Verbatim : Tumi-Biya, la vérité qui vient d'en face
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L’homme d’église n’a jamais été d’accord avec l’homme politique. Un nouveau pavé dans la mare des appels à la candidature ? Le premier a vu le jour en 1933. Le second est né trois ans avant. 83 ans pour le président Biya, 86 ans pour le cardinal Tumi.

Depuis 82, l’un est toujours aux affaires au plus haut niveau de l’Etat et ne compte pas décrocher en si bon chemin. L’autre a rendu son tablier depuis… le 17novembre 2009 à l'âge de 79 ans. Alors l’homme d’église a décidé d’envoyer un signal fort à l’homme politique. Selon Jeune Afrique, le cardinal Christian Tumi dit « NON » à la candidature de Paul Biya, pour une présidentielle anticipée. Lors des obsèques de sa mère Ya Tumi Catherine La’aka qu’il a célébrées à la cathédrale Sainte Thérèse de Kumbo le samedi 27 juin 2015, Mgr Tumi révélait que « le président Paul Biya a été la première personne à me souhaiter les condoléances. Certains nous considèrent comme des ennemis.

Chaque fois que le président de la République et moi nous rencontrons, nous nous parlons franchement et je lui dis toujours ce que je pense. Même s’il ne tient pas forcément compte de mon avis. Je tiens à le remercier pour sa lettre de condoléances que j’ai reçue par courrier Dhl ».

Le cardinal et le président se sont vus, mais rarement. « Ca fait longtemps… C’était en 1996 je crois, lors de la révision de la Constitution de 1972. Depuis, je lui ai écrit pour lui dire ce que je pensais du pays et qu’à un certain âge, il fallait laisser le pouvoir. Lors de la béatification de Jean-Paul II, il m’a juste dit qu’il avait reçu cette lettre ».

Pas amis mais pas ennemis non plus. Mais le Cardinal Tumi est la dernière personne que le président Biya penserait amener dans ses bagages pour ses eternels courts séjours privés à Genève. En 2011, après la présidentielle issue de la constitution controversée qui fit sauter le verrou sur la limitation des mandats présidentiels, excédé, le cardinal Tumi avait protesté : « Le Cameroun n’est pas un royaume et Paul Biya n'est pas un empereur ! »

Mais opposé à un éventuel soulèvement populaire, le prélat confiera en 2011 déjà à Jeune Afrique : « La violence ne résout rien ! Quand une guerre civile éclate, ce sont souvent les innocents qui meurent avec des enfants sur le dos. Nous préférons continuer comme ça, car ça va changer un jour, cette situation n’est pas permanente ».

Car explique t-il, les Camerounais « ont le choix et d’ailleurs, depuis que Paul Biya est au pouvoir, il y a plus de liberté d’expression que sous la présidence d’Ahmadou Ahidjo, mais c’est vrai que les gens qui sont dans le parti ne peuvent pas critiquer le président car tout le monde a peur ».

Les Camerounais s’intéressent t-ils encore à la politique ? « En 1992 l’opposition avait gagné mais elle n’a pas gouverné, on a changé les chiffres et c’est à partir de ce moment-là que les Camerounais se sont désintéressés de la vie politique ».

Y a-t-il un successeur à Biya ? Répondant à cette question, Tumi dira : « Je ne vois pas qui… Ce que souhaite la conférence épiscopale, c’est une bonne loi électorale pour que n’importe quel Camerounais puisse proposer sa philosophie de vie. Il existe des leaders dans ce pays mais il faut qu’ils prouvent leur valeur et qu’ils puissent s’exprimer sans avoir peur. Même au sein du Rdpc, il y a des personnalités qui ont des compétences politiques mais ils ont peur de perdre leur travail en s’exprimant ». C’était en 2011. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

L’archevêque émérite de Douala, – qui avait renoncé à sa charge en 2009, à l’âge de 75 ans,- appelle aujourd’hui le président Biya, bientôt 34 au pouvoir, à ne pas céder aux appels lancés par quelques caciques de son camp, qui le poussent à manipuler la constitution, pour leur assurer une présence éternelle au sommet de l’Etat.

« Nous avons presque le même âge et à cet âge-là, quelle que soit son endurance ou sa force physique, on est affaibli. Quand on est vieux, on peut être de bon conseil mais on ne peut plus diriger un pays aussi jeune et complexe ».

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