AFFAIRE MONIQUE KOUMATEKE : Les médecins refilent la patate chaude aux infirmiers
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Les praticiens réunis en assemblée générale élective le 24 mars 2016 à Yaoundé ont annoncé dans les prochains jours les résultats de leur enquête sur le drame survenu à l’hôpital Laquintinie le 12 mars 2016. Au-delà, ils estiment qu’ils sont les invités surprises dans ce polar inédit.

Voilà des images qui tatouent l’horreur sur la rétine de tout médecin. Voilà des images muettes de l’inimaginable qui se sont télescopées pêle-mêle en un zapping fou au sein de la communauté nationale…Les vidéos qui ont tourné en boucle, la foule dans les rues, la presse hérissée de crayons géants… »

Des phrases d’où émerge un vocabulaire peu fréquent chez le docteur Guy Sandjon. Par son caractère stupéfiant et inédit, le cas Monique Koumateke est venu ternir la bonne humeur du gynécologue brillamment réélu à la tête de l’ONMC quelques minutes plus tôt. Près de deux semaines après les faits, et malgré la réticence du praticien (soutenu par certains de ses collègues réunis en assemblée générale le 24 mars 2016 dans la luxuriante « Maison du médecin » sise au quartier Nkol-Eton à Yaoundé), le sujet a été officiellement abordé par le président de la corporation des médecins exerçant au Cameroun.

Pour la première fois (et sur insistance d’un journaliste de la presse locale), le Dr Guy Sandjon a précisé la position de l’ONMC aux hommes de médias. « En marge de l’enquête policière dans laquelle nous n’intervenons pas, nous avons mis sur pied une commission chargée de faire la lumière sur cette affaire qui a considérablement détruit l’image du médecin au Cameroun », a-t-il lancé avant de dévoiler les noms astreints à la tâche.

La liste comprend : le Pr Joseph Mbédé (ancien ministre de la Santé publique et pédiatre émérite), le Dr Nelson Fomuluh (vice-président de la Société camerounaise de gynécologie), le Dr Enow (directeur de l’hôpital de Buéa), le Pr Tetanye Ekoé (ancien doyen de la faculté de médecine et sciences biomédicales de l’Université de Yaoundé-I) et un médecin légiste donc le nom n’a pas été révélé.

A en croire le Dr Guy Sandjon, le casting a été fait en fonction de la conscience professionnelle, l’esprit scientifique et le goût pour la vérité constatés chez les concernés. A la question de savoir quand sera bouclée cette « autre enquête », le président de l’ONMC a indiqué que « ce n’est qu’une question de jours ».

Enjeux

Au nom de l’ONMC, le Dr Guy Sandjon a parlé. L’on a surtout remarqué son phrasé courtois (mais extrêmement ferme) qui a imprimé à chacun de ses mots l’assurance qu’ils sont indiscutables. «Quand on sait que la confusion règne à propos du moment et du lieu exacts du décès de dame Koumateke, des précisions médicales s’imposent dans ce polar d’une singulière actualité», a-t-il souligné, s’inspirant de la fronde ouverte par le public devant l’hôpital Laquintinie sur le thème de «la négligence des docteurs».

«En cela, a-t-il prévenu, il n’y aucune intention du gratin médical national de monter au créneau contre certains». A l’ONMC, on suggère tout simplement qu’en matière d’erreur médicale, la contre-expertise occupe une place prépondérante. Bien que considérée comme la reine des preuves, elle est en passe d’être détrônée par les ragots et conjectures pour le cas survenu le 12 mars 2016 à Douala. C’est pourquoi l’ONMC lie sa démarche à«objectiver la collecte de la preuve» aux résultats des enquêtes policières.

Le président réélu de la corporation médicale camerounaise a d’ailleurs insisté les sanctions : «Si au terme de notre enquête le délit de négligence, de non assistance à dame Monique Koumateké apparaît avéré, l’Ordre prendra ses responsabilités en interne et en marge des autres enquêtes». En clair: la flagrance des fautes des médecins sera validée par les conclusions de l’équipe conduite sur le terrain par Joseph Mbédé.

Réserves

Mais, à écouter certains médecins, cette commission d’enquête est un peu forcée. Parce que les praticiens estiment hors micro que les infirmiers sont probablement les seuls responsables de ce qui est arrivé. Leurs arguments sont adossés sur le fait que à la réception d’un malade, se trouve rarement un médecin. Bien plus, quelquesuns soutiennent qu’après l’interpellation des infirmiers par les forces de l’ordre, l’Ordre national des infirmiers aurait dû faire entendre sa voix, «comme les avocats».

Cette corporation aurait, selon quelques indiscrétions été exclue de la commission d’enquête mise sur pied par l’ONMC. On se souvient qu’à Yaoundé le 08 février 2016, suite au décès du Dr Hélène Ngo Kana, l’ONMC avait rendu public un rapport. Le document révélait alors les nombreuses défaillances des formations médicales où avait été admise la disparue.

«Le diagnostic n’a pas été bien posé et on a procédé à un traitement hasardeux», lançait alors le président de l’ONMC. De façon précise, il était reproché à la formation la prise en charge tardive et légère de la patiente Ce jour-là, le Dr Guy Sandjon martelait que «Si les médecins sont impliqués comme cela semble être le cas, ils vont comparaitre devant le tribunal, c’est-à-dire le Conseil de discipline. Chacun va s’expliquer et nous allons confronter les différentes versions». En l’espace d’un mois, il doit encore se prononcer sur un  cas pareil.

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