique entrainent les coupures d’eau.

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