Sous la houlette de Kah Walla, Hermine Patricia Ndam, Alice Sadio, les populations sont sorties revendiquer l’accès au précieux liquide.

Surprise hier 22 mars 2016 à Yaoundé. La journée mondiale de l’eau s’est déroulée dans un contexte particulier. Le collectif « Le Cameroun veut l’Eau », sous la houlette de Kah Walla, présidente du Cameroon People’s party (Cpp), qu’accompagnaient Alice Sadio (Présidente de l’Afp), Hermine Patricia Ndam (député de l’Union démocratique camerounais), Aloys Parfait Mvoum (militant du Sdf), a manifesté dans la capitale pour réclamer ce bien vital qu’est l’eau.

On eût dit une improvisation du Cpp, car dès 8 h précises, l’heure convenue pour la marche, le carrefour de la Grande mosquée de Tsinga est encore vide. Toutefois, telle une traînée de poussière, la nouvelle de la marche retentit dans les oreilles. C’est ainsi que les populations arrivent des quatre coins de la ville. Sur les pancartes, on peut lire « L’eau est plus importante que la modification constitutionnelle », « Une journée mondiale sans eau n’a pas de sens », « Nous disons, non ! Laissez la constitution tranquille. Donnez-nous de l’eau ! »

C’est Aloys Parfait Mvoum qui donne le ton : « Nous voulons de l’eau potable dans nos quartiers et villages. Nous sommes fatigués de continuer à souffrir des maladies hydriques, arrêtez vos slogans, donneznous de l’eau ». Des applaudissements à n’en plus finir, qui surchauffent le quartier briqueterie. Puis Kah Walla embrase le coin face aux femmes assises à même le sol tenant des gobelets et seaux sans eaux.

En véritable militante et activiste politique, elle lance à la population rassemblée : « Est-ce que vous voulez une élection anticipée au Cameroun ? » Sans contredit, suivant sa cadence, la foule lui répond : « Nous voulons de l’eau ! Pas d’élection anticipée. » Sous l’égide de Kah Walla, vêtue d’un pantalon et d’une chemisette noirs, d’Alice Sadio et, plus tard, d’Hermine Patricia Ndam, la marche sera conduite jusqu’au premier carrefour situé avant l’ancienne sous-préfecture Tsinga. Sous le regard sympathique des habitants de ce quartier. Une tenancière de call box lance : « Nous voulons aussi de l’électricité ».

Des messages du collectif seront distribués le long du trajet, aux passants : piétons, conducteurs de taxi et automobilistes. Tout se passe en l’absence des forces du maintien de l’ordre. Au premier carrefour situé avant l’ancienne sous-préfecture Tsinga, un véritable plaidoyer est fait. De la lecture de la déclaration faite par Bergeline Domou, militant du Cpp, on apprend qu’« en 2016, plus de 50 % de Camerounais n’ont pas accès à l’eau potable. Je suis un de ces Camerounais. Je vis à Yaoundé, je paye les impôts, je paie des factures, mais mon robinet ne coule pas, je n’ai pas d’eau. Nous voulons plutôt de l’eau ! Nous exigeons que vous laissiez la constitution tranquille. »

Ce sera le même refrain avec Alice Sadio, visiblement choquée en tenant un gobelet jaune sans eau. « Qu’on ne nous embrouille plus le tympan avec des slogans ! Nous nous ne voulons plus nous ravitailler dans les rivières. De par sa position géostratégique, le Cameroun ne peut pas manquer de l’eau, c’est un problème de gouvernance » D’après Hermine Patricia Ndam également, « il n’est pas normal que nous ne puissions pas avoir de l’eau. Je suis député mais je trouve cela inadmissible. C’est pourquoi j’ai accepté de me joindre à un mouvement comme celui-ci. »

Pour elle, les pénuries d’eau se posent, qu’on soit à l’arrière pays ou en ville. « Chaque fois, on nous promet ! Le Cameroun a les moyens pour créer des forages dans chaque quartier », soutient Mme Ndam. Jusqu’à 11h 30, la marche pour l’eau s’est tenue sans heurts ni intervention policière. A la grande surprise des uns et des autres visiblement attentifs à leur arrivée. KahWalla affirme que « des Camerounais meurent pour l’eau. La gouvernance d’un Etat se mérite. Nous disons non à la modification de la constitution. Qu’on nous donne de l’eau ! »

L'eau est un élément primordial de la vie. Elle est non seulement vitale en matière de santé, mais aussi d'emplois, en permettant de subvenir au développement économique, social et humain. La Journée mondiale de l'eau est une journée internationale instituée par l'Organisation des Nations unies. Proposée dans l'Agenda 21 au cours du sommet de Rio en 1992 et adoptée le 22 février 1993 par l'Assemblée générale des Nations unies, elle se célèbre le 22 mars de chaque année avec des thèmes différents. Le thème de l’édition 2016 est : « Eau et emploi ».

Il s'attache à déterminer le rôle joué par l'eau dans la création et le soutien d'emplois de qualité. Dans son message, Ban Kimoon, le secrétaire général de l'Onu, affirme :

« Nous pouvons prendre des mesures audacieuses pour remédier aux inégalités en matière d’accès à l’eau dans le cadre des efforts que nous déployons pour mettre en oeuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030. »