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© L’Oeil Du Sahel : JEAN AREGUEMA
- 09 Apr 2016 13:38:26
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CAMEROUN :: TERRORISME : Les enseignants chinois quittent l’université de Maroua :: CAMEROON
L’insécurité qui prévaut à Extrême-Nord est la raison officielle de leur rappel à Yaoundé, en pleine année académique.
Les programmes des cours de langue chinoise connaissent des perturbations, ces derniers jours, à l’université de Maroua (UMa). A l’origine de cette malheureuse situation, le départ de six des dix enseignants de cette discipline, qui ont quitté Maroua le 26 mars 2016 pour Yaoundé. Ils laissent dans le désarroi quelques 300 étudiants dont plus de 250 à la faculté des Lettres et sciences humaines et environ 90 à l’Ecole normale supérieure (ENS).
Le premier contingent des enseignants à avoir plié bagages est uniquement constitué de femmes. Les autres, soit quatre hommes, plieront eux aussi très prochainement bagages. La raison officielle de ces départs, qui interviennent en pleine année académique, est la situation d’insécurité que traverse la région de l’Extrême-Nord.
Raison pour laquelle le ministère chinois des Affaires étrangères a demandé à l’Institut Confucius de rappeler à Yaoundé, son personnel détaché à Maroua, ville classée dans la zone rouge de l’insécurité, selon leurs critères. «Nous sommes vraiment surpris du départ de nos collègues chinois. Ils ont eu le courage de rester à Maroua au moment où l’insécurité était à son paroxysme avec l’enlèvement de leurs compatriotes à Waza, en 2014.
C’est maintenant où la situation est en train de s’améliorer, qu’ils décident de partir. Aujourd’hui, il n’y a plus de danger à habiter à Maroua. Que redoutent-ils ?», s’interroge, perplexe, un enseignant de l’université de Maroua. L’argument d’insécurité avancé ne passe manifestement pas parmi le personnel de l’institution universitaire. «Vous savez que pour des raisons d’insécurité, la plupart des chancelleries ont rappelé leurs compatriotes vivant dans la région de l’Extrême-Nord. Le départ des enseignants chinois est une mesure conservatoire en attendant que la situation sécuritaire s’améliore bien. Ils reviendront certainement si la situation d’insécurité change», tempère le recteur, le Pr Edward Oben Ako.
ALTERNATIVES
Les Chinois ont pris de cours les responsables de l’université. Ceux-ci n’ont été officiellement informés que trois jours avant le départ des six enseignantes, précisément le 23 mars dernier. Dans le document d’information que votre journal a consulté, les enseignants chinois proposent à l’université trois mesures transitoires pour pallier à leur absence. La première est que l’université transfère tous les étudiants en chinois à Yaoundé pour achever l’année académique en cours. La deuxième, donner régulièrement des cours sur support CD aux étudiants.
Et la dernière, engager des formations à distance à travers skype ou simplement par vidéo-conférence. Faute de ressources financières conséquentes, l’université a opté pour la troisième solution. L’université de Maroua compte néanmoins rappeler ses trois étudiants inscrits en cycle Doctorat en chinois en Chine, pour venir appuyer les quatre enseignants encore présents à Maroua. A en croire le recteur, le retour au bercail de l’un de trois étudiants est d’ailleurs prévu pour le 10 avril prochain.
Malgré cela, les étudiants ne sont guère rassurés. «Depuis que nos enseignants sont partis, les cours sont suspendus. Le retard que nous accusons est difficile à rattraper. Sur cinq unités d’enseignement programmées pour cette année, nous n’avons fait que deux. Pourtant, on devrait bientôt avoir les examens, mais telle que la situation se présente maintenant, tout est compliqué. Il se raconte que la durée de notre formation sera prolongée à cause du départ de nos enseignants», s’inquiète une étudiante en 5e année chinois, à l’ENS. A ce jour, les étudiants de 1ere et 2e année de la faculté des Lettres sont ceux qui souffrent le plus de cette situation. Trois de leurs quatre enseignants sont déjà partis. Il s’agit de Li Ningning, Chenz ZI et Zhang Xinyue.
Seul Monsieur Qin Bofang est resté en poste. «Nous sommes abandonnés à nous-mêmes. Nous ne savons pas si nous pourrons achever cette année académique. Nous avons quelques inquiétudes par rapport aux cours à travers skype. C’est une nouvelle technologie que nous n’avons jamais utilisée. Pourrons-nous bien comprendre le cours à travers cette méthode
comme si nous étions en face d’un enseignant ? Telle est notre inquiétude», affirme un étudiant de 1ere année chinois à la faculté des Lettres. Pour le recteur, il n’y a pas d’inquiétude à se faire, car des dispositions sont prises pour que les cours continuent avec le système de formation à distance.
«Nous avons convenu avec les Chinois qu’ils doivent continuer les cours à travers la formation à distance par skype ou vidéo-conférence. Nous avons commencé les tests le 30 mars dernier. Pour le problème des délestages, l’Ecole normale supérieure va se doter d’un groupe électrogène. Tout sera mis en oeuvre pour que les étudiants continuent leurs études à travers cette méthode de formation à distance », rassure le Pr Edward Oben Ako.
Un enseignant d’informatique à l’UMA pose toutefois un bémol sur l’optimisme du recteur. Il relève que l’Université ne dispose pour le moment pas du matériel adéquat et des salles appropriées pour répondre aux exigences des technologies numériques à l’instar d’une connexion haut débit.
«Si le problème de groupe électrogène est résolu à l’ENS parce qu’elle a les moyens, qu’en est-il de la faculté des Lettres qui n’a pas assez de ressources financières ? Qu’en sera-t-il de ses étudiants en Chinois ?», susurre un personnel de la faculté des Lettres et sciences humaines. Relevons que l’université de Maroua est la seule au Cameroun et même en Afrique centrale, à dispenser des formations diplômantes en chinois.
Cette langue y est enseignée depuis l’ouverture de l’ENS en 2008 et à la faculté des Lettres et sciences humaines depuis 2013. C’est dans le cadre d’une coopération avec l’Institut Confucius de Yaoundé que dix enseignants chinois avaient été détachés à Maroua pour enseigner la langue et la culture de l’Empire du milieu.
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